Voyeur (Joël Houssin)

 



Une année seulement après avoir écrit « Blue » , Joël Houssin enchaîne en 1983 avec « Voyeur » roman qu’on pourrait également qualifier malgré les apparences de Science-fiction.

« Voyeur » commence pourtant d’étrange façon et décrit les aventures d’un obsédé sexuel taraudé par un voyeurisme démentiel.

L’homme, ayant bénéficié d’un héritage n’a pas besoin d’argent pour vivre et se comporte en noctambule, hantant les rues de Paris ou les allées sombres du Bois de Boulogne pour assouvir ses bas instincts.

Sa fascination confine au fétichisme puisqu’il va jusqu'à fantasmer sur les pieds qu’il juge parfaits d’une prostituée ou va s’infliger une horrible séance de sado-masochisme  en raison d’une attirance pour les cuisses d’une autre jeune prostituée.

Mais il ne se limite pas qu’aux professionnelles, il traque aussi sa propre voisine et  des inconnues à la recherche d’images et de sensations fortes.

Houssin décrit avec talent et puissance l’univers trouble et glauque de cet homme.

Petit à petit la clé de son comportement apparaît, l’homme collecte des images qu’il ramène à une mystérieuse créature vivant chez lui.

Il semble complètement en son pouvoir.

En parallèle, l’explication vient d’une équipe de chercheurs français étudiant un organisme semi liquide récupéré sur un vaisseau spatial échoué sur terre.

Cette substance semble avoir la capacité de se modeler sur la pensée d’un homme.

Un fois la forme acquise, la transformation est irréversible et le « créateur » se trouve alors complètement sous l’emprise de la chose qu’il cherche à protéger coûte que coûte tandis que la créature nourrie de connaissance par sa proie évolue en permanence pour perfectionner la forme initiale.

Dexter un savant américain ayant participé aux expériences a donc crée une fourmi et s’échappe du laboratoire avec sa curieuse protégée qui lui fera vivre un véritable calvaire.

Dans le même temps, le Ministre de la Défense français meurt après avoir crée lui aussi un coccinelle suite à une expérience.

Le Ministre perd alors lui aussi la tête et des nuées de coccinelle s’échappent de son corps dévoré de l’intérieur.

La police et l’armée française se mettent alors en état d’alerte.

Dexter en cavale finit par se rendre et meurt dévoré par des fourmis.

Dans le même temps la propre créature du Voyeur s’échappe en prenant les traits et la voix d’une femme (voix copiée sur celle de la chanteuse Kate Bush entendue à la télévision !).

L’armée réagit, aspergeant d’azote liquide les créatures afin de les éliminer, ce qui semble être couronné de succès.

Le voyeur est alors arrêté par la police, mais lui aussi est complètement perturbé et sous l’emprise de la chose.

Il se transforme alors lui même à son tour une superbe femme, séduit un chercheur pour l’aider à le libérer et devient le vecteur de la propagation de la créature sur la terre.

En conclusion, avec ce récit complètement barré et inclassable, Joël Houssin sort ici des sentiers battus pour délivrer une histoire loufoque, parfois comique (la concierge dévorée par la créature !), souvent pornographique mais aussi  au final proprement terrifiante.

Le thème d’une créature vampire psychique capable de prendre possession d’un sujet en se calant sur ses pensées est certes un classique de la science fiction, mais la menace extra terrestre ne se dévoile pas tout de suite, finissant par apparaître au grand jour que dans la dernière partie du récit.

Pour ma part j’ai surtout apprécié la première partie avec la description d’un type complètement fou car dévoré par ses irrépressibles obsessions sexuelles.

« Voyeur » peut donc être considéré comme un roman étrange, dérangeant et classé X.

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