Le corps de mon ennemi (Henri Verneuil)
Sorti en 1976 alors que « Bebel » est au fait de sa popularité, « Le corps de mon ennemi » est un polar atypique signé par le « maitre » Henri Verneuil.
A Cournai, dans le Nord de la France, François Leclercq (Jean-Paul Belmondo) sort de prison après avoir purgé une peine de 7 ans pour meurtre.
L'histoire se déroule sous forme de flashbacks qui permettent de reconstituer son histoire et surtout de comprendre pourquoi il traque dans le présent les commanditaires qui ont provoqué sa chute.
D'origine modeste, Leclercq a séduit Gilberte Beaumont-Liégard (Marie-France Pisier) la fille de plus puissant industriel de la ville, Jean-Pierre Liégard (Bertrand Blier) qui dirige une entreprise de textile.
Gilberte introduit François dans le cercle de l'élite politico-industrielle de Cournai mais JBL ne fait mine de lui trouver une place dans son usine que pour mieux abattre son père, Pierre (René Lefvebre) son principal opposant politique.
Lors d'un meeting le truculent Pierre est en effet pris en défaut lorsque des hommes de mains de JBL jettent des photos de son fils pris avec la famille Liégard.
Pour se venger, Leclercq décide de monter à Cournai un bar à hotesses, le « Number one » grace aux capitaux de Di Massa (François Perrot) un représentant de la Mafia.
Rapidement l'image sélect et sexy de son établissement attire les huiles de la ville mais quand Cojac le meilleur buteur de l'équipe de football locale est retrouvé assassiné avec Karine (Elisabeth Margoni) une des filles, tout incrimine Leclerq, devenu gênant après avoir découvert puis refusé le trafic de drogue de Di Massa.
Avec l'aide de , un ancien videur reconverti en travesti dominatrice, Leclercq fait chanter Vebruck (Daniel Ivernel) le maire de la ville, un de ses habitués et remonte jusqu'au commanditaire JBL.
Assez habilement et avec l'aide de Gilberte, Leclercq manipule JBL pour qu'il lui révèle l'adresse de Di Maria puis le brutalise avant de lui faire croire que JBL veut l'éliminer.
Leclerq quitte ensuite la ville avec une jolie jeune femme rencontrée par hasard tout en laissant le mafieux aux abois faire assassiner son ennemi sur son parcours de golf.
En conclusion, « Le corps de mon ennemi » est un film magistral, dont la construction est dominée du début à la fin par un des plus grands cinéastes (noirs) français.
Belmondo est parfait dans ce rôle d'ex taulard revanchard et impose son invincible charisme empli de virilité.
« Le corps de mon ennemi » est aussi également une puissante satire de ses villes moyennes de province ou l'entre-soi et de mise entre politicards, industriels et propriétaires de clubs de football.
Héros des « gilets jaunes » avant l'heure, Belmondo renverse la hiérarchie sociale et terrasse les puissants, les intouchables en provocant une grande jouissance chez le spectateur.
Avec ses dialogues truculents signés Audiard, sa galerie de « tronches » comme le colossal Claude Brosset en magnifique contre-emploi de dominatrice travesti ou Blier parfait en industriel combinard, « Le corps de mon ennemi » obtient sans difficulté le statut de classique du cinéma !
On peut se demander, quelques jours à peine après sa disparition, combien de films de ce calibre Belmondo a-t-il tourné dans sa prolifique carrière ?
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