L’enquête, livres I à IV (Hérodote)

 



Gigantesque pan d’histoire avec « L’enquête, livres I à IV » d’Hérodote.

Rédigés au Viéme siècle avant Jésus Christ, ces ouvrages dégroupés en deux tomes de quatre livres chacun, constituent les premiers témoignages écrits d’histoire et de journalisme connus sur le monde Antique.

Infatigable voyageur à la curiosité insatiable, Hérodote parcourut le monde connu des Grecs de l’Europe à au Moyen Orient, en passant par l’Afrique qu’il réduit à l’Égypte, la Libye et à l’Éthiopie.

Hérodote coucha ensuite par écrit les informations collectées soit par le biais de  témoignages, soit par celui de légendes ou soit par sa propre expérience.

« L’enquête, livres I à IV » décrit principalement la montée en puissance de l’Empire Perse qui sous l’impulsion des grand rois comme Cyrus, Cambyse ou Darius se fit de plus en plus menaçant pour les cités grecques.

Le livre premier s’intéresse aux premiers accrochages entre Grecs et Perses avec en cause cette région d’Asie Mineure appelée Ionie peuplée de colonies hellènes directement convoitées par Cyrus.

Il est surtout question de la prise de pouvoir de toute l’Ionie par Crésus le Lydien roi à la richesse proverbiale, qui par la suite d’un oracle mal interprété se sentit en mesure de défier Cyrus, avec une audace qu’il paya par la chute de son empire et sa capture par le roi des Perses qui l’épargna à la suite d’un épisode quasi légendaire.

Mais l’intérêt principal de ce livre est surtout de narrer l’histoire de Cyrus le Grand qui échappant de peu à une condamnation à mort étant enfant, fut élevé en secret par un bouvier.

Parvenu à l’age adulte il se révolta contre son grand père Astyage, le vainquit et mit les Mèdes jusqu’alors dominants sous l’autorité des Perses.

Sur son élan, le jeune roi vainquit donc Crésus, conquit toute la Ionie et poursuivit par une victoire sur le Assyriens après la prise de Babylone en détournant le cours de l’Euphrate pour pénétrer dans la ville remarquablement fortifiée.

Cette conquête est pour Hérodote l’occasion de décrire la somptueuse et quasi légendaire Babylone ainsi que les mœurs de ses habitants.

Mais Cyrus commit sans doute sa plus lourde erreur en s’attaquant aux Massagètes, redoutable peuple nomade et guerrier, possesseur d’un immense royaume allant des confins de l’Europe de l'Est à l’Asie.

Après avoir commis l’erreur tactique de les affronter sur un terrain défavorable il perdit la vie au cours de cette expédition laissant malgré tout une trace exceptionnelle dans l’histoire.

Le livre second est largement consacré à une description de l’Afrique, et surtout de l’Egypte, de sa géographie particulière, de l’agriculture, de la faune, de la religion, du système administratif, social et des principaux souverains dont le redoutable pharaon conquérant Sésostris qui alla selon Hérodote jusqu’en Europe.

Puis vint le tour des pharaons bâtisseurs comme Chéops, Chéphren et Mycerinos, auteurs de somptueux ouvrages qui provoquèrent l’admiration sincère d’Hérodote.

Ainsi le labyrinthe de Crocodilopolis est jugé insurpassable par l’historien.

Hérodote insiste aussi sur les échanges entre Égyptiens et Grecs qui conduisirent ces derniers à copier le panthéon des dieux égyptiens pour les helléniser.

Le livre troisième est consacré au règne agité de Cambyse qui succéda à Cyrus.

Très cruel, paranoïaque et instable psychiquement, Cambyse conquit l’Égypte, échoua devant l’Éthiopie en raison de son caractère impulsif et négligent et se distingua par un règne sanglant fait de nombreux injustices et meurtres dont celui de son propre frère Smerdis.

Cambyse mourut accidentellement et la Perse fut alors gouvernée par une coalition de mages qui trouvèrent un sosie de Smerdis afin de duper le peuple.

Mais un complot de sept aristocrates perses les démit de leur pouvoir et provoqua l’émergence du nouveau grand roi Darius.

Darius se distingua par une politique de conquête qui le fit régner sur un immense empire divisé en vingt satrapies comportant l’Asie Mineure, l’Égypte, la Libye, la Bactriane, l’Inde et le Moyen Orient composé des Parthes, Cissiens, Assyriens et des Mèdes.

Darius commença ensuite à vouloir intimider les peuples de Grèce en envoyant des émissaires demander leur soumission, prit l’île de Samos, puis mata difficilement une révolte babylonienne par l’emploi d’une ruse et du sacrifice de son ami Zopyre.

Mais une grande partie du livre quatre est consacré à la tentative de prise de la Scythie, dont les peuples de redoutables et féroces guerriers nomades furent les seuls à faire reculer les armées de Darius.

Fidèle à ses bonnes habitudes, Hérodote décrit de manière très détaillée la géographie, les mœurs barbares et les croyances des Scythes ainsi que des (légendaires) femmes Amazones.

Après cet échec, la fin du livre relate la conquête de la Libye par Darius et de manière similaire décrit les us et coutume de Libyens.

En conclusion, « L’enquête, livres I à IV » est à lui seule une véritable bibliothèque ambulante véhiculant une gigantesque masse de données sur les peuples de l’Antiquité.

Les récits d’Hérodote sont la plupart du temps aussi remarquables que passionnants, car précis, minutieux, et objectifs sur les peuples dits comme « Barbares » par les Grecs de l’époque à savoir les Perses, les Scythes, les Égyptiens, les Éthiopiens et les Lybiens.

Bien sur des erreurs et exagérations existent, l’auteur a également recours au merveilleux pour expliquer certains faits complètement irrationnels mais ceci ne fait que rajouter au charme de ce récit hors du commun.

La fin de « L’enquête, livres I à IV » nous laisse donc avec l’impression de l’émergence d’une gigantesque et quasi invincible machine à conquérir le monde, la Perse de Darius qui se fait de plus en plus menaçante face à la petite et fragile Grèce composée de ses cité-micro états en permanence en conflit.

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