Mondo bizarro (Ramones)

 



Après un « Brain drain » plus sombre et violent qu’à l’accoutumé, les Ramones franchissent le cap des années 90 avec « Mondo bizarro » sorti en 1992.

Le groupe s’adjoint pour l’occasion un nouveau bassiste CJ Ramone remplaçant de l’impétueux Dee Dee Ramone parti suite à d’interminables luttes intestines et à des graves problèmes de santé.

La pochette de l’album repose sur un concept tout simple basé sur un jeu d’optique donnant l’impression de délire narcotiques ou fortement alcoolisés.

« Mondo bizarro » débute en pente douce par un « Censorshit »  et « The job that ate my brain » peu marquants et inspirés malgré leurs riffs offensifs et leur vitesse d'exécution.

Le son très clair et rock du producteur Ed Stasium, bien que d’excellente qualité ne suffit pas pour autant à combler une certaine uniformité.

C’est dans un registre plus pop que les Ramones surprennent agréablement avec « Poison heart » ou l’on retrouve leur légendaire efficacité mélodique ainsi que la voix si chaleureuse de Joey Ramone.

L’album semble donc avoir trouvé son rythme de croisière, ce que confirment « Anxiety » vif et effilé comme une lame de cran d’arrêt et « Strenght to endure » mid tempo rock chaloupé au refrain impérial.

Le quelconque et faiblard « It’s gonna be alright » fait chuter la tension avant que l’excellente reprise à la sauce punk des Doors « Take it has it comes » ne vienne de nouveau secouer l’auditeur.

Ce morceau produit un fascinant croisement entre la plus grande voix du rock (Jim Morrison) et la plus grande voix du punk (Joey Ramone).

 « Main man » rock puissant et chaud introduit « Tomorrow she goes away » sans nul doute l’une des plus belles preuves du monstrueux talent du groupe pour même à l’orée des années 90 composer encore des petits bijoux d’hymnes punk rock.

Transition plus calme assez mièvre avec « I won’t let it happen » qui vient lancer le très saccadé « Cabbies on crack » alourdi par ses riffs heavy metal.

L’album se termine sur le trop classique « Heidi is a headcase » et le sympathique « Touring » aux accents rock n’roll délicieusement rétro.

En conclusion, même si on taxa souvent les Ramones de déclin dans les années 90, on reconnaîtra que objectivement avec le recul ce « Mondo bizarro » tient encore bien fermement sur ses cannes.

Le seul reproche qu’on pourrait lui adresser est de ne pas receler de tube du calibre des premiers efforts des années 70, mais enterrer pour autant ce disque serait dénigrer des titres forts comme « Poison heart » ou « Tomorrow she goes away » ou  même la succulente reprise des Doors.

« Mondo bizarro » n’est sans doute pas le meilleur ou le plus violent des albums des Ramones, mais c’est un très bon album de punk rock homogène, solide et plaisant ce qui à mes yeux est déjà beaucoup.

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