La naissance de l'industrie à Paris (André Guillerme)

 



Sorti en 2011, « La naissance de l'industrie à Paris » est un ouvrage de l'Historien spécialisé André Guillerme.

Ce volumineux ouvrage se focalise en réalité sur la période 1780-1830 en raison de l'explosion de la révolution industrielle qui toucha en si peu de temps l'Angleterre puis la France, alors nations dominantes.

Dans la première partie, Guillerme décrit un monde dans lequel l'industrie telle qu'on la défini aujourd'hui par ses machines et sa production de masse n'existe pas.

La « ville lumière » est parcourue par des rivières insalubres (l'Ourcq, la Briève), des puits pollués et les habitants vivent dans la promiscuité avec les bêtes.

Pourtant Paris est le centre de flux entrant et sortant. Le salpêtre sert à la construction et à l'armée pour la constitution d'explosifs.

Les tissus usagés sont ramassés par les chiffonniers, appartenant aux couches les plus modestes de la population puis reconvertis en d'autres matières utiles comme le papier et le carton. Autre recyclage impressionnant : les restes des animaux d'élevage ou domestiques, réutilisés par tous les artisans pour des usages quasi infinis allant de la gélatine à la colle en passant par le charbon ou l'engrais.

Mais le Paris de la fin du XVIIIieme siècle est aussi celui des Lumières.

Peu à peu, les ingénieurs civils font leurs œuvre ; les rivières sont canalisées ou couvertes, les mares asséchées, la qualité de l'eau potable surveillée, les étables parisiennes fermées ou plus sévèrement réglementés.

Les grands savants comme Lavoisier puis Chaptal, Leblanc et Berthollet donnent par la portée « pratique » de leur travaux l'impulsion nécessaire à la synthèse de produits plus complexes nés de réactions non plus naturelles mais provoqués par l'homme : huile, alcools, acides sulfuriques, chlorhydriques, eau de javel.

La mécanisation est importée d'Angleterre, à grands coups de débauchage d'ouvriers et d'ingénieurs spécialisés en métallurgie qui permettent de produire des métaux utiles comme le plomb, le zinc, l'étain, le mercure, le cuivre, l'argent puis l'or, utiles pour améliorer la tuyauterie et ainsi mieux approvisionner en eau les ménages parisiens.

Bien que toujours dangereuses, les machines à vapeur remplacent la force des hommes et des animaux pour améliorer la production.

Le contre-coup de ce bond en avant dans le progrès est la pollution du milieu ambiant, principalement par les émanations de gaz toxiques qui tuent d'abord artisans ou ouvriers les manipulant puis plus lentement les riverains.

En conclusion, « La naissance de l'industrie à Paris » est un ouvrage dense, rigoureux regorgeant d'informations et de détails sur la vie « parisienne » vue au travers du prisme de la révolution industrielle entre deux siècles.

Il est frappant de constater que cette phase de progrès exponentiel n'a pu se produire sans l'apport des savants de l'époque, qui baignant dans une atmosphère toute dévouée à la science, ont mis leurs théorie en pratique avant qu'elles ne soient ensuite perfectionnées par d'habiles industriels soucieux du rendement économique de leurs affaires.

Si cette évolution rapide s'accompagne du pollution (déjà!) galopante de l'environnement, les conditions de vie des Parisiens s'améliorent grandement par des meilleurs conditions sanitaires, un approvisionnement en eau de meilleure qualité, l'arrivée de l'éclairage dans les rues et la naissance d'innombrables produits manufacturés crée par les nouveaux procédés qu'ils soient chimiques ou mécaniques.

Malgré l'émerveillement devant cette phase exceptionnelle de la civilisation, on regrettera que l'ouvrage s’arrête avant le XXieme siècle qui avec la naissance de l'électricité, de l'automobile et de l'aéronautique repoussera encore davantage les limites de cette industrie alors naissante.

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