Diabolus in Musica (Slayer)

 



En 1998 (l’année des champions ?) ,  suite à un album de reprises punk qui avait plutôt dérouté son public, Slayer était attendu au tournant.

Les thrashers californiens sortent alors « Diabolus in Musica » à la pochette de prêtre tueur en série disons le franchement hideuse et au livret truffé d’images chocs à ne pas mettre devant tous les yeux.

Produit par Rick Rubin le producteur fétiche du groupe, l’album débute sous les meilleurs augures par « Bitter peace », un titre rapide, fort, lancé par une longue introduction travaillée et construit sur des refrains puissants et accrocheurs.

On pense à « War ensemble » pour la fluidité, la science de l’agressivité maîtrisée avec un aspect politique en plus.

Plus déroutant, « Death’s head » , recèle un rythme saccadé ou alternent breaks vicieux et courtes flambées de violence.

Cette impression de saccades se poursuit sur « Stain of mind » au rythme moyen, au phrasé haché ou émergent de brèves poussées hautement énergétiques faisant figure de grenades à mains lancées au jugé.

Le groupe ralentit ensuite franchement le rythme avec « Overt ennemy » qui s’englue péniblement pendant les trois quarts de sa durée avant de produire une accélération énergique mais bien tardive durant sa dernière partie.

Slayer poursuit dans un style hardcore inhabituel :  riffs puissants, ultra compacts et plaqués, chant saccadé, pilonnage de batterie mitrailleuse viennent suralimenter « Perversions of pain » nettement plus réussi car contenant quelques passages faussement doucereux rééquilibrant les déchaînements brutaux.

En revanche, « Love to hate » trop linéaire et pataud s’avère franchement pénible à l’écoute et indigne du statut des seigneurs du thrash.

Beaucoup plus doux, « Desire » traduit le coté obsessionnel et trouble d’une passion excessive non avouable.

Musicalement en revanche on est tout juste dans la moyenne que peut produire un groupe du calibre de Slayer.

L’album jusqu’alors assez inégal va alors prendre des meilleurs atours avec une succession de titres forts venant rehausser fortement le niveau.

Groove massif et chaloupé, riffs titanesques et grosse pression sur « In the name of god » annoncent un début ultra massif auquel succède rapidement une fantastique et graduelle montée en puissance culminant sur un déchaînement de violence paroxysmique sur fond de satanisme totalement assumé.

Lui succédant, « Scrum » le bien nommé évoquant une mêlée de football américain est le titre le plus rapide, le plus instinctif et sauvage du disque.

Plus posé « Screaming for the sky »  développe un climat de force tranquille sans trop forcer.

Sensé jouer sur l’alternance des ambiance s’étalant sur plus de six minutes, « Wicked » est en réalité assez plat et ennuyeux.

Slayer trouve tout de même la force de terminer sur une salve puissante, « Point » dont le rythme saccadé, linéaire et poussif évoque encore une fois le style hardcore.

En conclusion, « Diabolus in Musica » est sans doute l’un des albums les moins appréciés de Slayer.

Le style adopté est ici encore une fois en pleine mutation, voulant sans doute plus coller à une certaine modernité de fin de XXiéme siècle en allant défricher sur le terrain du hardcore et de sonorités plus en phase avec leur époque.

Dans cette tentative évolution, Slayer perd en variété et en vitesse d’exécution, plombant sa musique de masse supplémentaire parfois superflue.

Tom Araya calque sa façon de chanter sur le style de musique proposée, plus pauvre et mono dimensionnel qu’à l’accoutumé.

Malgré ses carences, « Diabolus in Musica » reste un album de Slayer avec tout ce que cela comporte d’intensité, de riffs surpuissants, et de titres par instant magistraux même si ces derniers demeurent à mes yeux en minorité ici.

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