Monsieur Hire (Patrice Leconte)

 



On quitte temporairement le monde des barbus tatoués pour aborder celui plus feutré de Patrice Leconte avec « Monsieur Hire ».

Adapté en 1989 d’une nouvelle de Georges Simenon, « Monsieur Hire » raconte l’histoire d’un tailleur bruxellois, Monsieur Hire (Michel Blanc), qui vit en célibataire endurci dans un petit appartement d’un vieil immeuble avec vue sur cours.

Solitaire et peu sympathique, Monsieur Hire est un « « mal aimé » dans sa résidence et subit régulièrement des médisances ou de petits harcèlements des enfants qu’il punit aussi lorsqu’il le peut.

Son seul plaisir est celui d’espionner sa voisine, Alice (Sandrine Bonnaire) lorsqu’elle se déshabille ou accueille son amant Emile (Luc Thuillier).

Sa vie austère bascule cependant lorsqu’un crime est commis dans son immeuble, une jeune et belle femme, Pierrette Bourgois est assassinée.

Un inspecteur de police (André Wilms) se saisit de l’enquête qui converge au travers d’un réseau de médisances vers Hire.

Il rend visite au célibataire, le questionne, lui rappelle son passé carcéral pour attentat à la pudeur et le confronte avec le témoignage sans succès d’un chauffeur de taxi ayant vu le tueur rentrer dans la résidence.

Peu à peu, Hire se réfugie dans ses fantasmes de voyeur mais Alice finit par le découvrir.

Elle tir ensuite profit de la situation pour prendre contact avec lui.

Le vieux célibataire se montre tout d’abord apeuré puis se prend à espérer plaire réellement à sa voisine.

En réalité, Alice cherche simplement à protéger Emile qui est l’auteur du crime.

Mais Hire se laisse aveugler par ses sentiments, délaissant les prostituées et les compétitions de bowling qu’il remporte généralement.

Il fréquente Alice, lui fait part de ses projets de départ dans sa maison à Lausanne espérant l’y emmener avec lui pour démarrer une nouvelle vie.

Il accompagne même le couple à un match de boxe, touchant Alice tandis qu’Emile, traqué par la police qui le soupçonne s’échappe par une issue de secours.

Alice sait que Hire sait qu’Emile est l’assassin de Pierrette, tout comme l’inspecteur l’a également deviné malgré les apparences trompeuses faisant de lui le parfait coupable.

Elle fait semblant d’accepter de partir avec lui pour Lausanne afin d’échapper à la police mais laisse planté Hire, seul avec sa valise à la gare de Bruxelles. A son retour, l’inspecteur l’attend avec Alice qui a déposé le sac à main de la victime dans son armoire afin de l’accuser.

Pris au piège, Hire tente de s’enfuir par les toits en un geste fou et désespéré, puis chute s’écrasant dans la cour sous les yeux cruels de ses voisins.

Finalement, l’inspecteur trouve une lettre et dans une consigne une nouvelle preuve accusant cette fois ci Emile. Hire l’avait rédigé pensant avoir réussi à fuir avec Alice et accusant Emile pour la protéger…

En conclusion, « Monsieur Hire » est pour moi le plus film le plus triste et sans doute le plus poignant du monde.

Michel Blanc y livre la meilleure interprétation de sa carrière, toute en sobriété, austérité et tourments intérieurs.

L’atmosphère de polar du film, sombre à souhait dans le vieux Bruxelles vous enveloppe pour ne plus vous lâcher.

Ame esseulée et perdue sous des apparences de rigidité maniaque, Hire se jette par amour dans un piège infernal qui le mène à sa perte.

Derrière Michel Blanc, les autres acteurs sont fantastiques, que ce soit Sandrine Bonnaire ou André Wilms remarquables.

Une question me taraude, aujourd’hui dans nos mégalopoles frénétiques, combien y a-t-il au juste de Monsieur Hire ? De black swans des temps modernes ? Cette question fait de Patrice Leconte et de George Simenon des artistes intemporels.

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