Le dernier tango à Paris (Bernardo Bertollucci)

 


Film à scandales, « Le dernier tango à Paris » de Bernardo Bertollucci fut lors de sa sortie en 1972 censuré à peu prêt dans tous les pays et garde encore maintenant un fort parfum vénéneux.

L’histoire est pourtant sur le papier belle et forte, Paul (Marlon Brando), un américain d’âge mur venant de perdre brutalement sa femme Rosa (Veronica Lazar) suicidée dans son bain, erre brisé par le chagrin dans le XVI ième arrondissement de Paris.

Ancien baroudeur, tour à tout boxeur, acteur et journaliste, Paul rencontre par hasard une jeune femme, Jeanne (Maria Schneider) elle aussi actrice, qui cherche comme lui à louer un appartement prêt du Pont de Bir-Hakeim.

Une brusque passion charnelle nait alors dans cet appartement vide et dégradé entre Jeanne et Paul, ce dernier cherchant un oubli absolu et à ne rien savoir sur cette inconnue.

Le couple prend la décision de louer cet appartement pour entretenir cette relation secrète et sans tabou.

En parallèle, la vie dite « normale » doit suivre son cours, Jeanne tourne un film pseudo artistique sur l’histoire de sa vie avec Tom (Jean-Pierre Léaud) qui est aussi son petit ami.

On y découvre son enfance bourgeoise regrettée dans la banlieue parisienne, son père militaire et sa mère (Gitt Magrini) vivant à Paris.

De son coté, Paul doit remplir les formalités pour le décès de sa femme mais n’est pas dans un état psychologique très stable ce qui occasionne une violente dispute avec sa belle mère (Maria Michi).

Lorsqu’il rencontre Marcel (Massimo Girotti), l’amant de sa femme, en réalité leur voisin de pallier, Paul reste en apparence très froid, très poli et garde sa haine à l’intérieur devant l’insensibilité et le narcissisme stupide de l’homme.

Paul se réfugie dans sa passion avec Jeanne et le couple fait l’amour de manière étrange, en imitant par exemple des bruits d’animaux ou dans une scène plus choquante de sodomie sur fond de blasphème.

Toujours tourmenté, Paul insulte sa femme sur son lit de mort pour lui avoir menti, et va boxer un client de l’hôtel qu’elle possédait lorsqu’il découvre qu’il servait de maison de passes pour prostituées du boulevard Montparnasse.

Mais la vie suit son cours et Jeanne finalement demandé en mariage par son Tom accepte sur un coup de tête.

Elle ne peut cependant l’avouer à Paul et une violente scène mêlant rupture simulée et passion intensive éclate alors dans l’appartement.

Finalement Paul semble s’échapper mais reste finalement à Paris, retrouvant Jeanne pour l’inviter une dernière fois dans un dancing parisien ou le couple fortement alcoolisé assiste à une compétition de tango.

C’est semble t il au tour de Paul d’être violemment attaché à Jeanne et à lui demander de vivre avec lui.

Celle-ci refuse tout en désirant vivre avec Tom dans le bel appartement du XVI ième, mais Paul la poursuit jusque chez sa mère.

Après une nouvelle dispute, Jeanne apeuré par la violence de son ex amant lui tire dessus avec le pistolet de son père.

Paul s’écroule sur le balcon et regardant une dernière fois le toits de Paris.

En conclusion, certes « Le dernier tango à Paris » est un film quelques fois choquant, mais surtout très intense, narrant la rencontre entre deux mal êtres profonds, parvenant le temps de quelques étreintes désespérées à se rejoindre.

Brando est malgré la controverse génial, en homme tourmenté, malheureux, errant dans un Paris alors en pleine mutation comme le montre la construction assez étonnante des grandes construction des années 70 que ce soit Beaugrenelle ou les alentours de la Tour Montparnasse.

Son association avec Maria Schneider alors débutante est détonante.

Même si le film fut renié par les acteurs et choqua les prudes mentalités, il contient néanmoins tous les ingrédients d’une passion impossible, de la souffrance intérieure qui peut parfois rassembler deux êtres.

Sa fin dramatique, intense avec la compétition de tango puis la dernière vision d’un Paris chancelant sous le poids de l’âge et de la mort approchant est superbe.

Difficile donc d’ignorer ce film puissant qui restera pour moi comme un des meilleurs de Marlon Brando, qui demeure à mes yeux le meilleur acteur de tous les temps.

A voir également pour l’aspect vestiges d’un Paris aujourd’hui oublié, celui du début des années 70 …

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