Les grandes énigmes criminelles de France (Gisèle Vigouroux, Jean-Michel Cosson)

 



« Les grandes énigmes criminelles de France » est un ouvrage de Gisèle Vigouroux et de Jean-Michel Cosson qui trainait depuis de nombreuses années dans ma bibliothèque avant que je me décide à enfin le lire.

Cet imposant ouvrage de spécialistes sorti en 2012 propose de passer en revues les affaires criminelles les plus étranges et surtout non résolues de l’Histoire de France.

Dans l’ordre chronologique on découvre au XVIIIème siècle l’assassinat inexpliqué du surdoué du violon Jean-Marie Leclair dans les bas-fonds de Paris, le suicide suspect du poète maudit Gérard de Nerval qui avait l’esprit déjà passablement altéré, le faux accident de Zola, probablement assassiné pour raisons politiques en simulant une asphyxie, le suicide suspect en prison du Vicomte de Choiseul-Praslin par peur du scandale de son procès imminent pour le meurtre de sa femme.

Plus sulfureuse est Marguerite Steinheil, connue pour avoir provoqué la mort de son amant le président Edgar Faure au début du XXieme siècle avant qu’on découvre que beaucoup d’autres personnes mortes dans l’entourage de Steinheil à commencer par son mari et sa mère.

On croit découvrir un personnage de roman en lisant les récits du bandit appelé le Masque rouge qui au milieu des années 40 détroussait ou tuait les paysans sur les chemins de l’Aveyron et disparaissait dans les bois.

Les affaires troubles se multiplient : meurtre d'une enfant dans le Rhône par un apprenti boucher au profil de coupable, grosse méprise des services secrets français qui assassinèrent un couple en 1961 en simulant un accident de la route près de Fréjus, un notaire Pierre Leroy suspecté du meurtre d’une ouvrière de Pas-de-Calais en 1972 qui provoque la colère sociale des ouvriers, une famille les Ménichaud volatilisée à tout jamais près de Cognac la même année…

Puis plus exotique, un touriste anglais soupçonné d’avoir assassiné son père dans un camping-car de Provence provoque une crise diplomatique entre la Franc et l’Angleterre.

Héroïque et fou, le jusqu’au boutisme de la famille Portal pour défendre son domaine criblé de dettes de Tarn-et-Garonne…

On prend une autre envergure avec les assassinats de juges et d’hommes politiques : Renaud à Lyon en 1975 qui avait mis à nu des liens entre le grand banditisme et les politiciens via le SAC, Borrel à Djibouti face à aux méandres de la corruption et de la politique de cet état stratégique pour la France, ainsi que du trop intègre Robert Boulin lui aussi s’étant trouvé confronté aux mêmes sujets…mortels.

Des destins similaires à ceux de petits tyrans locaux du sud tel l’affreux Christian Poucet, ou de René Lucet directeur de la CPAM de Marseille probablement liquidés en raison de leurs liaisons dangereuses avec le crime organisé.

Des personnalités atypiques et dérangeantes comme le militant communiste Henri Curiel ou le prêtre homosexuel Joseph Doucé également victimes de leurs activités ou plus poignante la quête d’un syndicaliste influent pour retrouver l’assassin mystérieux de sa fille Isabelle Fisch dans une forêt d’Alsace.

L’horreur des meurtriers d’enfants en Isère pendant 16 ans dans les années 80 ou de l’Ile-de-France sur près d’une décennie, le tragique assassinat de Grégory Villemin sur fond de drame familial…

Obscur et terrifiant par son coté inexpliqué, l’assassinat des époux Naudet en pleine forêt de Fontainebleau en 1988 avec de vagues soupçons sur un étudiant marginal, comme l’a été Fabrice A, ex ingénieur accusé du meurtre d’un berger des Alpes-de-Haute-Provence en mai 2000…

Insupportable, l’affaire du dépeceur de Perpignan qui enlevait, violait, tuait et découpait des femmes à la gare sans jamais avoir pu être formellement confondu.

Étrange et presque exotique, la cavale maritime du docteur Godard se soldant par sa mort ainsi que celle de ses enfants sur fond de fraude fiscale.

L’ouvrage se clôt par le double meurtre d’un couple de femme homosexuelles avec comme principale singularité la présence de la fille de l’acteur Roland Giraud parmi les victimes probablement exécutée par le tueur Jean-Pierre Treiber en 2004.

En conclusion, « Les grandes énigmes criminelles de France » constitue une macabre litanie d’affaires dont certaines très médiatiques ont déjà été traitées par « Faites entrer l’accusé » pour un résultat souvent aussi énigmatique et frustrant.

Difficile de retenir de grande leçons de cet amoncellement, si ce n’est que plus souvent qu’on ne le croit les crimes restent impunis fautes de preuves ou d’aveux tenant devant un tribunal.

Alors lorsque les principaux accusés que pourtant tout un faisceau de preuves accablent s’en tirent par chance ou par la maestria d’un avocat de la trempe de Dupont Moretti, les familles restent seules avec leur douleur et leurs fantômes…

Si certains juges, présidents d’associations commerçantes ou syndicales ou hommes politiques semblent avoir en quelque sorte péri de manière « logique » en s’approchant de trop près de milieux toxiques mêlant criminalité et politique, le sentiment d’horreur pure est décuplé lorsque se sont d’innocentes victimes enfants, étudiantes ou personnes âgées dont la vie a brutalement basculé en ayant simplement croisé la route de prédateurs dont la folie demeure impossible à contrôler par la société.

C’est peut être ce qui rend cet ouvrage sur la forme un peu disparate et confus au final si fascinant sur le fond car mettant à nue la fragilité de l’existence humaine.

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