Two lovers (James Gray)

 


Grande envie de découvrir le cinéma de James Gray après l’extraordinaire « Little Odessa » aussi est-ce avec un intense plaisir que je me suis rué sur « Two lovers ».

Sorti en 2008, « Two lovers » a pour cadre encore une fois New-York et en particulier le quartier de Brighton beach qui semble hanter le cinéaste.

Leonard Kraditor (Joaquin Phoenix) est un trentenaire vivant encore dans l’appartement de ses parents.

Dépressif et fragile, il végète comme employé dans la buanderie familiale et cultive un vague passe temps pour la photographie.

Ses parents décident de prendre sa vie en main et lui arrangent une rencontre avec Sandra Cohen (Vanessa Shaw) fille de l’homme qui va racheter leur entreprise.

Bien qu’agréable et issue de la communauté juive, Sandra n’attire que peu l’attention du fantasque Joaquin qui lui préfère une voisine rencontrée par hasard, Michelle Rausch (Gwyneth Paltrow).

Fasciné par cette blonde longiligne, Leonard la suit dans la rue, dans le métro et devient celui qu’elle appelle son nouveau meilleur ami.

Leonard sort avec elle, s’amuse en boite de nuit mais découvre la face sombre de la jeune femme, engoncée dans une relation compliquée avec un homme marié et riche, Ronald Battle (Elias Koteas) qui se refuse à quitter sa femme et la fait souffrir.

La soirée en boite est écourtée et les deux amis dialoguent longuement au petit matin en cachette…

Leonard accepte l’idée stupide d’assister à un diner à trois pour se faire une idée de la relation entre Ronald et Michelle.

Tout en temporisant avec ses parents et Sandra très attirée par lui, Leonard se rend au diner dans un restaurant chic de Manhattan avant de laisser le couple partir à l’Opéra.

A son retour, il a couche avec Sandra sans réfléchir et se rue ensuite sur son téléphone pour répondre à Michelle qui lui donne rendez vous sur le toit de leur immeuble pour débriefer sur le diner.

Leonard se montre très direct, casant Ronald pour faire une déclaration d’amour à laquelle Michelle ne peut adhérer.

Blessé et fou de rage, il quitte le toit et se rend à la barmizha du fils Cohen, prenant des photographies pour faire plaisir à la famille.

Alors qu’il donne encore une fois le change, Leonard est appelé par Michelle qui se dit en grande difficulté.

Il plaque tout et l’emmène aux urgences pour découvrir qu’elle a fait une fausse couche.

Ronald arrive le soir, s’excuse mais Michelle l’éconduit sans lui dire la vérité.

Poussée par Leonard, elle finit par mettre un terme à leur relation et a un rapport sexuel intense sur le toit de l’immeuble avec un Leonard transi d’amour.

Privée des revenus de Ronald qui payait une partie de son appartement, Michelle souhaite aller vivre à San Francisco dans un appartement prêtée par une amie, et monte le projet d’aller y vivre avec Leonard, prêt à tout plaquer pour elle, mariage avec Sandra compris.

En catimini, Leonard achète sur Internet deux billets d’avions tout en faisant mine devant ses parents et son beau père, d’accepter d’épouser Sandra et de s’investir dans le réseau de buanderies que les deux familles unifiées souhaitent monter à New-York.

Le soir de Thanksgiving, Leonard donne le change dans un état d’extrême nervosité et se prépare à s’envoler avec sa belle.

Après avoir dit au revoir à sa mère, Ruth (Isabelle Rossellini), qui se doutait de tout, Leonard descend dans la cour de l’immeuble pour se faire planter par Michelle qui renonce in extremis après un volte face de Ronald, qui a quitté femme et enfants pour elle !

Le cœur brisé, Leonard se rend seul sur la plage de Brighton en plein réveillon, jette de rage le diamant qu’il comptait offrir à Michelle, avant une fois l’esprit revenu à froid de se raviser.

Penaud, il revient à la soirée de Thanksgiving avec la bague qu’il compte offrir à Sandra pour leurs fiançailles…

En conclusion, inspiré par Dostoïevski, « Two lovers » est une variation intense et émouvant du triangle amoureux dans lequel se débat un homme perdu et fragile dans le grand New-York.

Pris entre la pression familiale communautaire et un désir personnel fou d‘attirance vers une personne aussi perdue que lui, le personnage principal se trouve écartelé dans une situation en apparence sans issue sinon le drame.

La réalisation sombre, froide est élégante, les acteurs formidables avec en numéro 1, un extraordinaire Joaquin Phoenix, parfait dans son personnage de looser que n’aiment généralement pas voir les américains.

James Gray tient en haleine et emballe à merveille le film, montrant une nouvelle fois l’étendue de son talent.

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