A passion play (Jethro tull)
Les années 70 marquèrent une période bien particulière de la musique rock et Jethro tull comme bon nombre de ses collègues de l’époque s’octroya des délires artistiques qui sembleraient plus difficiles aujourd’hui dans un monde plus mercantile à mettre en pratique.
C’est dans ce contexte de création débridée que voit le jour « A passion play » en 1973.
Le premier batteur, Clive Bunker est ici parti depuis deux ans remplacé par Barriemore Barlow au jeu plus vaste avec un champ d’expérimentation en théorie plus exotique.
Avec sa pochette classique et forcément décalée, « A passion play » se construit de manière tout à fait inhabituelle en seulement deux morceaux, de plus de vingt minutes chacun !
C’est donc un tantinet dérouté et inquiet, que l’auditeur découvre cette « Part 1 » qui débute par un instrumental aux relents médiévaux en raison de la présence de la flute et d’instruments anciens, avant d’entendre après trois minutes la voix de Ian Anderson se poser sur un rythme lent et doux.
Tout semble très étudié et gracieux jusqu’au maniérisme, laissant enfin au bout de onze minutes partir la musique dans de belles envolées de flute introduisant la guitare enfin plus présente de Martin Barre.
Après une fin plus adoucie, vient la « Part 2 » débutant par une longue tirade parlée avec un accent marqué de sorcier de dessin animé pour que après près de cinq longues minutes, la musique démarre … fort timidement.
Englué dans la toile d’araignée tissée par Jethro tull, l’auditeur voit donc les secondes puis les minutes défiler tout en demeurant incapable de se caler sur un semblant de rythme ou de riff présentant une structure à laquelle se raccrocher.
Vers dix huit minutes, les choses semblent s’apaiser pour s’orienter vers une ambiance plus feutrée et on arrive ensuite sans trop souffrir au bout des vingt trois minutes.
En conclusion, « A passion play » est un ovni, un bras d’honneur aux fans et aux maisons de disques.
Il semblerait que Jethro tull se soit fait plaisir dans un de ces grands plaisirs égoïstes dont sont coutumiers les musiciens.
Le résultat de cette démarche élitiste, expérimentale et exploratoire est purement indigeste et inécoutable pour n’importe quel personne normalement constituée.
Mais nous sommes en 1973 et tout ceci n’est sans doute pas bien grave, les anglais revendiquant sans doute leur total affranchissement artistique … pour mon plus grand désappointement !
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