Seasons in the abyss (Slayer)

 



Sorti en 1990, « Seasons in the abyss » marque le point culminant de l’age d’or de Slayer avant le départ de leur légendaire batteur Dave Lombardo.

On remarquera tout de suite la pochette, particulièrement glauque puisque issue de dessins du tueur en série nécrophile Edward Theodore Gein, dont le sanglant parcours dans les années 50 inspira sur ce disque le chanteur Tom Araya.

« Seasons in the abyss » possède donc le parfum de scandale souvent associé à Slayer mais le  réduire à cela serait oublier l’essentiel : la musique.

Le morceau introductif, « War ensemble » devenu un classique du thrash, est une longue et intense cavalcade ultra soutenue par le jeu implacable de ce diable de Lombardo.

Les refrains accrocheurs et le remarquable équilibre de l’ensemble montrent tout le savoir faire et la maîtrise acquis par le groupe en sept années d’existence.

Lui succédant « Blood red »  est un agréable morceau de transition annonçant un « Spirit black » terrible de fluidité et de puissance.

Qualité des riffs, puissance du groove et précision du phrasé au scalpel d’Araya caractérisent ce titre majeur.

Décidément très en verve, Slayer montre avec « Expendable youth » qu’il est aussi redoutablement efficace sur les tempos plus lents.

Mais l’un des chef d’œuvres du disque arrive avec « Dead skin mask », directement inspiré cette fois de Gein qui avait pour habitude de découper la peau de ses victimes pour se confectionner des masques ou des objets.

Malgré ce sujet franchement horrible, « Dead skin mask » s’avère d’une douceur étrange, malsaine, et comme hanté par des riffs et des refrains au charme hypnotique.

Après cette courte parenthèse mélodique, Slayer remet les gaz avec « Hallowed point » joué avec rage et intensité.

On s’attend alors à une logique baisse de régime mais il n’en est rien tant « Skeletons of society » se révèle fantastiquement fluide et incroyablement fédérateur.

Retour de la hargne sur « Temptation »  et « Born of fire » courts et incisifs, le dernier nommé étant tout de même un ton en dessous.

Alors qu’on pensait que Slayer avait épuisé ses plus belles cartouches et s’apprêtait à partir la tête haute avec un album des plus honorables, on est complètement assommé par « Seasons in the abyss » le dernier titre de ce disque d’exception.

Une longue et grandiose introduction à la magie envoûtante introduit les riffs de guitares musclés de la paire Henneman/King avant que Tom Araya ne déroule des lignes vocales d’une incroyable pureté mélodique.

Tout est mythique dans ce titre hors norme, les refrains, les solos et jusqu’à l’ambiance inspirée par l’Egypte antique comme le montrait le clip tourné prêt des pyramides à l’époque.

En conclusion, « Seasons in the abyss » est pour moi le meilleur album de Slayer avec une combinaison quasi parfaite de mélodies envoûtantes et de puissance savamment dosée.

Moins extrême que « Reign in blood », plus puissant que « South of heaven », ce disque recèle des compositions parfaitement équilibrées d’un niveau souvent ahurissant.

Les titres s’enchaînent, fluides, inspirés, formidablement bien pensés et architecturés pour former un classique incontournable du Metal.

En progrès constants depuis ses débuts, Slayer atteint donc son apogée artistique sur ce disque phare des années 90, avant de devoir ensuite se remettre en question après le départ son batteur en cherchant de nouvelles et délicates orientations musicales.

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