Une famille brésilienne (Walter Salles)
Après « Avril brisé », « Une famille brésilienne » est le second film de Walter Salles ici associé à Daniéla Thomas chroniqué ici.
Sorti en 2008, « Une famille brésilienne » raconte le quotidien de quatre demi frères issus de quatre père différents, vivant dans une cité (et non une favela !) de Sao Paulo.
La mère est Cleuza (Sandra Corveloni) une modeste femme de ménage fervente supportrice de l’équipe de football de Corinthias et visiblement incapable malgré de violents et désordonnés efforts de faire face à la situation.
L’ainé de la famille est Denis (Joao Baldasserini) un coursier qui prend de gros risques en circulant rapidement à moto dans les arcanes routières dangereuses de Sao Paulo.
Perpétuellement fauché, Denis donne un peu d’argent à la mère de son bébé dont il vit séparé.
Dinho (José Géraldo Rodigues) est sans doute le fils le plus calme de Cleuza.
En effet, modeste pompiste dans une station service ou son chef le rudoie, il se refugie dans la religion évangéliste et prie fiévreusement le plus souvent qu’il peut.
Viennent ensuite les deux enfants les plus instables de la famille, Dario (Vinicius de Olivera), qui tente désespérément de faire repérer ses qualités de footballeur par un petit sélectionneur afin de jouer dans une des nombreuses petites équipes locales.
Mais malgré son indéniable talent, la concurrence féroce et l’âge déjà avancé de Dario (18 ans) lui barrent pour l’instant le chemin pour vivre de sa passion et quelque part s’arracher à son milieu pauvre.
Reginaldo (Kaique de Jesus Santos) est lui le petit dernier.
Métis à la peau sombre âgé de 12-13 ans, il est insolent, téméraire et parcourt toutes les stations de bus de la ville à la recherche de son père, qu’il sait être un chauffeur noir.
Dans une ambiance étonnamment sombre, Salles filme donc l’évolution de la vie des quatre personnages avec en toile de fond la nouvelle grossesse de la mère, incapable de se stabiliser avec un homme.
A force de persévérance et de ruse (il trafique sa carte d’identité pour se rajeunir comme les jeunes footballeurs africains), Dario soutenu par son premier entraineur finit par toucher au but et même si il ne peut réunit la forte somme d’argent qui lui est demandée pour acheter sa place, il continue de penser naïvement que ses talents de footballeur suffiront.
Aimanté par sa passion, Dario parvient à supporter les échecs et à l’exception d’une soirée ou il consomme une effrayante drogue de synthèse, parvient à garder sa ligne ce qui n’est pas le cas de ses autres frères.
En effet poussé par la misère et le désespoir, Denis bascule dans la criminalité en devenant un voleur à la tire.
Aidé d’un complice juché sur sa moto, le duo dépouille les automobilistes à coups de vols éclairs.
Ceci semble réussir à court terme mais tourne rapidement au drame avec un retentissant accident qui l’oblige à abandonné son complice, son destrier mécanique et à braquer un automobiliste apeuré pour s’en sortir.
Même Dinho, taraudé dans sa chair par le désir sexuel, finit par basculer dans la violence après un braquage à la station service et le stupides remontrance de son chef qu’il agresse sauvagement pour se venger.
Hagard et solitaire, il erre pour trouver refuge à nouveau chez les Evangélistes qui organisent une séance de baptêmes dans un lac.
De son coté, Reginaldo ne trouve rien de mieux à faire que de prendre de force le volant d’un bus pour attirer l’attention de son père.
Salles ne choisit pas de fin à son film et laisse les personnages en équilibre instable, partagé entre espoirs et échecs.
En conclusion, « Une famille brésilienne » est un film intéressant et subtil permettant de pénétrer dans les profondeurs des couches populaires de Sao Paulo.
La famille choisie n’est pas misérable, ne vit pas rongée par la drogue et la violence des favelas mais appartient à un milieu pauvre, déstructuré, qui tente de survivre au travers de petits boulots.
Logiquement apparaissent le football et la religion, deux valeurs profondément ancrées au sein du peuple brésilien avec en toile de fond, corollaire de l’échec, le basculement vers la criminalité.
Cette lutte pour échapper à sa condition est assurément le coté le plus attachant du film.
Du coté plus négatif, on notera un film à l’atmosphère sinistre se déroulant pratiquement tout le temps dans l’obscurité.
Il manque peu être un peu d’humour et de légèreté au cinéma de Wales pour le rendre plus vivant et accrocheur.
Un film néanmoins à regarder pour quiconque souhaite mieux connaitre la société brésilienne loin des stéréotypes habituels.
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