The very best of (Deep Purple)

 



Si vous ouvrez quasiment n’importe quelle encyclopédie du rock il y a fort à parier que vous tombiez au détour d’une page sur Deep Purple, tant ce groupe anglais fait figure de légende auprès des puristes.

Mais avec une carrière étalée sur plus de quarante ans, de nombreux changements de style suivant les époques et les évolutions de personnel, plus d’une quinzaine d’albums studio et d’innombrables albums live, vous ressortirez sans doute passablement perdu de votre lecture ne sachant pas vraiment par quel bout entamer la découverte des natifs de Birmingham.

Pour remédier à ce problème je me propose de vous guider à travers de « The very best of » Deep Purple.

Sorti en l’an de grâce 2000 sous une présentation soignée avec le livret des paroles, des textes explicatifs et de nombreuses photos d’époque, ce meilleur de débute avec « Hush » reprise des années 60 de Billy Joe Royal, véritable tube stratosphérique au groove chaud et hyper entraînant.

Le style de Deep Purple transparaît déjà, avec un tempo soutenu hard et fun (Ian Paice Nick Simper à la section rythmique) , de longs passages d’orgue Hammond si caractéristiques (Jon Lord)  et un excellent chanteur (Rod Evans).

On sent néanmoins le groupe en rodage sur « Kentucky woman » reprise de Neil Diamond, qui bien que de bonne qualité demeure un cran en dessous du celle de Billy Joe Royal.

Le véritable Deep Purple apparaît avec « Black night » , premier single promotionnel de l’album « In rock » et morceau d’une fluidité exceptionnelle porté tout le long par un riff magique de Ritchie Blackmore.

On rehausse le ton avec « Speedking » , d’une violence inouïe pour l’époque avec un nouveau chanteur Ian Gillan, capable de chanter de manière très agressive dans les aigus.

Fort de ces considérations, « Speedking » peut être considéré comme l’acte de naissance d’un heavy metal qui sera ensuite brillamment développé par Judas Priest.

Arrive ensuite le troisième chef d’œuvre de l’album « In rock », « Child in time » sans doute le plus impressionnant de tous avec ses dix minutes de composition dense,  complexe sur laquelle règne un puissant souffle épique.

L’intensité surnaturelle de ce titre couplée à la qualité exceptionnelle du chant exalté de Gillan, contribue à en faire pour moi une sorte d’ovni musical et l’un des morceaux de hard rock les plus ambitieux jamais écrits.

L’atterrissage est alors plutôt rude avec « Strange kind of woman », single promotionnel en comparaison bien plan plan présentant l’autre face plus commercial du groupe.

Le Pourpre Profond se reprend alors sur « Fireball », également très rapide mais à mes yeux largement moins abouti que les brûlots de l’album précédent.

De fortes réminiscences blues s’expriment avec « Demon’s eye » , sexuel et chaloupé mais le véritable génie qui à fait la renommée des anglais resurgit de manière éclatante sur « Highway star » , véritable chef d’œuvre de heavy asséné avec une classe et un talent insurpassables.

Riffs d’enfer, vitesse, mélodie et chant exalté composent cette combinaison fatale qui redéfinit en son temps (1972) les standards encore balbutiants du hard rock.

Les historiens du rock vous parleront ensuite longuement de « Smoke on water » dont le coté commun est en réalité complètement masquée par un seul riff sans doute le plus connu de l’histoire du rock après celui de « Highway to hell » d’AC/DC.

On appréciera plus en revanche « Space truckin’ » délire de space rock enflammé et jouissif.

Pas grand chose à dire sur le sympathique mais terne mid tempo rock « Woman from Tokyo » si ce n’est qu’il contraste avec le fantastique « Burn » qui avec ses refrains flamboyant décolle littéralement l’auditeur pour l’emmener loin dans le ciel.

Avec le départ de Gilan et l’arrivé de David Coverdale au chant, l’age d’or du groupe s’étiole, malgré quelques beaux restes comme le formidablement destructeur « Stormbringer » , préfigurant les personnages mi divins mi monstres du bestiaire de Judas Priest.

Le best of se termine avec le retour de Gillan sur un titre des années 80, « Knocking at your backdoor » , sympathique mais à l’image d’un groupe un peu amorti versant dans un rock plus bourgeois et pépère pour moi sans grand intérêt.

En conclusion, « The very best » est un très bon disque reprenant les morceaux les plus légendaires du groupe centrés sur le début des années 70 tout en faisant la jonction avec les titres les plus marquants précédant et succédant à cette période glorieuse.

L’auditeur avide ne pourra donc pas raisonnablement s’estimer lésé ou déçu de son acquisition.

Mais maintenant que vous êtes allés au bout de la chronique, je peux vous l’annoncer, les deux seuls albums incontournables de la carrière de Deep Purple sont « In rock » et « Machine head », les autres trop inégaux ne brillant que par à coups et s’avérant bien décevant sur la durée.

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