Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise (Guy Solenn, Alexandre Civico)
Avec « Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise » de Guy Solenn et Alexandre Civico, on tient un de ses best sellers de poche facile à lire et touchant un point sensible à l’heure de la morosité économique, le secteur de l’emploi.
Sorti en 2009, « Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise » se propose en quatre parties de décortiquer les mécanismes de communication permettant à un salarié lambda pas particulièrement compétent de garder son travail voir de grimper dans la hiérarchie.
Attention, le ton emprunte au verbiage des gourous du management pour verser dans un ton humoristique particulièrement caustique.
La première partie vise simplement à communiquer plus efficacement pour se faire son autopromotion en faisant siennes les idées de la Direction (même si elles sont parfaitement nulles et détestables), en ayant recours à l’inflation verbale visant à gonfler voir transformer des activités sommes toutes modestes et rébarbatives en exploits quotidiens.
Il est bien entendu recommandé de s’approprier les succès des autres et de se désolidariser des échecs dans le but de soigner sa communication vers le haut de la pyramide hiérarchique de l’entreprise.
Le mensonge peut être employé avec parcimonie pour atténuer un échec cuisant en raison de sa dangerosité.
On retrouve en souriant le jargon habituelle des boites, « être charrette, » « sous la vague » « challenge » « ASAP » « je reviens vers vous » cette véritable novlangue digne du roman « 1984 » de Georges Orwell qui pollue nos existences.
Le but est de tenir à distance ses rivaux et de continuer à mettre sous pression ses subalternes.
Bien entendu dans cet exercice, la machine à café ou la cantine sont des lieux hautement stratégiques ou manœuvrer à sa guise.
On l’aura compris, l’ouvrage ne voit volontairement que des personnes à contrôler, écarter ou écraser dans l’entreprise et ne considère aucunement le coté humain qui peut surgir.
Le profil type qui revient non sans humour le plus souvent est celui de l’informaticien, personnage décalé de bout de chaine mais omnipotent car capable de réduire à néant toutes vos activités.
Suivent non loin, le stagiaire pistonné je je-m’en-foutiste, le coursier et la secrétaire acariâtre qu’on peut amadouer avec un peu de doigté.
Plus discutable est le chapitre sur le marquage du territoire afin de lutter contre l’uniformisation, la déshumanisation de nos espaces de travail (open space et autres bureaux itinérants) en ayant recours à une organisation stricte mais artificielle visant à imposer sa présence à coups de dossiers, agrafeuses, calculatrices, post its suffisamment évocateurs pour renforcer l’impression de compétence indiscutable qu qui en découle et dissuader une éventuelle annexion de son espace personnel.
On termine par les plus inquiétantes techniques de manipulation en faisant mine de sympathiser avec des rivaux plus jeunes ou plus compétents, pour leur sous tirer des informations compromettantes pouvant être utilisées contre eux le moment venu pour les discréditer.
L’usage des réseaux sociaux peut à ce titre s’avérer particulièrement rentable mais les fréquentations hors du travail par exemple le weekend end également.
Mais la stratégie s’étend jusqu’aux chefs (N+2 mais surtout N+1), avec un questionnaire psychologico-comique permettant de profiler la personne en face de soi en vue de trouver des sujets de conversation avec elle, de gagner ses faveurs ou de la faire couler.
Il est même avancé comment retourner une situation en sa faveur après s’être fait doublé par un rival en gagnant ses faveurs en lui prêtant un semblant d’allégeance.
Une fois arrivé à un poste de chef, on apprend comment siphonner les idées de ses subalternes (via des reportings réguliers ou des travail de groupes) et minimiser leurs mérites auprès de la hiérarchie.
Une technique plus vicieuse consiste à choisir des favoris pour diviser le groupe.
Le cas particulier des Syndicats n’est pas oublié, et tout en concédant leur anachronisme dans ce monde individualiste, leur influence est sous lignée avec de réelles possibilités d’immunité au licenciement en cas d’adhésion massive et d’horaires forcément aménagés par rapport à ses collègues.
Enfin pour terminer, d’autres techniques plus élaborées apprennent comment échapper à une évaluation avant un plan de licenciement ou rebondir après un bouleversement d’organigrammes.
En conclusion, le succès de « Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise » n’est pas une surprise quand on considère l’époque emplie de cynisme et d’individualisme qui nous entoure.
Avec une belle verve et un sens inné de la formule, le duo d’auteurs pousse en la matière le bouchon bien loin et en rajoute en comparant le monde de l’entreprise à un champs de bataille ou il faut tuer pour sa survie.
Difficile de savoir si cette comparaison n’a uniquement trait qu’à une tentative d’humour poussée ou si un fond de vérité subsiste.
En tout cas, « Comment glander au bureau en passant pour un pro et autres techniques de survie en entreprise » propose un véritable arsenal de techniques pour se vendre, grimper les échelons, profiter des autres, éliminer des rivaux, bref devenir la pire des pourritures sans foi ni loi pour accéder à un surplus de petits privilèges matériels symboles aujourd’hui de la réussite dans ce monde corrompu.
Si comme moi, vous êtes rétif à leur emploi, les connaitre vous permettra au moins de ne pas vous faire manipuler et mettre en difficulté lorsque d’autres personnes y auront recours… ce qui après tout n’est peut être pas si inutile.
A réserver donc aux cyniques aux dents longues convaincus que pour réussir le seul moyen est de tuer père et mère…
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