Le meilleur de la télé des Inconnus (Les Inconnus)

 



Retour vers le passé, en 1990 une irrésistible vague comique déclenchée par trois hommes déferle sur la France, envahissant les bureaux, les lieux publics et tout particulièrement les cours d’écoles ou les enfants reprennent les bons mots des comédiens.

Ces trois hommes étaient appelés les Inconnus.

Après des débuts dans le café théâtre au milieu des années 80, le trio infernal composé de Bernard Campan, Didier Bourdon et Pascal Legitimus décide de parodier la télévision française de l’époque dans une série de sketchs compilés ici dans « Le meilleur de la télé des Inconnus ».

On pourrait pense que vingt ans après les sketchs de Inconnus ont pris un coup de vieux, mais il n’en est rien.

La compilation débute avec l’hilarant « Tournez ménages », parodie de tournez manège, l’émission de la dernière chance pour célibataires déjà bien ringarde à l'époque.

Bourdon en débile profond et Légitimus dit « Momo » en arabe roublard tentant de convaincre une pétasse incarnée par Campan sont à vrai dire parfaits déployant une cascade de jeux de mots à base d’éclectisme (pris pour athlétisme) ou polygamie (pris pour Polynésie).

« Les Miseroides » , parodie des films de Jean Claude Van Damme (comme Universal Soldiers) est plus basique même si on sent que les compères ont du s’amuser comme des gosses à tourner de vraies fausses scènes de combats musclées.

On trouvera tout le coté cynique du trio dans « Gag video » avec un Bernard Montiel caricaturé avec brio par Campan en débile incapable de parler sans ses fiches.

Le petit interlude « Ben.et.ton » sera vite oublié avant d’exploser de rire devant « Biouman » la parodie des séries japonaises diffusées alors par le Club Dorothée.

Mention spéciale à Bourdon, redoutable imitateur de Bernard Minet.

Mais la force du trio aura toujours été d’être capable de faire des tubes à partir de chansons parodiant un style musical très précis, le premier exemple étant « La mano verda negra bouch beat » singeant avec bonheur feu le groupe neo punk de Manu Chao avec l’enlevé et destroy « C’est toi que je t’aime ».

Après un « Ushaia dans son froc » un peu facile ou Campan grimé en Nicolas Hulot risque sa vie en insultant les communautés noires et arabes de Barbés, on retrouve un des plus grands succès du trio « Stade 2 », avec sans doute mon sketch préféré celui ou le tennisman Henri Toubon (Henri Leconte) en haillon et harassé de fatigue commente sa défaite humiliante face à Bjorn Brendel l’impeccable champion de tennis suédois, sorte de croisement entre Borg, Wilander et Lendl.

Moins réussi est « Jésus II, le retour » plaçant Sylvester Stallone en Jésus Christ, sketch qui avec le recul aurait pu choquer la communauté catholique par son coté iconoclaste et « Perdu de recherche » trop cynique tout comme les mini parodies de pub « La foumoila » ou « schwoups » avec des cariocas obèses.

On sourira à l’évocation de « Florent Brunel » vrai faux rebelle de synthèse avec ce mélange entre Patrick Bruel et Florent Pagny, ce dernier ayant au passage réussi une formidable transformation pour changer son image de chanteur énervant.

Grand moment avec « Youpi matin », avec un William Lemergye abruti de sommeil et ce fameux cuisinier du sud ouest joué par Bourdon qui se sectionne l’avant bras sur fond de « J’ai beau être matinal .. j’ai mal. »

Après la critique plutôt fine d’une certaine insupportable intelligentsia parisienne avec « Cinéma cinéma » , on oubliera vite les moqueries facile sur les Belges essayant de jouer aux chiffres et aux lettres et une nouvelle fausse pub sur les chats « Sheba » pour arriver aux deux morceaux de choix de la carrière des Inconnus, les sketchs cultes que sont « Les chasseurs » et « Le commissariat de police ».

Dans ces deux parodies devenus des classiques de l’humour français, les Inconnus se moquent des chasseurs, véritables brutes avinées du terroir tirant sur tout ce qui bouge et des policiers, stupides et inefficaces.

Ces deux féroces satires donneront naissance à des gimmicks célèbres, la fameuse différence entre le bon et le mauvais chasseur et le « a fortiori » cher aux forces de l’ordre.

Après un « Exterminabeur » pas très drôle, la compilation s’achève avec le plus grand tube du trio « C’est ton destin », facile imitation de rap qui trusta par sa simplicité et son efficacité longtemps la tête des hits parades hexagonaux.

En conclusion, « Le meilleur de la télé des Inconnus » semble avoir traversé les affres du temps sans prendre une ride.

Il est vrai que la qualité des textes et les formidables dons d’acteurs du trio capable d’incarner tout type de personnages, y compris féminin  ont placé la barre très haut.

Même si certains passages (notamment les fausses pubs) sont plus faibles, ce best of fait toujours passer un bon moment et rire à nouveau avec plaisir à des sketchs qu’on pourrait penser à présent bien usés.

Aujourd’hui chacun des trois membres est passé à de nouveaux horizons, voguant de manière individuelle vers divers succès d’acteurs mais de mémoire d’homme du XX ieme siècle on ne retrouvera pas depuis lors pareil succès comique d'aussi grande ampleur fédératrice.

Dans l’humour français, les Inconnus trônent aux cotés de Coluche derrière Defunès, Bourvil et Galabru.

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