Guerre des Gaules (Jules César)
On connaît Jules César comme l’incarnation du chef de guerre suprême, comme homme politique habile, moins comme écrivain.
Œuvre majeure, la « Guerre des Gaules » regroupe en sept livres les notes de campagne du général César lors de la conquête de la Gaule qui s’étala de –58 av JC à –51 av JC.
Dans un style clair, précis et pragmatique, César raconte année après année les différentes étapes de son entreprise d’annexion des territoires gaulois échappant encore à l'époque à l’Empire romain.
Ce qui frappe d’emblée c’est la multitude des peuples qui composaient la Gaule au VIiéme siècle avant Jésus Christ.
Pour simplifier, César divise la Gaule en trois partie, l’Aquitaine, celle occupée par les Belges et celle occupée par les Celtes.
Certains peuples de ses territoires étaient sous la protection des Romains et leur agression par d’autres clans Gaulois ou étrangers (Germains, Helvètes ) a souvent été à l’origine des conflits qui ont amené César à intervenir militairement puis à dominer ses peuples.
Si on ajoute à cela que certains peuples « amis » des Romains jouaient double jeu et se soulevaient parfois on aura aisément compris la complexité de la situation politique de la Gaule à cette époque.
Le livre premier traite de la répression de l’invasion Helvète d’Orgétorix qui menace les Séquanes et les Héduens, protégés de Rome.
César défait les Helvètes en –58 non sans reconnaître leur grande valeur guerrière.
Dans la foulée il doit défaire le terrible chef germain Arioviste chef des Suèves qui avait la mainmise sur des territoires Séquane et Héduens et menaçait d’attirer dans ses régions d’autres peuples germaniques.
A cette occasion on peut tout à fait déceler la terreur qu’imposaient les peuples germaniques aux Gaulois et le terrible adversaire qu’ils représentaient même pour la puissante armée romaine.
Dans le livre deuxième, César s’attaque au problème des Belges qu’il accuse de conspirer contre Rome.
Les Belges sont décrits par César comme les plus braves des Gaulois et il les soumets peuple après peuple (Suessions, Bellovaques, Nerviens) tout en les épargnant après les avoir vaincus.
Le livre trois consacré à l’année –56, décrit la conquête des peuples Vénètes redoutable marins bordant l’océan atlantique.
Pour arriver à ses fins César doit changer ses stratégies de combat basées sur l’infanterie et l’emporter sur le terrain maritime.
Dans le livre quatre, César retrouve ses ennemis quasi héréditaires les Suèves dont il décrit le physique imposant, les mœurs rudes, guerrière et le système économique basé sur la non possession des terres pour ne pas amollir et corrompre l’âme.
Il traverse le Rhin à l’aide de la fabrication d’un pont montrant tout le génie civil des Romains punit les Sugambres, délivre les alliées Ubiens puis rebrousse assez mystérieusement chemin sans aller jusqu’au bout de l’affrontement avec les Suèves.
César a en effet d’autres plans et se lance dans la difficile conquête de la Bretagne, île difficile d’accès et défendus par des barbares encore inconnus pour lui, les Bretons.
Malgré une victoire obtenue difficilement, César à cours de vivre et dont la flotte est menacée par une tempête est contraint de rebrousser chemin sans pouvoir s’implanter.
Cette première tentative de conquête bretonne s’achève donc sur un semi échec.
César retente sa chance l’année suivante (livre cinq) et va jusqu’à la Tamise pour soumettre le chef Cassivelaunos mais doit revenir en urgence en Gaule pour réprimer la révolte gauloise menée par le charismatique Ambiorix, chef des Eburons.
Encore une fois la conquête de la Bretagne ne peut être menée totalement à terme.
Le livre six voit la description plus détaillée des mœurs Gauloises, de leur système de castes dominés par les chevaliers et les druides savants garant de la religion.
Ce livre relate un nouvel accrochage outre Rhin avec les Suèves et le règlement définitif du cas Ambiorix
Le livre sept, le plus connu est la longue description du combat acharné qui oppose César à Vercingétorix qui parvint à lever une coalition gauloise pour combattre la domination romaine.
César surprend son ennemi en passant les Cévennes en hiver prend Avaricum après un long et difficile siège puis finit par le coincer à Alésia.
La bataille (ou tout du moins son issue en –52 av JC !) connue de tous les petits écoliers français voit la défaite de Vercingétorix malgré l’obtention de renforts venus de toute la Gaule.
Dans cette lutte épique, la victoire romaine semble avoir été obtenue par la qualité de leurs travaux de fortifications qui les rendaient quasi inexpugnables et par l’emploi à bon escient d’une redoutable cavalerie germaine qui mis en déroute les cavaliers gaulois sur lesquels Vercingétorix mettait tous ses espoirs.
Vercingétorix vaincu, c’est toute la Gaule qui capitule et se soumet à son nouveau maître.
Le livre huit écrit postérieurement par Aulus Hirtius raconte les derniers soubresauts des révoltes gauloises notamment celles de Bellovaques jusqu’en –50 avant JC et leur écrasement par César qui voulait par une attitude de dévastation et dure répression ôter durablement tout espoir aux peuples vaincus.
En conclusion, bien que souvent remise en cause par les historiens, la « Guerre des Gaules » est un formidable témoignage historique sur une époque qui en comporte du reste peu.
Soupçonné d’exagération (sur le nombre de ses adversaires) , d’imprécisions sur les lieux des batailles et de libres interprétations destinée à le mettre en valeur, Jules César n’a pourtant pas foncièrement dénaturé la réalité.
La description des peuples qu’il a pu rencontrer ou observer est une véritable mine d’or surtout pour l’étude des populations Gauloises dont il respecte l’inventivité, l’intelligence et les capacités de mimétisme dans l’art de la guerre mais dont il déplore l’impulsivité.
Lors des conflits, mis à part lors d’attaque surprises ou d’embuscades traitresses, la supériorité romaine paraît évidente.
Elle se fonde bien entendu sur la discipline de fer imposée aux légions par les immenses capacités techniques des romains que ce soit dans la mise en œuvre de fortifications, de machines de guerres (mantelets, scorpions, béliers, tours d’assauts) , de ponts incroyables comme pour franchir le Rhin, mais également par les grandes qualités de meneur d’hommes et de clairvoyance de Jules César qui savait reporter une bataille pour avoir le terrain le plus favorable ou galvaniser ses troupes par des discours enflammés ou en se portant lui même aux avants postes.
Mis à part cet immense et précieux matériau historique narrant comment notre pays de clans barbares a été civilisé et assimilé par la force par une nation plus puissante et plus brillante, le style de Jules César ne m’a pas spécialement charmé ou bouleversé.
Au final, les deux civilisations ont fini par se mêler à tel point qu’on pare aujourd’hui de culture gallo-romaine ce qui prouve qu’avec les siècles une colonisation menée par la force a toutes les chances d’aboutir à une fusion lorsque les cultures en présence présentent suffisamment de points d’achoppement.
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