La panthère des neiges (Sylvain Tesson)

 



Grand succès populaire et littéraire de 2019 avec un prix Renaudot, « La panthère des neiges » est un nouvel ouvrage « de voyage » du prolifique Sylvain Tesson.

Cette fois, l'écrivain aventurier accompagne Vincent Munier, un photographe animalier de classe mondiale avec sa compagne et un ami philosophe sur les traces d'un animal réputé insaisissable : la panthère des neiges.

Vivant sur les hauts plateaux de l'Himalaya à plus de 5000 mètres d'altitude, ce félin unique se cache pour échapper à son unique prédateur : l'homme.

Alors avec Munier, le bavard et fougueux Tesson va apprendre les vertus de l'affut : science de l'immobilité, du silence et de la patience.

Mais avant de toucher au Saint Graal, le groupe effectue plusieurs repérages, croisant des troupeaux d'antilopes, de yacks et finalement assez fréquemment des loups solitaires et autres chats de Pallas

Cette (re)découverte du Tibet avec le plateau du Hang-tang et les vertigineux monts Kunlun flirtant avec les 7000 mètres constitue autant de matière aux habituelles introspection dont l'auteur à le secret.

Attiré par une carcasse de yack déposée devant une grotte, le superbe animal qui jouait à cache-à-cache avec ses poursuivants, finit par se montrer dans toute sa superbe.

Pour Tesson, il s'agit d'un éblouissement quasi-mystique et on comprend qu'à travers la perfection animale qu'il contemple, il fait renaitre un peu aussi les femmes de sa vie qu'il a perdues.

Quand l'heure du retour sonne, c'est un voyageur métamorphosé, enrichi qui s’apprête à reprendre sa route.

En conclusion, « La panthère des neiges » constitue l'un des meilleurs romans de Sylvain Tesson et mérite (une fois n'est pas coutume) largement tous les honneurs qui lui ont été faits.

Tout y est ou presque, la lente et pénible progression dans des paysages glacés et désertiques pour atteindre un but plus qu'incertain, les réflexions métaphysiques sur l'origine du monde et son ordonnancement, les critiques acérées de l'Humanité et de son curieux sens du progrès qui consiste à détruire tout ce qui l'entoure, le tout sculpté à la science des formules aphoriques dans lesquelles l'auteur est passé maitre.

Puissant, profond mais aussi mélancolique et sans doute parfois trop résigné sur l'avenir du monde, « La panthère des neiges » se dégustera de préférence avec ravissement dans le calme et le repos des retraites spirituelles.

Encore bravo de nous enchanter Monsieur Tesson !

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