La chute (Oliver Hirschbiegel)
Abordons à présent une page de l’Histoire relativement méconnue, la fin du règne d’Adolf Hitler avec « La chute » film allemand de Oliver Hirschbiegel.
Sorti en 2004, « La chute » prend place en avril 1945, dans un Berlin en flammes assiégé par l’armée Russe.
Terré dans son bunker avec ses proches et les lambeaux de son état major, Hitler (Bruno Ganz) déjà grandement affecté physiquement par le stress de la guerre, perd peu à peu toute lucidité et refuse de voir la réalité en face : la victoire des Russes et des Américains est inévitable.
Il refuse les sollicitations de Himmler (Ulrich Noethen) pour tenter de négocier avec les Américains et décide de tenir Berlin coute que coute, en sommant ses généraux de lancer des contre attaques impossibles à l’aide de troupes imaginaires.
Son caractère irritable et colérique s’accentue sous les poussées de stress et de rage dressés notamment contres les hauts officiers allemands dont il ne supporte pas l’élitisme.
Autour de lui, on trouve un noyau de fidèles, sa maitresse Eva Braun (Julian Köhler) bien entendu, qui malgré le désespoir de la situation affecte une bonne humeur de façade en organisant des fêtes, les fanatiques Goebbels, Magda (Corinna Harfouch) et Joseph (Ulrich Matthes) qui en l’absence de Himmler devient en quelque sorte le bras droit d’Hitler, même si son absence de compétences militaire n’aide pas beaucoup son chère Führer dans un telle situation, quelques généraux relégués à des postes de coordinateurs Hans Krebs (Rolf Kanies), Alfred Jodl (Christian Redl) et enfin le personnel administratifs dont la bavaroise Traudl Junge (Alexandra Maria Lara) secrétaire personnelle d’Hitler autour duquel le procédé narratif s’articule.
Le charismatique Albert Speer (Heino Ferch), ministre et surtout grand architecte du III ième Reich, prend ses distances avec Hitler et lui annonce qu’il renonce à rester sur place.
Le face à face entre Speer et Hitler est tendu, mais ce dernier le laisse finalement partir sans réagir, acceptant l’évidence.
La fuite d’Himmler et de ses hommes, met en revanche le Führer hors de lui.
Le docteur Schenk (Christian Berkel) médecin dirigeant un hôpital militaire à Berlin, choisit de rester sur place pour venir en aide aux populations civiles, volontairement sacrifiées pour accompagner Hitler sans sa chute.
Herman Fegelein (Thomas Kretschmann) officier réputé opportuniste car époux de la sœur d‘Eva Braun, souhaite lui aussi s’enfuir mais il est finalement pris et exécuté.
Devant l’impossibilité de parer toutes ses désertions, Hitler se rabat sur les quelques rares hommes fidèles et de valeur comme le général Weidling Michael Mendl) qui échappe de peu au peloton d’exécution pour être réaffecté à la défense, certes désespérée de la ville, tandis que le général Wilhelm Mohnke (André Hennicke) reçoit lui la défense du bunker.
Mais la plupart des soldats défendant Berlin sont inexpérimentés, Hitler ayant enrôlé des adolescents et même des enfants fanatisés pour faire face aux Russes et à leurs tanks.
La poussée des Russes semble donc inexorable et Hitler lui-même comprend dans son fort intérieur que la seule issue pour lui est la mort, ce que ses fidèles qui le considère comme un guide spirituel sont bien en peine d’envisager.
Quand vient le moment, Hitler choisit la technique classique de l’ampoule de cyanure et d’une balle dans la bouche, son fidèle garde du corps Otto Gunsche (Goz Otto) se chargeant d’incinérer ses restes ainsi que ceux d’Eva Braun, finalement devenue sa femme et ayant décidé de le suivre dans la mort.
La mort d’Hitler est un choc pour tous les membres du bunker, les généraux désemparés sur la tactique à tenir à présent bien entendu, mais également le personnel administratif qui s’y était attaché.
Dès lors, la capitulation face aux Russes s’impose, mais certains comme les Goebbels ne peuvent l’accepter.
Ceux-ci se tuent donc, après une scène particulièrement pénibles ou ils tuent leurs propres enfants à l’aide de capsules de cyanure.
Après quelques suicides épars, la décision d’évacuer le bunker semble inévitable.
Schenk qui tente d’apporter un peu d’humanité en vertu de sa condition de médecin, essaie d’empêcher les suicides ou les tentatives désespérées de résistance ultimes en vertu de vœux devenus absurdes de fidélité au Führer.
Traudl comme son amie Gerda Christian (Birgit Minichmayr), sont exfiltrés à travers les lignes russes, bénéficiant d’une relative clémence en vertu de leur condition de femmes.
Le film se clôt sur un témoignage de Traudl, au début des années 2000, faisant son mea culpa par rapport aux atrocités à l’époque inconnues commises par les nazis et par un sobre décompte des destinées des principaux protagonistes de l’histoire.
En conclusion, malgré sa durée (2h30) et la multiplicité de ses personnages, « La chute » est un film passionnant et intense, proposant une véritable plongée dans l’intimité des derniers jours du dictateur le plus fascinant de tous les temps.
L’atmosphère dans le bunker assiégé y est oppressante et rendue captivante par la qualité incroyable des acteurs, Brun Ganz en tête, tous parfaitement convaincants dans la rigidité militaire et la puissance de leurs idéaux fanatiques.
Le film n’humanise pas réellement Hitler au sens ou il le rend sympathique.
Même si beaucoup le considère comme un monstre, Hitler n’en était pas moins un homme, certes implacable dans la poursuite d’idéaux déments, mais néanmoins disposant de certaines caractéristiques dites « humaines ».
Sa froideur et son manque d’empathie évidents, se manifestent dans le film, ou son égo démesuré prend le dessus sur le respect ou l’affection qu’il aurait pu montrer à ses proches.
Rythmé, effrayant et dur parfois jusqu’à l’insoutenable (les scènes de suicides ou d’infanticide des Goebbels) « La chute » est un film magistral, qui marquera l’esprit du spectateur avide d’explorer une face plutôt ignorée de l’Histoire, la prise de Berlin et la chute du III ième Reich.
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