Divine intervention (Slayer)

 



Retour à la musique bruyante avec « Divine intervention » de Slayer.

J’ai toujours eu un petit faible pour cet album, le premier de Slayer que j’ai acheté et dont la vieille cassette audio à la bande magnétique usée a longuement figurée dans la boite à gant de ma voiture pour les moments de ras le bol général nécessitant une révolte immédiate.

Inouï d'ailleurs comme la musique peut parfois vivre avec nous et nous accompagner comme une amie sure dans les épreuves les plus difficiles à traverser.

En 1994, après la tournée « Seasons in the abyss » et l’album live associé, le groupe de thrashers américains connaît son premier gros souci puisque son batteur, le très renommé Dave Lombardo quitte la formation.

Avec son style unique, à la fois technique, rapide et surpuissant, Lombardo était pour beaucoup dans l’élaboration du son de Slayer et par conséquent de son succès.

Déstabilisé par cette perte majeure et enfermé dans un contexte devenu hostile au thrash metal des années 80, le groupe réagit et embauche un nouveau batteur le costaud Paul Bostaph pour se mettre au gout du jour et moderniser un peu son son.

L’imagerie a ici évoluée, délaissant le satanisme de bazar pour une esthétique à la morbidité sobre non sans rappeler les œuvres du sculpteur H.R Giger.

Cette intervention divine inaugure avec « Killing fields » le nouveau son de Slayer, toujours thrash mais plus aseptisé et moins mordant qu’à l’accoutumé.

Passé cet effet de surprise assez déroutant, l’auditeur se cale sans problème sur ce mid tempo efficace mais manquant grandement d’originalité.

On accélère subitement avec « Sex.Murder.Art » qui déboule telle une tornade dotée d’une précision chirurgicale et dévaste tout sur son passage en moins de deux minutes avec un final monumental de puissance.

Domination, déviance, perversion, transgression, torture et meurtre seront les thèmes majeurs associés à ce disque sombre et sans concession.

Abordant un aspect plus politique, « Fictionnal reality » déroule une atmosphère plus rampante et contrastée qui bien que parfaitement maîtrisée fait grandement chuter l’intensité.

Nouvelle poussée de violence avec « Dittohead » et ses influence punk survitaminées.

Rapidité et brutalité forment ici un cocktail difficile à digérer.

Arrive alors le morceau central du disque, « Divine intervention » et son tempo obsédant, trahissant la souffrance ininterrompue d’un homme torturé.

Dans ce cauchemar sans issue, l’auditeur englué dans une gigantesque toile d’araignée et anesthésié par un venin mortel regarde fasciné la mort ramper hideusement jusqu’à lui sans pouvoir esquisser le moindre geste de défense ou de fuite.

Le très musclé et intense « Circle of belief » vient l’arracher vigoureusement à ses fantasmes morbides.

On retrouve ici le Slayer cinglant, dominant son art en tyran implacable.

L’aspect controversé du groupe est de nouveau remis au goût du jour avec « SS-3 », morceau lent et poussif traitant de la vie de Reinhard Heydrich, l’un des principaux dirigeants du IIIieme reich.

Slayer renoue avec des ambiances (légèrement) moins pestilentielles avec « Serenity in murder » qui alterne couplets doux et lancinants avec folles envolées guitaristiques pour un résultat légèrement bancal.

Une longue introduction envoûtante sur « 213 » prélude une redoutable montée en puissance ou le groupe renoue avec sa totale maîtrise des tempo médians.

L’album se termine sur la traditionnelle bastonnade de « Mind control » qui remplit honnêtement son office sans bouleverser personne.

En conclusion, « Divine intervention » peut être considéré comme étrange au regard de la discographie antérieure du groupe.

Bien entendu le style pratiqué diffère grandement des premiers albums et le groupe perd en inspiration, en tranchant et en intensité par rapport à ses plus belles années.

Une fois digéré ce changement d’orientation musicale, « Divine intervention » n’est pas dans l’absolu un mauvais disque et recèle son lot de guitares offensives, de rythmiques puissantes, et une belle variété d’atmosphères qui lui confère une certaine richesse musicale.

Outre la légère faiblesse nostalgique dont je suis coupable à son égard, « Divine intervention » est un album sombre, violent, homogène et varié, toujours plaisant l’écoute même si l’absence de Lombardo fait assurément descendre le groupe de son piédestal doré.

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