Cowboys from hell (Pantera)

 



Nous poursuivons ce tour d’horizon des groupes bruyants.

A la fin des années 80, un obscur groupe texan du nom de Pantera décide de bannir son orientation première glam-rock pour créer le power metal une musique foncièrement plus brutale synthétisant un mélange de heavy et de thrash.

A l'époque Pantera se compose de deux frères grassouillets portés sur la bouteille, Dimedag Darrell à la guitare, Vinnie Paul à la batterie, de Rex à la basse et d’un chanteur-hurleur à la personnalité hors norme, Philip Anselmo.

En 1990 le gang texan sort « Cowboys from hell » considéré par les spécialistes comme la première pierre d’un monstrueux édifice sonore.

La pochette de l’époque, vraiment risible est une sorte de copié collé de photos des membres du groupe dans un décor de bar du far west mais on peut penser qu'à ses débuts Pantera faisait sans doute ce qu’il pouvait au niveau artwork sans disposer de gros budgets.

« Cowboys from hell » ouvre les hostilités par un mid tempo pesant mettant en exergue le style du groupe : rythmiques pachydermiques, riffs puissants et solo emphatiques très « rock » de Darell couplés avec lles lignes de chant hurlées d’Anselmo.

Lui succédant, « Primal concrete sledge » paraît très pénible à l’écoute car saccadé, brutal et brouillon.

Ce titre est pour moi le seul raté de ce disque.

Plus cohérent et posé sur de solides fondations, « Psycho holiday » tient mieux la route sans toutefois pleinement séduire.

Le thrash pur jus est au rendez vous avec le très speed « Heresy » qui voit Anselmo s’initier sur les refrains au chant suraigu à la Rob Halford l’une de ses premières idoles.

On peut considérer  « Cemetery gates » comme le premier grand titre de Pantera, tant cette surprenante power ballade met en avant des qualités mélodiques qu’on ne soupçonnait pas chez de rugueux texans buveurs de whisky et de bières.

Anselmo chante ici superbement et l’émotion suinte par tous les pores de ce long morceau épique de plus de sept minutes.

Retour à du thrash classique et bas du front et  sur « Domination » à l’énergie très primaire.

Plus intéressant est « Shattered » car influencé par le meilleur de Judas Priest revisité à la sauce Pantera.

Hyper vélocité, variations permanentes, vocaux suraigus ou plus graves font de ce titre un grand moment de plaisir.

Le groupe prend alors de plus en plus d’assurance avec le très cinglant « Clash with reality » qui allie tempo rapide, son massif, solo de haute volée, vocaux haut perchés et refrains explosifs.

 « Medicine man » moins percutant malgré ses nombreuses variations est rapidement surclassé par l’ultra compact et sans concession « Message in blood » ou Anselmo hurle toute son saoul et que Darell enjolive par un des long passages instrumentaux dont il a lui seul le secret.

Autre passage relativement mélodique sur « The sleep », comme si le groupe rassasié de violence éprouvait le besoin de souffler avec une atmosphère plus reposée.

Le solo de Darrell est ici sublimissime de toucher et de virtuosité.

Mais fidèle  à sa nouvelle ligne de conduite, Pantera termine en frappant fort avec « The art of shredding » rapide, dur et tranchant comme une lame de rasoir.

En conclusion, en raison d'un production faiblarde et de quelques tâtonnements bien compréhensibles « Cowboys from hell » n’est sans doute pas dans l’absolu le meilleur album de Pantera mais il fait tout de même preuve de qualités sortant du lot.

Armés d’un guitariste virtuose au toucher magique et aux riffs surpuissants mais également d’un chanteur au charisme hors norme, les jeunes cow-boys de l’enfer font ici une entrée fracassante dans la cour du heavy metal pour hommes.

Encore influencé par ses modèles comme Rob Halford, Phil Anselmo s’échine sans être ridicule à vouloir chanter dans des registres haut perchés, style qu’il abandonnera assez vite par la suite pour se forger sa propre empreinte vocale.

Même si on ne peut pas encore parler de power metal en raison de réminiscences thrash trop marquées, « Cowboys from hell » est un disque de gros calibre, puissant, agressif, varié et d’un niveau technique élevé.

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