Greatest hits (Smashing Pumpkins)


 


Qui dit Halloween à l'horizon dit forcément citrouilles voir citrouilles écrasantes se profilant pour les connaisseurs.

Appliquant donc la méthode déjà longuement décrite en ces colonnes dite du best of pour se faire une idée générale de l’œuvre d’un musicien sans avoir à acheter toutes ses œuvres j’ai écouté « Greatest hits » la compilation du meilleur des Smashing Pumpkins sortie en 2001 peu après que le groupe se soit séparé.

On sera surpris de l’extrême jeunesse de la formation de Chicago sur la photo de la pochette évoquant bien plus des teen agers en pleine crise grunge que l'image  plus sombre voir gothique qu’abordera le groupe par la suite.

Se déroulant sur un mode chronologique, le disque débute avec  « Siva » , issu du premier album sorti en 1991.

Bien que manquant légèrement d’envergure, ce morceau illustre déjà le style si caractéristique des citrouilles avec une alternance de rock dur aux guitares quasi métalliques et de passage pop plus doucereux sur lesquels se pose la voix nasillarde du chanteur-mentor du groupe Bill Corgan.

On trouve ensuite le très calme voir soporifique « Rhinocerous » qui surprend par sa mollesse alors qu’avec un titre pareil l’auditeur s’attendait à trouver un mastodonte cuirassé lui faisant face.

Toujours dans le registre pop-timide se présente ensuite « Drown » manquant cruellement d’allant malgré le chant plein d’émotions de Corgan.

Avec les titres du second album, le son s’étoffe, prend de l’ampleur.

Si « Cherub rock » ne décolle pas franchement et reste encore scotché au sol, la power ballade « Today » montre toutes les caractéristiques du tube mondial du reste fort mérité avec ce son de guitare si massif sur les refrains contrastant avec les couplets légers et mélodiques.

Telle la fusée Ariane montant en orbite après s’être détachée de ses étages propulseurs inférieurs, le groupe atteint un niveau encore supérieur avec les titres de leur double chef d’œuvre le « Mellon collie and the infinite sadness ».

Ballade poignante et nostalgique avec un « 1979 » rehaussé de cordes emphatiques, puis rock musculeux et puissant sur « Bullet with butterfly wings »  avant de rebasculer sur une « Disarm » encore une autre splendide ballade à la mélodie à fleur de peau.

Le feu d’artifice se poursuit avec « Zero » au son heavy metal puissant et crade avant de retomber de plusieurs crans sur « Tonight, tonight » power ballade surchargée de cordes un peu trop pompeuses à mon goût.

Changement radical d’ambiance avec l’electro bizarroïde de « Eye » , habité par un tempo sinueux et languissant.

Pas étonnant que les Smashing Pumpkins déroutèrent leur public avec cette tentative de froide approche new wave.

Dans le même registre de rock quasi industriel, « Ava adore » dopé par le talent de songrwritter de Corgan, peut être considéré comme une réussite malgré un beat électronique d’une lourdeur envahissante.

En revanche trop pop et facile, « Perfect » irrite vite.

Le disque aborde ensuite la dernière ligne droite de la carrière du groupe avec le double album naufrage « Machina/The Machines of God ».

Pourtant, doté de riffs puissants contrebalancés de grandes envolées épiques, « Everlasting  gaze » s’en sort brillamment.

On passera vite sur les ternes power ballades « Stand inside your love »  et « Try, try try » pénibles à endurer comme un week-end sous la pluie.

En guise de bonus, deux dispensables inédits (dont un sans titre !)  viennent titiller le fan pour l’obliger à sortir son porte monnaie.

En conclusion, ce best of bien que demeurant tout à fait écoutable est bien à l’image de la carrière en dent de scie des Smashing Pumpkins.

De manière assez classique dans le rock, le groupe après une intéressante première trajectoire ascensionnelle culminant avec un album maître en 1995, a ensuite implosé, exploré de nouvelles voies artistiques (et donc risquées ! ) perdant du même coup une large partie de son public avant d’essayer de se ressaisir mais ne parvenant pas à retrouver la même inspiration originelle.

On peut également penser qu'après la disparition de Nirvana et le reflux du mouvement Grunge, les Smashing Pumpkins sont arrivés au bon moment pour prendre la relève en tant que groupe de rock majeur et ont profité d’une conjoncture hyper favorable pour connaître un succès sans doute démesuré au regard de leur talent d’honnêtes artisans, ce qui provoqua leur chute à l’arrivée des années 2000.

Et comme l’histoire est un éternel recommencement, les Smashing Pumpkins se sont reformés en 2007 et sont à nouveaux reparties pour des nouvelles aventures.

Comme quoi une citrouille ne meurt jamais vraiment et continue de vous hanter pendant des années…

 

Commentaires