The best of Joy Division (Joy Division)
J’ai déjà parlé en ces colonnes de Joy Division par l’intermédiaire du film « Control » d’Anton Corbijn voici donc le moment de s’intéresser à la musique du groupe mancunien avec « The best of Joy Division », double cd sorti en 2008 reprenant le meilleur d’une carrière météorique parsemée de deux albums en seulement deux ans d’existence sous ce nom.
Le premier disque est le réel « meilleur de », le second étant composé d’enregistrements live en 1979 des John Peel sessions à la BBC puis de l’émission de télévision britannique Something Else.
Le best of entame avec « Digital », court morceau pugnace à l’intensité fiévreuse flirtant avec le punk.
Le deuxième titre, « Disorder » évoque plus le style « new wave » des anglais avec cette belle voix grave, ces mélodies de guitares/claviers à la beauté glacée et cette superbe mélancolie qui vous enveloppent pour ne plus vous lâcher.
Le puissant, sombre et racé « Shadowplay » appartient à n’en pas douter à cette même aristocratie musicale.
Plus calme « New dawn fades » ralentit le tempo et joue sur des atmosphères plus intimistes.
Arrive ensuite « Transmission » sur laquelle la voix somptueuse de Ian Curtis vient se poser sur des mélodies entêtantes de Bernard Sumner.
C’est froid mais en même temps si beau et intense qu’il est impossible de ne pas se laisser charmer.
On poursuit avec le très planant « Atmosphere » véritable chef d’œuvre planant d’une musicalité fantastique.
Idéal pour la rêverie en fin de journée, « Atmosphere » est sans nul doute l’un des morceaux les plus relaxants que je connaisse.
Porté par des riffs rock très puissants, « Dead souls » lorgne lui encore une fois par instant vers le punk.
Retour à la cold wave la plus géniale avec le glaçant « She’s lost control » , à la mécanique lente, sombre et implacable puis surtout « Love will tear us apart » le morceau le plus connu de Joy Division, véritable chef d’œuvre enivrant à l’élégance racée.
Impossible alors de ne pas se faire emporter par ses nappes de claviers enchanteurs.
Rythme soutenu sur le très rock « These days » enchaîné du plus quelconque « Twenty four hours » avant de replonger dans des profondeurs des nuit polaires avec « Heart and soul ».
L’instrumental « Incubation » vient annoncer le morceau final « Isolation » si typique par sa froideur mécanique et ses refrains entêtants qu’il sera repris par les Irlandais de Therapy ? sur leur golden album « Troublegum ».
Le disque second, concert enregistré lors de John Peel sessions, débute par « Exercice one », troublant comme des ongles de femmme s’accrochant désespérément à votre dos, puis le plus calme « Insight » aux bruitages technologiques étranges créant une dynamique inattendue.
Ian Curtis change comme à son habitude à la perfection, le son de guitare/clavier de Bernard Sumner est superbement envoûtant, tandis que la section rythmique de Stephen Morris et Peter Hook demeure toujours aussi solide.
En revanche il est impossible de réaliser qu’on est devant un album live tant le son est d’une neutralité absolue.
Les tubes arrivent ensuite, le phénoménal « She’s lost control » au beat si hypnotique, le curieusement moins percutant « Transmission » et le toujours impeccable « Love will tear us apart » .
Le groupe poursuit avec le correct « Twenty four hours » puis le glacial et menaçant « Colony » aux riffs coupant comme du métal avant de finir sur un « Sound of music » aux formidables dynamiques rock.
En bonus figurent une version live de « Transmission » (beaucoup plus enflammé) et de « She’s lost control » (au son écrasant) issues d’un passage à l’émission Something Else agrémentée d’une courte interview de Ian Curtis et de Stephen Morris.
En conclusion, « The best of Joy Division » est un double album de grande qualité exhumant les meilleurs titres de Joy Division pour recréer l’espace de quelques instants la magie de la musique des quatre anglais qui inventèrent le son « new wave » autrement appelé « cold wave ».
On ne peut s’empêcher de vibrer à l’écoute de ce rock de haute classe, qu’on sent bouillonnant comme un geyser sous une épaisse couche de glace.
De l’énergie électrique certes mais toujours très canalisée et agrémentée de magnifiques nappes de claviers.
A l’écoute de ce disque on réalise tout l’impact de Joy Division sur la musique avec la création de ces atmosphères tristes dont l’élégance, la subtilité, et la beauté sophistiquée sont les maîtres mots.
Bref Joy Division c’était la classe absolue, l’anti bling-bling, l’anti 50-Cent ou l’anti Booba, un groupe destiné à rester ignoré du grand public et vénéré pendant plusieurs siècles en secret par un petit nombre d’initiés.
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