Macunaima (Joaquin Pedro de Andrade)

 


Plongée dans les vieux films d’auteur Brésiliens avec « Macunaima » de Joaquim Pedro de Andrade.

Adapté en 1970 d‘un roman de Mario de Andrade, « Macunaima » se présente sous la forme d’un conte fantastique dans lequel, Macunaima (Grande Otelo) nait noir dans la foret d’une mère blanche (Paulo José), vivant comme les Indiens de chasse, pêche et cueillette.

Désinvolte et farceur, il fricote très jeune avec Sofara ( Joana Fomm) compagne de son frère Jigue (Milton Gonçalves) et se montre capable de se transformer en Blanc pour la séduire dans la foret.

Lorsque Jigue découvre cette liaison il chasse avec brutalité sa compagne et en prend une nouvelle, plus timide Iquiri (Maria de Rosario Nascimento e Silva).

Une brusque montée du niveau des eaux provoque la disparition du camp et une famine mais Macunaima se montre plus malin que les autres membres de sa famille en cachant des fruits pour survivre.

Après la mort de sa mère, Macunaima devenu blanc pour de bon également sous les traits de Paulo José, décide de se rendre à la ville la plus proche accompagné de Jigue et Maanape (Adolfo Arena).

En chemin des péripéties surviennent comme une rencontre avec le Curupira, créature mythique rousse tentant de dévorer Macunaima après lui avoir fait ingérer une partie de sa jambe capable de parole.

Macunaima arrive finalement à destination à Rio de Janeiro et rencontre Ci (Dina Sfat) une révolutionnaire qui le séduit par son tempérament de guerrière farouche.

Le couple emménage dans un appartement confortable, a un enfant avant que les actions violentes de Ci aboutissent à sa mort et à celle de l’enfant dans l’explosion d’une bombe.

Dévoré par le chagrin, Macunaima décide de s’exiler sur une ile déserte avec le médaillon porte bonheur que lui a donné Ci.

Il se fait abuser par des femmes vénales, qui le ramène à Rio et lui volent son médaillon.

Macunaima est alors pis en charge par Jigue, Manaape et une énorme femme blonde (Wilza Carla) qui le materne.

Lorsqu’il comprend que son médaillon a été récupéré par Wencelsau Pietro Pietra (Jardel Filho), le plus puissant industriel de Rio, un homme énorme et détestable, il décide de consacrer toute son énergie à le récupérer.

Macunaima tente tout pour arriver à ses fins, l’approche directe, le déguisement en veuve mais échoue à chaque fois par maladresse ou par peur.

Après s’être vengé de Wencelsau en le frappant à travers une cérémonie de magie noire macumba, Macunaima profite de l’absence de l’industriel en voyage en Europe pour pénétrer dans sa maison mais se heurte à la folie de sa femme (Myriam Muniz), une matrone cannibale qui manque de le dévorer sur place.

Il s’extirpe de cette situation périlleuse, échappe de peu à un lynchage après avoir exprimé tout haut des opinions de gauche dans une ville étroitement contrôlée par la dictature militaire, échoue à aller en Europe, couche avec Suzy, la petite amie de Jigue en usant d’un stratagème grossier.

Au retour de Wencelsau, Macunaima est capturé et se retrouve dans une des immenses fêtes de l’industriel dont le curieux passe temps consiste à tirer au sort ses invités pour les jeter dans un bassin rempli de créatures voraces les dévorant sur place.

Dans une atmosphère digne des délires des plus corrompus des empereurs de l’Antiquité, Macunaima échappe de justesse à une mort horrible et jette Wencelsau dans le bassin qui se fait manger par ses propres créatures.

Ayant récupéré le précieux médaillon, Macunaima revient dans la foret avec ses deux amis, menant une vie de bohème…avant de trouver la mort, dévoré par Iara (Maria Lucia Dahl) une déesse des ruisseau à l’apparence d’une superbe jeune femme.

En conclusion, « Macunaima » est un fable satirique féroce, remplie d’outrances, de délires et de situations ubuesques dans lequel le héros explore toutes les facettes de la société brésilienne du début des années 70 : mélange des races, liberté de mœurs, dictature militaire, arrogance des grands patrons, le tout enrobé de légendes du folklore indien.

Le résultat amuse bien entendu la plupart du temps ou déroute par sa folie, mais quelle que soit son opinion, on ne peut nier la créativité et l’audace de Pedro de Andrade qui cadre bien avec celle de son époque ou d’un certain Pier Paolo Pasolini.

A réserver cependant aux spectateurs les plus curieux et ouverts d’esprit…

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