Mémoires de nos pères (Clint Eastwood)

 


Retour à plus de classicisme avec « Mémoires de nos pères » de Clint Eastwood.

Sorti en 2006 d‘après un livre de James Bradley et Ron Powers, « Mémoires de nos pères » évoque la première partie de la bataille d’Iwo Jima ou en 1944, les soldats américains luttèrent durement pour prendre cette ile stratégique défendue jusqu’à la mort par les Japonais.

Le réalisateur suit à travers diverses temporalités, l’événement largement médiatisé de l’érection d’un drapeau américain sur le mont Suribachi, au sommet de l’ile, sensé représenté le symbole de l’héroïsme victorieux des Marines.

On suit les trois soldats qui entrerons à la postérité, l’infirmier John Bradley (Ryan Philippe), René Gagnon (Jesse Badford) et l’indien Ira Hayes (Adam Beach) dans leur préparation sommaire puis au cours de l’assaut contre l’ile après un bombardement réduit de l’aviation et de la marine.

Les soldats japonais enterrés pour échapper aux bombardements, attendent en effet de pied fermes les Américains et les cueillent à leur arrivée sur l’ile, déchainant, mitrailleuses et canons embusqués contre eux.

Les pertes sont énormes et les hommes à découvert fauchés brutalement.

Mais sous l’impulsion de sous officiers valeureux comme Mike Strank (Barry Pepper), les Marines continuent d’affluer délogeant leurs ennemis au lance flammes et certaines fois au corps à corps dans leurs trous.

Ils découvrent la détermination des Japonais, qui préfèrent se suicider à la grenade plutôt que de subir le déshonneur d’une capture.

En parallèle de la violence d’un assaut de la Seconde guerre mondiale, Eastwood présente le retour des trois héros aux Etats-Unis, devenus des symboles américains en raison de l’épisode du drapeau.

Mais en réalité, aucun d’entre eux n’a planté le fameux drapeau original et les hommes photographiés sont en réalité tous morts peu après.

La photo trouble certaines familles de disparus comme les Hansen, qui identifie leur fils Hank (Paul Walker) présenté à tort comme Harlon Block (Benjamin Walker).

Soumis à la pression des généraux et des politiques, les trois héros se prêtent à des opérations de propagande visant à récolter des fonds pour poursuivre la guerre.

Ira vit très mal cette situation et se sentant comme un imposteur, se réfugie dans l’alcool provoquant des situations embarrassantes qui oblige les services de communication à le sortir discrètement de la propagande.

Après la fin de la guerre, ils retombent dans l’oubli, Ira finissant dans une vie de misère rongé par l’alcool après avoir voulu parler au père d‘Harlon, tandis que les autres trouveront des petits jobs alimentaires, à l’exception de René qui prospèrera dans une entreprise de pompes funèbres. Sur son lit de mort, il raconte à son fils ses derniers flash backs d’Iwo Jima, la mort de son ami Iggy (James Bell) tué par les Japonais et une curieuse baignade improvisée après le planté du drapeau.

En conclusion, sans être aussi audacieux et avant-gardiste que « Lettres d’Iwo Jima » qui racontera le même évènement vu par les Japonais, « Mémoires de nos pères » est un film brillant, solidement mis en scène dans de grandes scènes de bataille ou la violence, la cruauté et l’injustice des combats ne nous sont pas épargnés.

Eastwood traite efficacement et sobrement son sujet en creusant derrière le mythe américain fabriqué de toutes pièces pour chercher l’humanité de trois jeunes hommes ayant fait de leur mieux pour survivre dans une situation qui les dépassaient.

Un peu trop classique pour être génial « Mémoires de nos pères » reste néanmoins une belle œuvre d'un très grand réalisateur n'ayant pas peur de se frotter à des sujets ambitieux.

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