Fatal (Michael Youn)

  


Devenu ultra populaire au début des années 2000 à la faveur d’une émission matinale faite dans un esprit « radio libre », Michael Youn capitalise sur son succès pour devenir acteur et réalisateur pour la première fois avec « Fatal ». Sorti en 2010, « Fatal » raconte la descente aux enfers de Fatal bazooka (Michael Youn) gangsta rap bling bling à la française, qui concurrencé par l’arrivée d’un rival nommé Chris Prolls (Stéphane Rousseau), adepte d’un courant électro-bio, se voulant proche de la nature, va perdre peu à peu son crédit. Vivant dans la démesure dans une maison digne de Hugues Hefner, conduisant des pick ups surélevés, Fatal qui a construit son succès sur une musique vulgaire, beauf et misogyne a du mal à mettre son égo de coté et tombe grossièrement dans les pièges que lui tend Prolls. Une première fois ridiculisé dans une pathétique tentative de communication autour d’un enfant bulle, Fatal perd définitivement la face lors d’une soirée récompensant les meilleurs musiciens de l’année ou Prolls rafle tous les prix, révèle ses origines savoyardes et non du ghetto, ce qui le met en rage et le pousse à venir s’exhiber nu sur scène. Lorsqu’il se réveille après un coma éthylique, Fatal apprend que son manager Tony Tarba (Jean Benguigui) le licencie, que sa compagne potiche Athéna Novotel (Isabelle Funaro) sosie de Parie Hilton, le quitte et ainsi que ses amis les plus proches son manager Bruce Keita (Fabrice Eboué), son ingénieur du son Pedro Summer (Vincent Desagnat) et son garde du corps à la sexualité trouble Hervé Willard (Jérôme Le banner l’ex champion de kickboxing). Ruiné et brisé, il est expulsé de chez lui et erre seul dans les rues, se clochardisant. Après une ultime tentative de publicité pour les canapés qui avorte, Fatal quitte la ville, retournant en auto stop dans sa Savoie natale. Sa mère Milka (Catherine Allegret) l’acceuille dans le chalet familial et lui prodigue ses encouragements. Redevenu Robert Lafondu, l’ex rappeur retrouve une vie simple dans les montagnes et s’improvise, non sans difficulté berger sous l’œil goguenard de son nouveau beau père chinois Boon Mae (Xiao Sun). Il renoue également avec Heidi (Armelle) son ex amour de jeunesse qui comme sa mère finit par le motiver pour faire ce qu’il fait de mieux : briller ! Regonflé à bloc après avoir récupéré au péril de sa vie une fleur légendaire pour la famille Lafondu sur une montagne gardée par un bouc maléfique, Lafondu retrouve ses trois amis et repart vers la ville après avoir lancé un défi à Kris Prolls. Le match est une battle diffusée en direct et Fatal malgré les nouveaux moyens de son rival qui a au passage raflé la vénale Athéna, finit par dominer son rival avec un son nouveau mélangeant hip hop hargneux et musique savoyarde. Lors de l’ultime face à face, Prolls assène un cri suraigu à Fatal qui réplique par un son plus grave, dite de la fréquence sombre, qui a pour effet de donner aux gens l’envie de déféquer. Prolls doit donc battre en retraite et la salle être évacuée tandis que Fatal triomphe… 

En conclusion, sous des dehors d’une grande bouffonnade ou « Younerie » illustrant l’esprit provocateur et déjanté de son auteur, « Fatal » est un film plutôt habile, équilibré et surtout incroyablement divertissant. Youn se laisse aller à sa folie débridée, critiquant les rappeurs du show business (on pense à Booba), les écolos faux culs et les blondes écervelées de la télé réalité (voir rubrique Paris Hilton). Parfaite synthèse de l’esprit « Morning live » émission que j’ai beaucoup regardé au début des années 2000 lorsque je cherchais un travail, « Fatal » a donc tout pour séduire un public jeune et branché. Le meilleur film de Michael Youn à ce jour ?

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