Los bastardos (Amat Escalante)
Changement de cadre avec « Los bastardos » film mexicain d’Amat Escalante.
Sorti en 2009, « Los bastardos » montre le vie de deux émigrés mexicains de Los Angeles, Jesus (Jesus Moises Rodriguez) et Fausto (Ruben Sosa) qui chaque matin attendent avec des dizaines de leurs collègues pour qu’une entreprise les embauche pour un travail payé à l’heure.
Sous un soleil de plomb, les hommes parlent pendant plusieurs heures pour tromper leur ennui, racontant leurs infortunes avant qu’un entrepreneur (Kenny Johnston) ne passe pour prendre six ouvriers pour des travaux de terrassement.
Le travail consiste à déblayer un terrain et à creuser une tranchée pour dix dollars de l’heure.
Après avoir été payés, l’entrepreneur refuse de raccompagner les ouvriers comme il s’était engagé, ce qui fait monter la tension.
Les hommes sont finalement ramenés dans le centre ville, puis Jesus et Fausto qui se rendent dans un parc sont pris pour cible de blagues racistes par des jeunes américains.
Jesus raisonne son ami plus jeune qui cherche à en découdre puis récupère avec lui un fusil à pompe.
Les deux Mexicains reviennent ensuite et entourent de manière menaçante un des jeunes américains resté ivre dormir sur un banc.
Après une coupure, l’histoire bascule sur Karen (Nina Zavarin), une quadragénaire fatiguée en proie à des difficultés avec son jeune fils Trevor (Trevor Glen Campbell), qui s’entoure de mutisme et de musique techno.
On devine une séparation douloureuse avec le père, John, sans toutefois en comprendre l’origine.
Alors que Karen fume de la drogue pour oublier son mal être, Jesus et Fausto pénètrent chez elle pour la cambrioler.
Il la trouve assoupie devant la télévision, la braquent et s’installent chez elle, l’obligeant à leur faire à manger, à nager dans la piscine et à avoir des rapports sexuels sans pénétration.
Karen sait qu’elle va mourir et pensant que John les envoie, leur propose plus d’argent pour sauver sa vie.
Elle se heurte en retour au silence butée des deux hommes qui se droguent avec elle pour rendre l’attente plus supportable.
Après que Karen ait tenté maladroitement de saisir le fusil laissé sur la table, elle est tuée par Fausto qui lui fait exploser le visage.
Lorsque les deux homme se lavent dans la salle de bain pour effacer le sang, ils sont surpris par Trevor qui de rage, saisit l’arme et tue Jesus.
Lorsque l’arme s’enraye, Fausto parvient à s’échapper en courant et reprend sa vie d’ouvrier travaillant dans de durs labeurs agricoles.
En conclusion, « Los bastardos » est un film court mais pesant et d’une lenteur éprouvante.
On suit la dérive des deux ouvriers tout en comprenant que le réalisateur justifie leur basculement dans la violence par leur situation économique fragile et les quelques vexations qu’ils subissent de la part des américains.
Cette revanche s’exercera donc sur la classe moyenne blanche, qui semble cristalliser avec toute son opulence (pavillon, jardinet, piscine) tout qui oppresserait les malheureux immigrés.
Même si Escalante nuance son propos en montrant que la femme appartenant à cette classe, une mère célibataire semble particulièrement malheureuse et si le résultat de l’acte criminel aboutit à la mort ou à une régression encore pire pour le survivant, le propose reste à proprement parler particulièrement nauséabond.
Expliquer sans justifier, tel semble avoir été l’exercice délicat tenté par Escalante avec un résultat ambigu et prêtant à confusion.
Outre le propos sensible actuellement avec la crise des migrants se ruant vers les pays développé pour fuir la guerre et la misère, et sans doute retrouver une autre forme de misère et d’ostracisme, « Los bastardos » épuise par sa mise en scène sous tranquillisants, la lourdeur de son climat et le hiératisme des acteurs.
A éviter donc pour moi aussi bien sur le fond que la forme quoi qu’en disent les critiques !
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