La révolution française, tome 1, le peuple et le roi (Max Gallo)

 4

 revolution_francaise_1.jpg

L’écrivain historien Max Gallo a déjà eu les honneurs de ce blog avec sa série de livres sur les Romains, qui si ils ne permettaient pas de devenir de véritables érudits sur ce vaste domaine, avaient au moins le mérite d’apporter un minima de connaissances.

La démarche adoptée est ici la même avec « La Révolution française, tome 1, le peuple et le roi » premier volet d’une série de deux tomes parus en 2009.

Gallo se concentre ici sur le destin de Louis XVI personnage principal du roman, depuis son ascension prématurée au trône en 1774 à sa mort par guillotine en 1793.

Durant cette période extrêmement intense et mouvementée de l’histoire de France, le mécontentement du peuple va croissant au fur et à mesure que le royaume de France s’enfonce dans une crise économique.

Malgré le succès militaire remportée contre sa vieille rivale anglaise, la France ressort ruinée de son soutien à la guerre d’indépendance des États-Unis.

Face à l’hostilité d’un Parlement désireux de conserver les privilèges de sa caste, Louis XVI apparait trop timoré voir apeuré devant les propositions de réformes en profondeur demandées par ses ministres des finances que ce soit Turgot ou le populaire banquier genevois Necker.

Le jeune roi regarde avec méfiance les idées progressistes des philosophes des lumières comme Voltaire ou Rousseau et recherche l’aide de mentors politiques comme l’expérimenté Maurepas.

Il est incapable de toucher aux privilèges accordés aux aristocrates et au clergé.

De plus, sa femme, la très controversée autrichienne Marie Antoinette apparait comme immature, capricieuse, dépensière et complètement coupée  des réalités.

Au fur et à mesure que le peuple étranglé par les impôts et affamé par le manque de pain se soulève en révoltes spontanées d’une grande violence, la pression s’accroit sur Louis XVI qui est finalement contraint en 1789 d’organiser une périlleuse convocation des états généraux.

Cette convocation aboutit à une prise de pouvoir du Tiers Etat composé de travailleurs, bourgeois et ecclésiastiques modestes qui sous l’impulsion de Mirabeau, la Fayette, de l’abbé Grégoire, Sieyès et Bailly,  prêtent serment de créer une assemblée nationale ayant pour but de former une nouvelle constitution plus égalitaire.

Dés lors, Louis XVI apparait comme sans cesse pris de court par les événements et les décisions de l’Assemblée nationale qui  établit la séparation des pouvoirs et place la Nation au dessus de sa souveraineté.

Même si il use à profusion de son droit de véto pour tenter de bloquer les propositions de réformes de l’Assemblée, Louis XVI est contraint de céder progressivement ses pouvoirs.

Mais la situation économique ne s’améliore pas pour autant et les révoltes populaires attisés par certains agitateurs révolutionnaires des clubs (Jacobins, Cordeliers) se font de plus en plus incontrôlables avec la complicité de gardes nationaux sympathisant comme celle qui aboutit au mois de juillet 1989 à la prise de la Bastille symbole du pouvoir autoritaire monarchique.

Il s’ensuit alors deux événements majeurs, l’abolition des privilèges qui détruit le régime féodal et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui sous l’influence des philosophes des Lumières établit l’égalité des traitement des hommes en droit sur des principes de liberté, égalité et de fraternité constituant le socle de la nation française moderne.

Devenu de plus en plus impopulaire, Louis XVI se réfugie dans ses deux passions, la pratique intensive de la chasse et les travaux manuels comme la serrurerie qu’il exerce en solitaire.

Mais la pression populaire est telle que le roi et sa famille lâchés par leurs soldats sont déportés de Versailles à Paris pour être assignés à résidence.

Sentant enfin poindre une menace sur son intégrité physique, Louis XVI tergiverse mais finit tout de même sous l’impulsion de sa femme par envoyer discrètement des missives aux autres monarchies européennes pour venir l’aider à rétablir militairement son pouvoir.

Sous la peur d’une agression militaire étrangère et d’un retour en force des nobles émigrés, s’instaure alors en France un climat de chasse aux sorcières et une frénésie de violence contre les traitres ou espions présumés.

Les nobles et les prêtres réfractaires sont persécutés et atrocement massacrés avec décapitation, démembrations et exhibitions  publiques des corps martyrisés.

Au sein de l’Assemblée, les courants les plus extrémistes portés par les tribuns Marat, Danton ou Desmoulins prennent le dessus sur ceux des Girondins modérés de Brissot,  et justifient les actes de barbarie commis par le peuple.

Robespierre se caractérise par une position certes virulente mais plus attentiste que ces principaux rivaux politiques.

Dés lors après une tentative de fuite avortée en 1791 et un échec de l‘armée autricho-prussienne de Brunswick pour venir écraser les troupes révolutionnaires dirigées par Dumouriez et Kellerman, Louis XVI se sait à courte échéance condamné.

Son procès a lieu en 1793 et aboutit logiquement à une condamnation à mort pour apaiser le peuple par l’élimination du symbole qu’il représente.

Bien que le roi soit soutenu jusqu’au bout par une poignée de fidèles composés de nobles, de gardes du corps ou de soldats suisses, rien ne peut empêcher la marche de l’histoire et l’exécution par guillotine.

En conclusion, avec « La Révolution française, tome 1, le peuple et le roi », Max Gallo permet de mieux comprendre la succession d’évènements ayant mené au basculement le plus crucial de l’histoire de France avec la destruction de la monarchie et l’établissement d’une société républicaine ou la noblesse et du clergé sont mis sous tutelle.

Bien entendu, grâce au talent de vulgarisateur de Gallo on sent le vent de l’Histoire souffler avec le sentiment qu’un peuple poussé à bout par la faim, la misère et le désespoir, n’a plus rien à perdre et est prêt à toutes les folies pour renverser ses persécuteurs.

Trop inégalitaire, le système féodal ne pouvait perdurer en des temps aussi troublés tandis que les idées progressistes des philosophes des Lumières gagnaient les esprits pour réformer le modèle de la société.

La violence et la barbarie entretenues par un certain fanatisme révolutionnaire de Marat véritable boucher massacreur ressortent également de cette période de manière particulièrement marquante.

Même si Gallo tente d’humaniser Louis XVI en décrivant l’amour sincère qu’il portait à son peuple ou à sa famille, il parait évident que cet homme timide et passif n’avait pas l’étoffe des grands dirigeants et que sa politique économique désastreuse fut grandement responsable du déclenchement des événements menant à sa perte.

La mort de ce souverain laisse donc un pays menacé par l’extérieur et déchiré par l’intérieur en raison des puissantes rivalités entre hommes politiques (Marat, Danton, Robespierre) prêts à tout pour prendre le pouvoir…

Commentaires