Timbuktu (Abderrahmane Sissoko)

 



Cinéma étranger, Malien plus exactement avec « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissoko qui sorti décrocha de nombreux prix et fut auréolé de 5 césars.
Sorti en 2014, « Timbuktu » raconte la prise de contrôle de la ville par une milice islamiste pratiquant la charia pure et dure.
Kidane (Ibrahim Ahmed) un éleveur bovin touareg se refuse de quitter son emplacement habituel et continue sa vie paisible même si femme Satima (Toulou Kiki) fait l’objet de visites de plus en plus insistantes d’Abdelkrim (Abel Jafri) l’un des leaders arabes du groupe composé d’une mosaïque de combattants étrangers, notamment français ayant tourné le dos à l’Occident.
Si l’iman (Abel Mahmoud Cherif) tente courageusement de faire jouer son prestige pour entraver la montée en puissance des djihadistes commandés par Abou Jafaar (Damien Ndje), ceci ne suffit pas à instaurer progressivement leurs lois : obligation aux femmes de se couvrir y compris mains et pieds, interdiction de jouer au football et d’écouter de la musique…
Les arrestations se multiplient et aboutissent à des condamnations toujours plus sévères : coups de fouets et même lapidation pour les adultères.
Un jour le destin de Kidane bascule lorsque Amadou (Omar Haidara) le pêcheur tue sa vache préférée GPS qui s’était emmêlée dans ses filets.
Furieux, Kidane s’en va régler ses comptes et se bat avec le pécheur.
Après une lutte confuse, Kidane le tue à l’aide d’un pistolet.
Arrêté par les djihadistes, il est jugé selon les principes de la charia et ne pouvant ni payer le tribu exorbitant qu’on lui réclame ni se faire pardonner de la famille de sa victime est condamné à mort.
Kidane accueille dignement la sentence, son seul regret étant de ne pas pouvoir revoir sa fille adorée Toya (Layla Walet Mohamed).
Avant de mourir, un raid à moto lui permet de voir une dernière fois Satima qui se jetant dans ses bras provoque leur mort à tous les deux.
Seule, Toya court dans le désert pour échapper aux djihadistes.
En conclusion, film original traitant d‘un sujet brulant de l‘actualité, « Timbuktu » est surtout remarquable par sa patiente construction et sa lenteur, similaire au rythme de vie des habitants du désert malien.
Le processus de domination est brillamment décortiqué tout comme la résistance des habitants.
La tragédie est présente mais à mon sens trop lourdement appuyée…
Outre sa mollesse, « Timbuktu » pêche pour moi par quelques personnages et scènes assez inexplicables : tel ce plan d’un blanc emmené dans le désert et traité comme un otage mais avec un certain respect par les djihadistes ou Zabou, cette illuminée mystique étrangement laissée en paix par les islamistes…
La fin laisse également le beau rôle aux forces fascisantes qui ont gagné puisque asservi la ville et tué ou emprisonné les résistants.
Ce triomphe fataliste du Mal représenté par quelques barbus armés de vieilles pétoires, laisse donc un gout amer dans la bouche et confère au film un aspect trop geignard à mon sens.

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