Mammuth (Gustave Kerven, Benoit Delepine)

 



Voyage dans l’atypique et le décalé avec « Mammuth » film français de Gustave Kerven et de Benoît Delepine sorti en avril 2010.

Je connaissais les deux compères par leur humour très trash et quelques fois lourd de l’émission « Groland » tous les samedi soirs sur Canal +.

Je connaissais également leur premier film « Michael Kael contre la World Compagny » que j’avais trouvé nullissime mais c’est ici la présence de Gérard Depardieu qui m’a incité à aller voir leur dernière production.

L’histoire est celle de Serge Pillardosse (Gérard Depardieu), ouvrier dans une usine à découper les porcs qui apprend à 60 ans que pour lui l’heure de la retraite a sonné.

Après un hilarant pot de départ à basse de mastication intensive de chips et d'offrande de puzzle comme cadeau de départ, Serge rejoint son épouse Catherine (Yolande Moreau) qui elle continue de travailler comme caissière de supermarché.

Cheveux longs, silhouette massive (il pèse au moins 140 kilos !) et air en permanence égaré, Serge se montre assez rapidement en complet en décalage avec le monde moderne.

Mais le couple s’aperçoit qu’il manque quelques fiches de paye à Serge pour pouvoir bénéficier du taux plein de sa retraite aussi le jeune retraité se voit il dans l’obligation d’entamer un périple pour retrouver les entreprises pour lesquelles il a travaillé dans sa jeunesse durant les années 70.

Serge enfourche alors sa vieille moto Mammuth des années 70 et se lance sur les routes de la campagne charentaise à la recherche d’un passé révolu.

Au cours de cette version moderne et sociale de l’Odyssée (!) , il fera des rencontres de personnages décalés, marginaux comme lui quelques fois inquiétants mais le plus souvent hilarants.

On trouvera donc dans cette belle galerie de « freaks » grolandais, une belle escroqueuse (Maria Mougladis) qui feint le handicap pour l’amadouer et le voler, un fantastique maniaque du détecteur de métaux (Benoît Poelvoorde dans un rôle sur mesure) , une cousine artiste semi dérangée (Miss Ming) qui écrit des poèmes et décore sa maison de poupées amputées.

Dans ce monde moderne ou il n’a plus sa place, Serge aura les plus grandes peines à réunir les précieux documents.

Hanté et guidé par le souvenir son amour de jeunesse, la belle Isabelle Adjiani, morte d’un accident sur sa propre moto, Serge finira par prendre la décision la plus sage et finira par abandonner cette quête vide de sens.

En conclusion, je me suis demandé si « Mammuth » n’avait pas accordé le meilleur rôle de sa carrière à Gérard Depardieu.

Il campe ici une force de la nature, pure, généreuse, naïve et sensible qui avance dans le monde moderne qui lui ne lui fait pas de cadeaux.

Sur un fond social, celui des petites gens qu’affectionnent tant Delepine et Kerven, « Mammuth » développe une belle poésie autour de l’exploration du passé, de la nostalgie du temps qui passe mais aussi de la nécessité de vivre l’instant présent, dans la nature, la simplicité contre la folie d’un monde stupide et souvent déshumanisé.

A mon sens les gens comme Serge qui ne peuvent ou ne veulent se conformer à la norme sont les authentiques héros rebelles de notre époque beaucoup plus que les rappeurs capitalistes ou les rockeurs au train de vie de multi millionnaires.

On rit souvent dans « Mammuth » mais le plus important est qu’on est surtout touché en plein cœur par le parcours d’un homme simple, bon et authentique.

Un « The Wrestler » à la française en quelque sorte, ni plus ni moins.

Je ne regarderai plus jamais Groland de la même manière.

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