Atlas des relations internationales (Pascal Boniface)

 



La Géopolitique est essentielle pour moi pour qui veut comprendre les grandes forces inter-agissant sur le Monde, aussi ai-je lu avec un vif intérêt « Atlas des relations internationales » édition 2020 de Pascal Boniface, le directeur de l'IRIS.

Construit sous la forme de fiche thématiques (historiques, structurelles, grands enjeux, crises, géographie), cet ouvrage passe en revue la quasi totalité des zones mondiales en tentant l'exploit de synthétiser en quelques lignes leurs principales évolutions.

On comprend que la Seconde guerre mondiale constitue un point d'inflexion majeur du Monde moderne en dépossédant les grandes puissances européennes coloniales (Angleterre, France) de leur hégémonie en faveur des États-Unis et de l'URSS pour déclencher les années de la Guerre froide et la polarisation du Monde en deux camps.

Une fois l'URSS écroulé car incapable de soutenir l'effort économique de sa politique, ce fut l'éclatement, les USA devenant hyper dominants mais comme le montrèrent leurs déconvenues militaires (Afghanistan, Irak, Somalie) de plus en plus contestés par d'autres puissances émergentes comme la Chine.

Dans ce monde morcelé et mouvant, les institutions pour la plupart crées sous l'impulsion des USA (ONU, OTAN, OMC, OMS) sont régulièrement critiquées et concurrencées par d'autres organisations (ONG, FMN, terroristes, mafias internationales) capables de s'appuyer sur la mondialisation et les nouvelles technologies.

L'analyse géographique rappelle l'importance de l'Europe dans les relations internationales, même si le manque d'unité de l'UE est souligné, entre domination économique des pays du nord sur des pays du sud plus fragiles et des pays de l'est à la traine et volonté de « cavalier seul » du Royaume-Uni plus intéressé par un partenariat économique exclusif avec les États-Unis.

Il est intéressant de rappeler les atouts de l'Italie et de l'Espagne, respectivement 9ieme et 13ieme économies mondiales.

Impossible de ne pas parler non plus de la Russie, qui après une période de décadence post URSS est revenu au premier plan des relations internationales après que Poutine est rétabli l'ordre et soit décidé à peser sur l'échiquier mondial en utilisant sa puissance militaire et énergétique (gaz).

Pays également controversé, la Turquie a pour elle ses exportations de gaz et sa position stratégique de verrou face aux crises migratoires (Irak, Syrie).

Du coté américain, le virage à 180° qu'à présenté la présidence de Trump est souligné avec une volonté de se recentrer sur les intérêts économiques plutot que sur la coopération internationale.

Pour le reste l'Amérique latine semble toujours minée par les mêmes problématiques (instabilité, corruption, violence, inégalités), le Brésil semblant le plus armé pour continuer sa marche en avant alors que le Mexique semble lui pâtir (à jamais) de l'ombre de son puissant voisin du Nord.

Les Caraïbes ne pèsent sur rien et ne peuvent miser que sur leur potentiel touristique.

Encore plus complexe, la situation en Afrique, bien détaillée, ne montrent que quelques pays parvenant à sortir du cercle vicieux des guerres/dictature/corruption/pauvreté, comme le Rwanda post génocide, l’Éthiopie dopée par les investissements chinois et l'Afrique du Sud malgré de grandes inégalités sociales.

En Asie, L'Inde malgré son gigantisme souffre de la comparaison avec la Chine, puissance montante dont l'influence reste actuellement moins forte que celle de son rival américain, le Japon toujours en proie à une stagnation économique et à sa mise sous tutelle américaine semblant déclassé, tandis que la Corée du Sud reste l'un des pays ayant bâti le plus surprenant développement malgré un voisin agressif et dangereux.

En conclusion, cet « « Atlas des relations internationales » donne un éclairage souvent édifiant des grands courants et zone d'influences mondiales, le trio se détachant étant États-Unis, Chine et Russie.

L'Union européenne tente malgré ses divisions de tirer son épingle du jeu mais des fractures trop importantes semblent exister entre pays du Nord (riches), du Sud (fragiles) et de l'Est (pauvres et soumis à d'autres influences).

Outre l'explication des grands enjeux (sécurité, mondialisation, décolonisation, environnement, droits de l'homme), on appréciera la clarté du propos et les focus sur des régions locales, souvent négligées avec une approche globalisée qui permet de mieux comprendre les difficultés rencontrées.

Un ouvrage passionnant donc à réactualiser fréquemment !

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