Sound of white noise (Anthrax)
Le cap des 10 ans est généralement critique dans une relation.
Il en va de même au sein d’un groupe de rock et à l’orée des années 90, Anthrax change son fusil mitrailleur d’épaule pour virer son chanteur historique « l’indien » Joey Belladonna pour embaucher John Bush qui officiait au sein du groupe de heavy metal Armored Saint.
Le reste du groupe demeure lui inchangé avec Scott Ian/ Dan Spitz aux guitares, Franck Bello à la basse et Charlie Benante à la batterie.
Après 3 ans de tâtonnements, le groupe rebondit pour sortir en 1993 « Sound of white noise ».
Dés l’entrée en matière, « Potters field » on décèle le fort tournant musical pris par le groupe.
Le tempo est plus lent, moins estampillé thrash des années 80, finies donc les folles cavalcades le nez dans le guidon et les vocalises suraiguës d’un chanteur excentrique, place aux riffs massifs et à la voix grave incroyablement puissante de Bush.
Lui succédant, « Only » surprend par son aspect rock mélodique et par son fort potentiel commercial.
Ferment décidé à prendre d’assaut les radios US, Anthrax fait bien les choses, aidé en cela par un chanteur maîtrisant parfaitement son art.
De tube il en est toujours question avec « Room for more », excellent mid tempo heavy rock aux refrains superbement balancés.
On frôle pour moi la perfection dans ces chemins pourtant si larges et empruntés.
Le groupe confirme sur « Packaged rebellion » ses très bonnes dispositions du moment avec un morceau assez calme également mais parfaitement équilibré.
Il n’est plus ici questions de crise d’adolescence, de bastonnade à tout va et de tentative de record de vitesse en mode chien fou mais de musique d’homme matures prêt à assumer leur (force) de l’age.
On ne sent pas venir « Hy pro glo » mais son alternance divine de passages mélodiques et d’autres plus musclés fait à vrai dire des merveilles.
Anthrax injecte ensuite juste ce qu’il faut de rage et puissance pour faire de « Invisible » et de « 1000 points of hate » de redoutables auxiliaires de combat capable de nettoyer implacablement les ailes des armées ennemies.
« Black lodge » voit le groupe s’initier à l’art de la ballade, avec une prestation magique toute en subtilité qui laisse à vrai dire pantois.
Retour des gros riffs qui tachent sur « C11 H17 N2 O2 S Na » dont la grosse force de frappe fait oublier le relatif manque de fluidité.
Brutal et brouillon, « Burst » s’en sort néanmoins par ses refrains punk surmusclés.
Lancinant et lourd avec ses guitares sous accordées « This not an exit » conclut assez laborieusement ce disque pourtant fort en thème.
En conclusion, dans un registre inattendu et nouveau pour Anthrax « Sound of white noise » est un album impressionnant par sa qualité et sa remarquable cohésion d’ensemble.
Inutile de vous attendre ici à de fastidieuses démonstrations de duels et de solo de guitares aériennes, le coté direct et efficace est ici privilégié.
On alors l’impression d’être face à un énorme tank cuirassé des chenilles à la tourelle qui avance inexorablement droit sur vous sans dévier de sa ligne directrice.
L’orientation ici choisie est alors celle d’un heavy rock bien compact, pesant et plus varié que le thrash énergique surapide de la période Belladonna.
Dans un registre radicalement opposé à ce lui de son prédécesseur, John Bush impose son timbre chaud, puissant et grave.
Même si artistiquement réussi, écartelé entre le mouvement Grunge et la frange la plus intégriste des thrahsers hostiles par nature à toute innovation, « Sound of white noise » fut un échec commercial, confirmant le coté « calimero » du groupe à contre temps de son époque durant la majeure partie de sa carrière post années 80.
Il n’en reste pas moins que « Sound of white noise » demeure une référence du heavy costaud et peut être considéré comme le « Black album » des new-yorkais.
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