Bowling for Columbine (Michael Moore)

 



Sorti en 2002, « Bowling for Columbine » constitue le premier film de Michael Moore à accéder à une notoriété internationale avec des récompenses notables au festival de Cannes.

Journaliste et réalisateur, Moore décide de mener une enquête pour comprendre comment Eric Harris et Dylan Klebold, deux adolescents presque « comme les autres » d'une petite ville du Colorado ont pu froidement assassiner douze de leurs camarades de classe et un professeur avant de se donner la mort.

Originaire du Michigan, Moore démontre tout d'abord avec une facilité déconcertante comment il est possible dans cet état comme dans la plupart de ceux des États-Unis d'Amérique d'acquérir une arme, comme par exemple en ouvrant un compte dans un banque.

Sans examen sérieux de ses antécédents, notamment psychiatriques, il ressort avec un fusil de la banque et se procure avec la même facilité des munitions dans n'importe quel supermarché.

Puis Moore va questionner les membres de milices, en quête de respectabilité après le massacre. Mais malgré leurs tentatives pour lisser leur image en se présentant comme des citoyens responsables animés d'intentions pacifiques, le malaise s'installe.

Se réfugiant derrière le second amendement, les miliciens justifient le droit de posséder à un arsenal par le devoir un peu flou de « protéger leur famille ». Derrière le comportement d’extrémistes fous de la gâchette, se dresse l'ombre de la NRA, la puissante organisation du lobby pro-armes américain.

Moore pousse plus loin son analyse, tentant d'analyser la société américaine.

Certes, Eric et Dylan étaient des jeunes paumés, étant passé à l'acte par manque de perspectives et sans doute minés par des problèmes de manque d'estime personnelle, mais il apparaît que la violence est profondément enraciné dans la mentalité nord-américaine.

Ceci se manifeste par la propension du gouvernement américain soutenant les grands industriels de l'armement comme Lokheed Martin à mener des guerres à l'étranger pour résoudre des conflits, mais également à une habitude pour la majorité des citoyens de recourir à la violence plutot qu'à une recherche de compromis.

Moore accuse frontalement l ainsi les grands média de propager la peur, notamment vis-à-vis des hommes noirs représentés comme meurtriers pour des raisons racistes évidentes.

Cette peur finit par infiltrer toutes les pores de la société, car le Canada pays pourtant autant porté sur les armes que les USA enregistre un taux d'homicide ridiculement faible en comparaison.

Interrogé sur son influence prétendue néfaste sur Eric et Dylan, le chanteur de métal extrême Marylin Manson se défend en expliquant qu'il est plus commode de le désigner comme bouc émissaire plutot que de regarder les causes profondes notamment politiques, économiques et sociales ayant mené au massacre.

Après avoir fait pression avec deux survivants du massacre, sur la direction de K-mart pour qu'elle retire à la vente ses munitions, le documentaire culmine enfin par l'interview de Charlton Heston, star hollywoodienne ayant mis son aura au service de la NRA. Recevant Moore dans sa luxueuse propriété de Berverly Hills, Heston est mis en difficulté par l'argumentaire de Moore qui évacue les raisons historiques et migratoires expliquant les tueries et finit par quitter la pièce lorsque le journaliste lui demande pourquoi avoir tenu des meetings de la NRA après les tueries.

En conclusion, « Bowling for Columbine » est un chef-d’œuvre au succès largement mérité.

Armé de sa caméra et de sa détermination, Moore tente de comprendre avec intelligence ce qui pousse ses concitoyens à s'entre-tuer.

Malgré la dénégations des milices et la propagande de la NRA, la démonstration de Moore se révèle implacable et établi comme causes principales outre les inégalités sources de violences, le trop grand laxisme sur la circulation des armes et les médias diffuseurs d'une ambiance de peur, notamment vis-à-vis des « minorités » notamment afro-américaines.

L'émotion est bien entendu présente mais le sommet du documentaire constitue le face-à-face de Charlon Heston âgé de près de 80 ans à l'époque mais encore assez en forme.

Malheureusement comme le montrent les tueries régulières survenant aux États-Unis, la NRA soutenus par des politiciens largement « sponsorisés » semble toujours plus de vingt-ans après ce film courageux, avoir toujours la main-mise sur le pays. Pour le plus grand malheur des Américains !

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