Capitaine Conan (Bertrand Tavernier)


 

Adapté d’un roman de Roger Vercel, « Capitaine Conan » est l’œuvre de Bertrand Tavernier qui couronna Philippe Torreton, auréolé d’un césar après la sortie du film en 1996, soit il y a plus de vingt ans déjà.
« Capitaine Conan » a pour cadre la fin de la Première guerre mondiale avec un théâtre des opérations oubliés, les Balkans en 1918 ou l’armée française lutte farouchement avec ses alliés pour faire plier les Bulgares alliés des Allemands.
Dans cette guerre de tranchées, un homme, le capitaine Conan (Philippe Torreton) s’illustre avec son commando par des actions éclairs dans les lignes ennemies ou il massacre souvent à l’arme blanche afin de créer une sensation de peur dans la camps adverse.
Insubordonné et bravache, Conan se lie d’amitié avec le lieutenant Norbert (Samuel Le Bihan) un homme posé et réfléchi qui le prend en sympathie.
Mais lorsque l’armistice est signée, la troupe est alors déplacée vers la Roumanie là ou la situation se détériore rapidement.
Démobilisés au sein d’une attente qu’ils ne comprennent plus, les hommes de Conan commettent des exactions : bagarres, vols avec violence qui leur attirent peu à peu les foudres de la hiérarchie militaire.
Dès lors des hommes comme le Général Pitard de Lauzier (Claude Rich) réclament alors des procès exemplaires pour ceux qui se comportent mal et Norbert est alors nommé contre son gré défenseur alors qu‘il n‘a aucune compétence juridique…
Fort de ses succès en tant que défenseur, Norbert passe ensuite accusateur au grand damne de Conan qui sait ses hommes compromis dans une vilaine affaire de braquage ayant causé la mort de deux femmes, civiles et étrangères de surcroit.
Ulcéré par l’attitude des coupables, Norbert s’acquitte de sa tache du mieux qu’il peut pour les coincer mais s’arrange pour leur aménager une peine moindre, 3 ans réduits à 1.
Une autre affaire délicate l’occupe ensuite, la prétendue désertion du soldat Jean Erlane (Pierre Val) méprisé par son supérieur le lieutenant de Scève (Bernard Le Coq) lui aussi d’ascendance noble et qui veut pour cette raison le faire passer par les armes.
Aidé par Conan qui croit en l‘innocence de Erlane, Norbert sollicite l’aide du Père Dubreuil (Pierre Bosset) en l’emmenant sur la ligne de front avant de l’aider à forger des arguments solides pour défendre le prévenu.
Après une féroce empoignade lors du procès d’Erlane ou de Scève obtient une condamnation, la compagnie est de nouveau mutée en Hongrie pour surveiller depuis le Danube l’avancée des troupes bolchéviques.
Sonné par cet échec et par l’annonce douloureuse de la condamnation à la mère d’Erlane (Catherine Rich), Norbert demande a être démis de ses fonctions et réintègre lui aussi à présent les troupes de combat.
Sur le terrain, une nouvelle fois Conan se distingue par son sens pratique et tactique en faisant disposer les mitrailleuses là dans une zone marécageuse ou les Russes attaquent.
Il s’arrange pour emmener ses hommes, pour la plupart mutins à l’assaut en y incluant Erlane qui y trouve une mort héroïque réparatrice.
Le film se termine sur un ultime face à face entre Norbert Conan, revenu vieilli et dépressif à la vie civile en Bretagne.
En conclusion, « Capitaine Conan » est un film puissant narrant une histoire d’amitié entre deux hommes, l’un archétype de la virilité guerrière même et l’autre de la raison et du droit.
Derrière ce face à face ou finalement Le Bihan se montre à mon sens supérieur car plus subtil au rugueux Torreton, on trouve une formidable reconstitution des batailles de l’époque dans les montagnes de l’Est de l’Europe.
Français et classique donc jusqu’au bout des ongles, ce « Capitaine Conan » mérite son succès certes limité au niveau hexagonal.

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