Récits B (Frédéric Ciriez)

 



Sorti en 2021, « Récits B » est un recueil de treize nouvelles de Frédéric Ciriez.

On débute par « Locomotif » champêtre parcours à pied le long de la voie ferrée entre Paimpol à Pontrieux dans lequel l'auteur se laisse aller à un dialogue imaginaire avec Robert Smith, le chanteur de The Cure.

Après « Bas de casse » hommage à un excentrique ouvrier de l'imprimerie royale du XIXieme siècle devenu pamphlétaire virulent et pionnier de la littérature expérimentale, le rock revient mais cette fois sous sa forme la plus extrême dans «Ou est Satan ? » délire algérois sous fond de films d'horreurs et de black-métal.

Un peut longuet, le poétique hommage aux rond-points de « Rond-point à l'anglaise » cède la place à l'intense « Femmes fumigènes » dédié aux supporters et supportrices fanatiques du club de football de Manchester.

« Un français dans l'espace » est un peu la prolongation algérienne de « Ou est Satan ? » mais sous un format plus anecdotique et convenu tandis que « Or comme ordure » narrant l'expérience d'un photographe canadien en reportage dans la ville de Saint-Brieuc pour mettre en valeur sa qualité de centre de traitement renommé des déchets se montre bien plus inventif, drôle et décalé.

« Damien » le portrait d'un écrivain semi ratée terminant sa vie par un suicide émeut, tandis que les deux nouvelles la parisienne « 21 janvier dans le 75 » et puis la bretonne « 30 avril dans le 22 » confirment le goût de Ciriez pour l’anecdote décapante et l'onirisme.

Coincé entre une pièce de théâtre sur fond de racisme (« L'église des dunes » ) et un road trip étrange (« Le virage éternel ») on découvre un pur moment de tendresse pour les prostituées de la rue du Faubourg Saint-Denis dans « L'équipement de la pensée ».

En conclusion, comme tout recueil de nouvelles qui se respecte, « Récits B » est inégal et au global plutot moyen avec comme cadre principaux se Bretagne natale (passionnément), Paris (beaucoup) et Alger (un peu).

Le style unique et assez inclassable de Ciriez est bien présent, avec ce mélange de précision, d'excentricité, de poésie et d'humour.

Parfois cela fonctionne, même lorsque comme moi on déteste l'ambiance du football et de ses supporters éméchés, parfois on ne parvient pas à suivre l'auteur dans ses délires tortueux.

« 30 avril dans le 22 » est sans nul doute la nouvelle disposant du plus de potentiel avec ses histoires de revenants, mais sa chute en amoindrit pourtant l'impact.

Un recueil décalé qui ne touche donc pas sa cible à tous les coups.

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