Peur sur la ville (Henri Verneuil)

 



J’ai vu un nombre incalculable de fois « Peur sur la ville » d’Henri Verneuil, qui dans mon enfance me terrorisait par son ambiance inquiétante.

Sorti en 1975, « Peur sur la ville », commence par la mort d’une jeune femme Nora Elmer (Laura Massari), qui traumatisée par une série de coups de téléphones anonymes, fait une crise cardiaque dans une tour de la région parisienne et chute de sa fenêtre.

Cette mort spectaculaire pousse la police à mettre le commissaire Letellier (Jean-Paul Belmondo) et son adjoint Moissac (Jean-Charles Denner) sur l’affaire.

Letellier est un flic athlétique et fort en gueule, ancien de l’antigang muté après un sanglant hold-up à Asnières ou le truand Marucci (Giovanni Cianfriglia) lui a échappé.

Nourri par une vieille revanche contre Marucci, il accepte l’affaire Elmer à contrecœur, mais prend néanmoins contact avec une liste de femmes menacées par des maniaques comme l’infirmière Hélène Grammont (Catherine Morin).

En parallèle, le maniaque se manifeste par téléphone, se proclamant comme Minos, en référence à la Comédie de Dante, et devant à ce titre juger et condamner les femmes de mœurs légères.

Minos lance un curieux défi à la police, annonçant envoyer des photos des parties de son corps à chaque victime exécutée et n’hésitant pas à prendre contact avec la presse.

Désorienté par cette approche psychopathique, Letellier tombe par hasard sur une des victimes de Minos, Germaine Doizon (Rosy Varte), femme d’âge mur que Minos aborde en se faisant passer pour un policer, pour mieux la prendre par surprise.

Une haletante course poursuite s’engage alors sur les toits de Paris, dans la zone des galeries Lafayette, avec échanges de coups de feu et prouesses physiques de notre Bebel national, qui s’escrime à ne pas chuter sur les pentes escarpées.

Minos s’échappe à moto mais perd dans la lutte son œil de verre récupéré par Letellier.

Pris en chasse par le commissaire et Moissac, il est finalement laissé tranquille lorsque Letellier apprend que Carucci a été localisé non loin des Champs Elysées.

La poursuite de Carucci entraine Letellier dans le métro parisien et l’athlétique commissaire finit par tuer son adversaire après avoir crapahuté sur le toit des rames.

De retour au calme, Letellier subit les foudres de sa hiérarchie car Minos en réalité l’ambulancier Valdec (Adalberto Maria Merli), le nargue dans la presse.

Letellier est donc affecté en bougonnant à la surveillance rapprochée d’Hélène Grammont, également soumise au harcèlement de Minos.

Dans l’appartement de la jeune femme une relation de répulsion-séduction se met en marche, malheureusement gâchée par un appel téléphonique d’urgence émanant de l’hôpital, auquel Hélène ne peut se soustraire.

En réalité, Minos tend un piège à Hélène et la tue à l’hôpital.

Ébranlé, Letellier laisse ses muscles au placard et fait marcher sa cervelle, isolant un bruit de fête foraine dans les communications avec Minos, ce qui ne donne malgré tout pas de pistes tangibles.

Un coup du sort vient pourtant aider Boissac et Letellier, lorsque Valdec se présente par bravade au commissariat et trahit une insensibilité à la flamme d’un briquet, révélant ainsi la présence d’un œil de verre.

Se sachant traqué, Minos bascule alors dans l’ultra violence, lançant une grenade sur la devanture d’un cinéma porno et prenant en otage l’actrice principale, Pamela Sweet (Germana Carnacina) ainsi que sa famille dans une tour de Beaugrenelle dans le quinzième arrondissement de Paris.

Après une négociation fantaisiste, Letellier obtient un délai de la part de Minos qui souhaite faire exploser l’appartement et intervient de manière musclée en se faisant hélitreuiller par un hélicoptère, pour fracasser la fenêtre de l’appart et s’engager dans un mano a mano avec le preneur d’otages qu’il finit par gagner non sans lui avoir flanqué une sévère raclée.

En conclusion, « Peur sur la ville » est un film taillé sur mesure à la gloire de Jean-Paul Belmondo qui demeure à la quarantaine fringante tel qu’en lui-même, gouailleur, viril, macho, bagarreur et casse cou.

En dehors des exploits de notre monte en l’air national, « Peur sur la ville » brille par son ambiance de polar inquiétant et urbain dans le Paris des tours des années 70 : La Défense, Beaugrenelle ou du treizième arrondissement.

Relativement méconnu, Maria Merli s’avère fascinant de froide beauté et incarne un des tueurs en série les plus convaincants de l’histoire du cinéma français.

Derrière la star, une pléiade de seconds rôles dont le remarquable Charles Denner tient solidement la baraque …

Plus qu’un polar efficace et musclé, « Peur sur la ville » recèle encore plus de 40 ans après un charme suranné ou plane la musique obsédante d’Enio Morricone.

Tout ceci contribue à faire de ce film un classique du cinéma du polar français !

Commentaires