Manslaughter (Body count)

 


 

J’avais déjà dans ces colonnes prononcé avec regrets le décès artistique de Body count, groupe culte de fusion rap/heavy metal des années 90, aussi quelle ne fut pas ma surprise de voir Ice-T et sa bande de gangsters resurgir en 2014 avec un nouvel album à la pochette et au titre bien provocateurs « Manslaughter ».

Aux cotés du duo de rescapés Ice-T et Ernie C (guitariste) on trouve le batteur Ill will, le guitariste Juan of the dead, le bassiste Vincent Price et aux samples Sean E Sean.

Se devant de marquer les esprits dès les premières mesures, « Manslaughter » débute par « Talk shit, get shot » morceau brutal et intense aux refrains ultra fédérateurs.

Au-delà de la forme terriblement efficace, le fond se montre également intéressant, Ice-T se faisant menaçant auprès des adeptes du « trash talking » par réseaux sociaux interposés, qui insultent en pensant évoluer dans un monde virtuel sans mesurer les risques physiques de se faire descendre par le groupe en cas de manque de respect.

On pensera très fort aux petites guéguerres entre rappeurs français comme Lafouine et Booba...

Lancé tel une locomotive, Body count enchaine avec « Pray for death » violent et direct puis s’autorise un (pénible) intermède rap en reprenant le « 99 problems BC » du rappeur Jay Z.

Difficile après cela de retrouver son rythme, aussi « Back to rehab » malgré sa grosse puissance de feu, se montre il un peu à la peine et cède il la place à « Manslaughter » qui après une entrée en matière au hardcore paroxysmique, pose le tempo pour placer des refrains dévastateurs.

C’est à présent un groupe affuté et déterminé qui envoie un « Get a job » faisant l’effet d’une tornade irrésistible jusqu’à dépasser les bornes sur « Institutionalized 2014 » reprise hardcore de Suicidal tendencies auquel succède « Pop bubble » duo assez inaudible avec Jamey Jasta des brutes de Hatebreed.

Fort heureusement, les gangsters de Los Angeles changent de calibre avec « Enter the dark » mid tempo lourd au final assez plat que vient électrifier « Bitch in the pit » lorgnant par son intensité vers du Slayer en version classée X.

De sexualité trouble sur fond de magie noire, il est également question sur « Black voodoo sex ».

Mais le meilleur semble avoir été gardé pour la fin avec « Wanna be a gangsta » véritable tube (tardif) ou Ice avertit à coups de refrains ultra fédérateurs, les apprentis gangsters du haut de son expérience dans le domaine, « I will Always you » jolie ballade-hommage aux militaires illuminée par le talent de guitariste d’Ernie C et un remake rock des « 99 problems BC » déjà évoqués précédemment.

En conclusion, à défaut d‘être parfait, « Manslaughter » marque un surprenant retour en force de Body count, qui trouve la force insoupçonnée de renouer avec un rapcore fusion extrêmement corrosif.

Authentique, brutal, vulgaire, excessif et parfois brouillon comme une bagarre de rue, « Manslaughter » est tout cela mais démontre que malgré le poids des ans, Ice-T et sa bande peuvent encore toucher juste et faire (très) mal.

Un disque à recommander, aux fans du timbre inimitable d’Ice "Mothafuckin" T, aux fans de musique brutale, rebelle, imprésentable à vos beaux parents… mais savoir qu’en 2014, des gens comme Body count existaient encore était quelque part réconfortant !

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