X-men, Dieu crée, l'homme détruit (Chris Claremont, Brent Eric Anderson)

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Revenons aux éternels X-men avec un album réputé culte, « X-men : Dieu crée, l’homme détruit ».

Sorti en 1982, peu après la déjà monumentale saga du Phénix noir, « X-men : Dieu crée, l’homme détruit », marque pour Chris Claremont l’opportunité de faire basculer ses chers X-men dans des enjeux beaucoup plus ancrés dans la réalité, avec la question centrale de l’acceptation des mutants par les humains.

Avec Brent Eric Anderson aux dessins, Claremont brosse donc l’histoire de la quête d’un homme, William Stryker, leader d’un mouvement religieux évangélique extrêmement puissant considérant les mutants comme une menace pour l’humanité et entretenant un climat de persécution contre eux.

Habile orateur, Stryker est en réalité un homme à double face, participant d’un coté à des débats télévisés philosophico-scientifiques avec le Professeur X, mais dirigeant en réalité un redoutable milice armée appelé les Purificateurs chargé de traquer et de tuer tous les mutants, aussi jeunes soient ils.

A la sortie d’un débat télévisé, Stryker organise un attentat contre les X-men et tue Xavier, Cyclope et Tornade.

Très affectés par la mort de leurs amis, les X-men (Wolverine, Colossus, Diablo, Shadowcat) restant marquent le coup.

En se rendant sur place, Wolverine détecte avec son odorat quelques anomalies et comprend que ses amis ne sont pas mort.

Mais les X-men sont attaqués par des Purificateurs équipés d’armures de combat et dotées d’une grande puissance de feu.

Ils répliquent et sont aidés par Magneto, forcé par les circonstances de se ranger à leurs cotés en raison de l’importance de la menace anti mutant.

Tandis que Kitty Pride (Shadowcat) utilise ses pouvoirs d’immatérielle pour suivre Anne la chef des Purificateurs, Magnéto use de ses terribles pouvoirs magnétique pour interroger l’un des Purificateurs capturés.

On comprend alors les motivations profondes de Stryker, ex soldat ayant tué sa famille en constatant qu’elle avait été irradiée par une explosion nucléaire, et parti après coup en croisade contre les mutants.

Pour éliminer définitivement les mutants, Stryker use de puissantes machines capables de le faire contrôler le cerveau du professeur Xavier, de le convaincre de le servir pour aider de l’ordinateur Cérébro entrer en contact télépathiques avec tous les mutants de la terre et les tuer.

Il parvient à l’usure à rompre les défenses mentales du professeur et en prend le contrôle pour le forcer à tuer Cyclope et Tornade eux aussi retenus prisonniers.

Dans un monde plus matériel, Kitty se retrouve en plein Bronx, aux prises avec les Purificateurs déterminés à la tuer et à des bandes de voyous sans foi ni loi.

Elle ne doit son salut qu’aux X-men qui soutenus par Magnéto n’ont aucun mal à vaincre les Purificateurs puis à récupérer les corps de Cyclope et Tornade, en réalité épargnés par le Professeur X.

Le dénouement a lieu au beau milieu d’un gigantesque prêche enflammé de Stryker au Madison Square Garden.

Le pasteur use en coulisse des pouvoirs de Xavier pour lancer une attaque télépathique d’échelle mondiale, mettant à genoux les mutants touchés de plein fouet.

Tout à sa lutte sans merci, Stryker n’hésite pas à sacrifier sa fidèle Anne, elle aussi atteinte par les ondes télépathiques de Xavier et se révélant sans le savoir également une mutante.

Tandis que Magnéto focalise l’attention de Stryker sur lui et encaisse de puissantes attaques mentales qui le mettent à mal, Cyclope et Wolverine tentent une manœuvre audacieuse visant à détruire la machine asservissant Xavier.

Une fois libérée, le Professeur reprend ses esprits et le rêve d’anéantissement de Stryker prend fin.

S’ensuit alors un passionnant échange d’opinion devant la foule, avec Stryker aveuglé par sa haine, Cyclope et Kitty, prêchant la tolérance et l’acceptation d’être différents de par leur aspect ou leur aptitudes, mais foncièrement humains et donc dignes d’être considérés comme leurs semblables.

Incapable de se raisonner, Stryker tente d’abattre Kitty mais est lui-même tué par un policier sensible aux arguments des X-men et incapable de supporter le fanatisme du prédicateur.

Les X-men repartent donc libérés et retombent dans leur éternelle divergence avec Magnéto, opposé lui à trouver une médiation avec la race humaine et conforté dans l’idée d’une compétition entre les deux espèces qu’il estime bien distinctes.

En conclusion, il est peu étonnant que Bryan Singer ait suivi sa trame pour le second volet des X-men au cinéma car  « X-men : Dieu crée, l’homme détruit » constitue assurément l’un des comic books les plus aboutis de l’histoire.

On y retrouve le fond de la problématique des X-men avec ce débat philosophique sur l’acceptation de la différence.

Dans le comic, le racisme est clairement évoqué avec un rejet des mutants par rapport à leur aspect physique ou de manière plus profonde par rapport à leurs étonnantes facultés, qui les placent souvent au-delà de l’être humain et en font une menace potentielle.

On comprend donc les mécanismes de fond du racisme basés sur la peur et la méconnaissance de l’autre.

Ce racisme revêt ici la forme d’un fanatisme religieux extrêmement puissant allié à des méthodes paramilitaires fascistes pouvant rappeler la fascination des nazis pour la technologie dans leur guerre d’anéantissement.

Remarquablement puissant sur le fond, « X-men : Dieu crée, l’homme détruit » l’est aussi sur la forme avec une atmosphère sombre et inquiétante due au style si particulier de Anderson.

Seul bémol sans doute, les scènes d’actions relativement faibles, mais ceci reste purement mineur en comparaison de la qualité globale de l’œuvre.

En ces temps troubles marqués par les tensions communautaires et la montée des partis extrémistes, on pourrait recommander la lecture « X-men : Dieu crée, l’homme détruit » comme merveille de réflexion sur la tolérance et l’acceptation de l’autre.

Vous avez dit éducatif ? Cela l'a été pour moi dans mes jeunes années ...

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