Borsalino (Jacques Deray)

 



Nous abordons à présent un grand classique du cinéma français avec « Borsalino »de Jacques Deray.

Sorti en 1970, « Borsalino » est une adaptation du roman « Bandits à Marseille » d’Eugène Saccomano.

L’histoire se déroule dans le Marseille des années 30, avec comme point de départ la relation entre deux jeunes voyous, le très froid Roch Siffredi (Alain Delon) et François Capella (Jean-Paul Belmondo) qui lui a profité de son séjour en prison pour lui ravir sa compagne la prostituée Lola (Catherine Rouvel).

Après une explication musclée à coups de bourre pifs dans un bar, les deux hommes de force égale sympathisent et décident de s’associer pour se faire une place au sein du milieu marseillais.

Ensemble Siffredi et Capella réalisent quelques coups marquants dans la cité phocéenne comme l’intimidation de poissonnier, les combats de boxe truqués ou le racket de l’avocat véreux Boccace (Julien Guiomar).

Ceci leur permet d’approcher le puissant avocat Rinaldi (Michel Bouquet) qui leur explique les limites à ne pas franchir en raison du partage de la ville entre les deux caïds Marello (Arnoldo Foa) et Poli (André Bollet).

Mais ces mises en gardes ne suffisent pas à tenir à distance longtemps les ambitieux jeunes hommes et Capella ne tarde pas à courtiser Ginette (Nicole Calfan) la propre fille de Poli, ce qui déclenche une réaction d’une grande brutalité.

Passé à tabac, Capella se range à l’avis de son ami d’éliminer Poli.

Après une première tentative ratée et une fusillade sanglante qui laisse Siffredi blessé, le duo se replie à la campagne et revient avec plus d’hommes de mains et des kalachnikov.

Poli et ses hommes sont exécutés ce qui entraine une sévère mise en garde de Marello.

L’affrontement final est retardé par la candidature de Rinaldi proche de Marello à la mairie.

Mais ce fragile statuts quo est brisé par la mort de l’avocat attribué à tort au duo Siffredi-Capella.

En réalité, Rinaldi a été assassiné par le bras droit de Marello, un homme appelé le Danseur (Christian de Tillière).

Après avoir échappé assez miraculeusement aux tueurs de Marello, la sanction est impitoyable pour le Danseur à son tour assassiné.

Siffredi et Capella se rendent ensuite dans la casino du vieux parrain et simulent une prise d’otages pour se couvrir après l’avoir tué.
Dès lors plus rien n’empêche les deux hommes de régner sur Marseille.

Mais Capella comprend que la ville est maintenant trop petite pour eux deux et préfère laisser place nette à son ami avant que le cycle infernal des règlements de compte ne s’enclenche à nouveau.

Pourtant Capella n’ira pas bien loin et meurt fauché d’une rafale de mitrailleuse …

En conclusion, « Borsalino » a toutes les caractéristiques du vieux films d’hommes virils à la Jean-Pierre Melville.

Les deux stars de l’époque cohabitent donc en essayant de trouver un équilibre d’égo assez peu évident bien fragile et parfois bien ridicule comme lors de la peu crédible scène introductive de bagarre dans le bar.

Delon a pour lui sa beauté, son élégance et sa froideur virile, tandis que Belmondo mise sur son audace et sa aisance de sportif.

Dans un Marseille ancienne époque reconstitué et au final relativement peu effrayant, Deray bâtit néanmoins un scénario solide et puissamment structuré.

Bien entendu tout ceci reste très classique et forcément daté en comparaison des films policiers modernes, plus sombres et nerveux.

Mais pour son ampleur, la musique omniprésente de Claude Bolling, son duo de stars et ses quelques seconds rôles savoureux (notamment Michel Bouquet et de Tillière), « Borsalino » demeure à voir au moins une fois dans sa vie.

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