Le juge Fayard (Yves Boisset)

 



En 1977, Yves Boisset adapte un fait divers brulant des années 70 en sortant « Le juge Fayard » librement inspiré de l'assassinat mystérieux du juge Renaud à Lyon deux ans auparavant.

Âgé d'une trentaine d'années, Jean-Marie Fayard (Patrick Dewaere) est un jeune juge lyonnais connu pour son intransigeance et ses méthodes musclées qui n'épargnent personne, surtout pas Camus (Jean-Marc Thibaut) un influent directeur local qu'il met en prison suite à des incidents à répétition dans son usine avant que son réseau de relation ne le fasse libérer.

Dé saisi de l’enquête, Fayard tire la pelote d'un braquage de station de service et découvre que Marcheron (Daniel Ivernel) ex-flic véreux, reconverti en directeur d'une entreprise de sécurité, couvre les voyous qui sont membres du SAC organisation de « gros bras » très affiliée à la droite française.

Inquiété par Fayard, Marcheron ne se laisse pas intimider mais est éliminé par plus important que lui.

La découverte de son corps exposé aux yeux de tous dans un chantier et la peur panique de Paulo (Roland Blanche) principal suspect oriente les recherches auprès du chef criminel Simon Pradal (Michel Auclair) dit le Docteur que le Capitaine (Marcel Bozuffi) un ancien de l'OAS reconverti en tueur à gages fait évader par une manœuvre spectaculaire.

Peu après a lieu un braquage de fourgon au lance-roquettes sur ordre de Degueldre (Jean-Marc Bory) le chef régional du SAC qui utilise le réseau des truands pour convoyer l'argent en Suisse et le blanchir via une société écran de BTP.

Tenace, Fayard ignore les menaces sur sa compagne Michèle (Aurore Clément) et tient même tête à sa hiérarchie qui tente de le dissuader. Appuyé par l'inspecteur Marec (Philippe Léotard) policier courageux et intègre comme lui, il interroge Bouvine (François Dyrek) l'un des braqueurs grièvement blessé sur son lit d’hôpital et obtient des aveux peu avant qu'il ne se fasse exécuter.

Une perquisition a alors lieu dans le domaine de Degueldre qui aboutit à l'élimination du Docteur ainsi que du Capitaine ainsi qu'à la saisie de plusieurs pièces compromettantes.

Mais Fayard qui refuse une promotion à Bordeaux, paye cher son jusqu'au-boutiste et se fait assassiner aux cotés de Michèle.

Son principal soutien dans ce difficile combat, le juge Steiner (Jacques Spiesser) supplie le procureur général Arnoux (Jean Bouise pour se voir chargé de l’enquête mais se voit essuyer un refus.

Bouise agit pour protéger l’establishment, comme le montre la scène finale montre les relations de pouvoir entre Degueldre venu financer la rénovation de l'usine Camus...

En conclusion, construit sur un fait divers aussi mystérieux que passionnant, « Le juge Fayard » est un film prenant porté à bout de bras par un Dewaere au sommet de sa jeunesse et de son art. Brillant et pugnace, ce juge se montre beaucoup plus séduisant que le personnage dont Boisset s'est inspiré et on se prend à soutenir ce combat héroïque d'un homme seul (ou presque) face à un système politico-mafieux tout puissant à l'époque.

Dans cette galerie d'excellents acteurs on retiendra Léotard au moins aussi attachant que sa doublure maléfique interprétée par un Bozuffi aux faux airs de Trintignant.

Et lorsqu'on pense que cinquante ans après, le mystère de cette mort reste entier, cela en dit long sur le pouvoir réel de cette milice responsable de beaucoup d'assassinats de juge ou politiciens trop entêtés.

Un très bon polar des années 70 qui mériterait selon moi plus d'exposition.

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