Reinventing the steel (Pantera)

 



Après « The great southern trendkill » sans nul doute l'album le plus riche de sa carrière, Pantera comme beaucoup de formations avant lui connaît de fortes turbulences notamment à cause de la vie tumultueuse de Phil Anselmo, dont les problèmes de dos et l’addiction à l’héroïne mettent en péril l’avenir du groupe.

Quatre ans passent et les Texans finissent par accoucher en 2000 dans la douleur de leur cinquième album en version power metal, « Reinventing the steel ».

A l’époque on ne le sait pas encore mais ce sera le dernier de leur courte existence.

Avec sa pochette choc (encore une !) sans nul doute pour adresser un message de prévention aux jeunes afin de les mettre en garde contre les méfaits de l’alcool qui vous fera faire n’importe quoi y compris sauter dans un mur de flammes, « Reinventing the steel » démarre par le court mais très musclé « Hellbound » qui après une introduction lente et poisseuse, explose au visage tel un cocktail molotov.

Le groupe enchaîne immédiatement avec « Goddam electric », véritable ode à la religion métal pourvoyeuse de jeunesse éternelle, assénée avec une rythmique colossale et un groove mid tempo purement irrésistible.

En guest de luxe sur ce titre ravageur, on retrouve ni plus ni mois que Kerry King de Slayer.

Pantera continue d’avancer cuirassé de fer en alignant « Yesterday don’t mean shit », au moins égal au précédent titre car doté du même groove d’enfer et de refrains terriblement tranchants.

Après ces trois bombes mid tempo déployant leur terrible puissance de feu, il n’est que trop temps de casser le rythme trop bien huilé de ce disque avec « You’ve got to belong to it » dont le tempo haché et les sonorités étranges brouillent les cartes.

Sensé être le titre le plus accrocheur car accompagné d’un vidéo clip, « Revolution is my name » est en revanches un peu poussif malgré ses riffs mitrailleuses.

La machine à détruire reprend du service sur « Death rathe » , à la force tellurique extrêmement intense et jouissive.

Le message old-school est ré asséné avec la force du maillet de Thor sur le très pesant et sans concession « We’ll grind that axe for a long time ».

Simple et gonflé aux hormones,« Uplift » envoie une nouvelle gifle survitaminée à la face du monde tandis que « It makes them disappear » plus lent et lancinant s’avère pénible à l’écoute sur la distance.

Dernier effort de ce disque, « I’ll cast a shadow » séduit par sa relative touche mélodique et chaleureuse tout en restant très Pantera donc violent dans le style.

En conclusion, contrairement à ce que son titre habile pourrait laisser penser , « Reinventing the steel » n’est pas un album révolutionnaire ou particulièrement novateur mais extrêmement homogène, fluide malgré sa terrible puissance et d’une grande qualité d’ensemble.

Pantera délaisse un peu la vitesse et le bastonage à tout va pour se concentrer sur le groove et l’efficacité de ces mid tempo souvent il faut bien le dire irrésistibles.

Mais le destin voudra que « Reinventing the steel » soit le dernier disque de nos cow-boys puisque après un énième break suite à de violents accrochages entre Anselmo et les deux frères du groupe, le génial guitariste Dimedag Darrell sera assassiné sur scène en 2004 alors qu’il jouait avec son projet parallèle Damageplan.

Privé donc de son âme créatrice, la panthère texane n’avait plus assez de griffes pour attraper de nouvelles proies et ce tragique événement marqua donc par conséquent la fin de l’histoire d’un des plus grands groupes de métal qui en seulement cinq albums étalés sur 10 ans laissa une marque indélébile dans l’histoire du rock lourd et dur.

Aujourd’hui Darrell est entré par sa musique et son destin rock n’'roll au panthéon de la musique tandis que les autres membres ont tenté de survivre dans des projets parallèles de seconde voir troisième division, le plus connu d’entre eux étant Down avec lequel Phil Anselmo réussit une belle seconde carrière.

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