Crépuscule des idoles (Friedrich Nietzsche)

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Suite logique de « Ainsi parlait Zarathoustra » , Le « crépuscule des idoles » est publié par Friedrich Nietzsche en 1888.

Cet ouvrage conséquent divisé en onze partie de tailles et formes hétérogènes a l’avantage de se présenter sous une forme plus classique que l’elliptique « Ainsi parlait Zarathoustra ».

Les mauvaises langues diront que ce que Nietzsche gagne en clarté il le perd en style mais j’estime que la clarté est tout même une qualité essentielle pour un philosophe.

Nietzsche n’a pourtant pas changé sa conception de guerre philosophique et « Le crépuscule des idoles » consiste majoritairement dans le renversement des principaux systèmes qui l’ont précédés et qu’il juge responsable de la décadence de l’humanité.

Au premier range de ceux-ci on trouve le système Socratique, que Nietzsche condamne pour avoir érigé la sagesse en valeur première au mépris des forces vitales de l’homme et de fait d’avoir nivelé l’humanité par le bas.

Nietzsche poursuit sa critique contre les philosophes grecs avec leur recherches des causes et des effets qui a aboutit invariablement à la recherche d’une cause première supérieure principe premier ordonnateur de toutes choses voir d’un monde parfait irréel et complètement fabulé.

Seul l’obscur Héraclite et ses théorie du mouvement permanent, du devenir et du monde apparent seul existant trouve grâce à ses yeux.

Puis vient logiquement la critique de la morale qu’elle soit chrétienne ou philosophique, jugée responsable d’actes contre nature à l’encontre des passions humaines.

Pour le philosophe, ces philosophies rationaliste ou religions moralistes n’ont que des fonctions de calmant psychologique pour l’homme désireux de se raccrocher à quelque chose.

La faux libre arbitre qui lui est gracieusement accordé n’est en réalité destiné qu’à mieux le châtier de ses erreurs ou de ses péchés.

L’homme ainsi contrôlé et amputé, perd ses instincts et entre dans la décadence.

S’ensuit une vive critique contre les Allemands et leur système éducatif abêtissant que Nietzsche semble mépriser à quelques exceptions prêts (Wagner, Goethe, Heine, Hegel, Schopenhauer).

Le philosophe fait preuve d’une rare méchanceté à l’encontre d’auteurs pourtant réputés comme Kant, Rousseau, Hugo, Zola, Dante ou Sand.

Au regard des vertus chrétiennes et moralistes, de la liberté et de la démocratie, Nietzsche érige la volonté de puissance, les passions, la force et  l’égoïsme de l’homme comme puissant moteur de sa nature profonde.

Son système démocratique et anti socialiste car profondément inégalitaire favorise les forts, les génies, les hommes d’exception, ceux qui brisent les règles avec audace, renversent les obstacles pour pleinement se réaliser et vivre leur vie comme Jules César ou Napoléon.

A ce titre le criminel est largement excusé voir encouragé.

Nietzsche rend tout de même hommage à certains anciens, quelques français (Fontenelle) , les grecs Thucydide et Horace trouvent grâce à ses yeux.

Il termine en comparant sa philosophie à une œuvre Dionysiaque ou l’homme surpasse ses inhibitions pour se réaliser totalement dans une ode à la vie éternelle exaltant ses désirs (puissance, domination, sexualité …).

En conclusion, Le « crépuscule des idoles » est une œuvre d’une puissance inouïe.

Plus accessible que les délires souvent mystiques de « Ainsi parlait Zarathoustra » elle pose de manière claire et virulente la philosophie du maitre allemand.

On est frappé par l’énergie de Nietzsche pour produire cette philosophie iconoclaste et dangereuse qu’il imagine briser à coups de marteaux les symboles religieux ou philosophiques du passé.

Même si je n’adhère pas à ses idées subversives, préférant la voie du milieu des philosophes grecs, je n’ai pu m’empêcher d’admirer le coté brillant, décalé et rebelle de cet homme unique à l’égo et l’intelligence démesurés.

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