Generation iron (Vlad Yudin)

 


Sorti en 2013, « Generation iron » est un documentaire sur le culturisme de Vlad Yudin.

Suivant les traces du « Pumping iron » de George Butler, « Génération iron » propose le portrait de plusieurs candidats pour le titre de Mr Olympia.

On suit donc le champion en titre Phil Heath, métis au physique monstrueux habité par une détermination/confiance en soi frisant l’arrogance.

Heath étant désigné comme l’homme à abattre, le dauphin se présente en la personne de Kai Greene, un noir pauvre de Brooklyn, ayant grandi de foyer en foyer, fait un passage par la case prison avant de trouver dans le body building un sens à sa vie et surtout un ardent désir de revanche.

Si Heath est un ancien basketteur pro raté ayant mis sa rage de compétition dans le body building, Greene est une personnalité plus attachante, solitaire, meurtrie et artiste à ses heures en peignant et en faisant des happenings masqués dans le métro.

Derrière cette dualité piaffent d’autres candidats comme le Texan Branch Warren, fermier teigneux de quarante ans, s’entrainant comme un forcené au mépris de ses articulations et d’une méthode réellement structurée, contrairement au jeune Jacob Wilson qui vante les mérites de sa préparation scientifique avec une équipe de médecins/chercheurs à ses cotés.

Coté européen on trouve l’Allemand Dennis Wolf, qui vient aux Etats-Unis pour marcher sur les traces de son idole Arnold Schwarzenegger et peut être devenir acteur comme lui, le Hollandais Roelly Winklar, curieux métis décérébré chaperonné comme un enfant par une femme entraineuse légendaire dans son pays.

Viennent compléter le tableau le Japonais Hidetada Yamagishi grandement handicapé par son 1m65 et Victor Martinez porto ricain sortant de prison, qui sera recalé à l’entrée faute d’entrainement suffisant entre les quatre murs de sa cellule.

Pendant près d’une heure quarante cinq, les hommes exposent leur existence, l’ascèse de l’entrainement, de la nutrition visant à prendre de la masse sans graisse et même les injections de stéroïdes dont les effets sur la santé sont minimisés.

De toute façon comme l’expliquent les coaches, tous les sportifs de haut niveau prennent des produits pour améliorer leurs performances, c’est juste que pour les culturistes c’est plus spectaculaire.

D’autre part, les athlètes connaissent les risques et les acceptent dans leur quête obsessionnelle de reconnaissance.

Puis vient le jour de la compétition à Las Vegas et le jeu des intimidations commence.

Les athlètes prennent des poses, gonflant leurs muscles à les faire exploser pour plaire aux juges.

Malgré leurs efforts, Yamagishi, Winklar et Wilson sont recalés de la finale.

Wolf termine sixième, Branch cinquième malgré une spectaculaire chute de cheval peu avant la compétition.

Le duel final met aux prises Heath et Greene dans un face à face supplémentaire.

A un point près le champion conserve son titre… et exulte.

Amer Greene encaisse la défaite mais le fait d’être passé si près de la consécration le motive pour détrôner son rival la prochaine fois.

En conclusion, « Generation iron » réactualise le « Pumping iron » des années 70 en montrant les avancées des athlètes dont les proportions feraient maintenant passer Schwarzenegger pour fluet.

Gavés de régimes hyper protéinés et de médicaments, les culturistes ressemblent à des cubes de muscles aux veines prêtes à exploser sous la tension.

Obsédés par leurs corps, ils scrutent le moindre défaut et désire muscler chaque partie afin d’atteindre une symétrie parfaite allant de pair avec une masse volumique défiant l’imagination.

A l’origine de tous ces hommes, probablement une blessure intime, une fragilité, qui les poussent à vouloir être reconnus, admirés comme des super héros.

Ce documentaire laisse donc rêveur sur cette quête en apparence absurde consistant à repousser sans cesse les limites du corps humain au péril de sa propre santé et montre des hommes plutôt pathétiques dans l’alimentation d’un égo aussi boursouflé que leurs corps, qui sera par nature périssable et voué à la décadence avec le poids des ans…

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