La condition humaine (André Malraux)
Quand on s’attaque à « La condition humaine » d’André Malraux on a l’impression de se confronter à un monument de la culture française d’où le léger sentiment d’écrasement qu’on peut ressentir à sa lecture.
« La condition humaine » est un roman à forte teneur historique centré sur un événement précis, la tentative de révolution communiste à Shanghai en 1927 et son échec se soldant par un terrible massacre.
Les personnages centraux, principalement des révolutionnaires communistes sont tous profondément ancrés dans cette réalité historique ce qui rend le roman incompréhensible sans un rappel préalable sur la complexité de la situation en Chine à cette époque.
En 1927, Shanghai est encore une enclave occidentale depuis le traité de Nankin, le reste du pays étant dominé par le Kuomintang, fragile union des nationalistes et des communistes chinois.
Mais ces derniers pilotés par les communistes russes du Komintern veulent prendre le pouvoir et éliminer le leader nationaliste du Kuomintang, Tchang Kai Check.
Dans le même temps le pouvoir colonial symbolisé par Ferral, un français directeur d’un consortium occidental, essaie de s’allier avec Tchang Kai Check dans l’espoir d’enrayer un avènement communiste qui maquerait la fin d’un système économique rentable.
Les héros du roman de Malraux sont les membres d’un petit groupe de communistes révolutionnaires participant à la révolte de Shanghai.
Il y a la Kyo Gisors, métis japonais et occidental, leader spirituel du groupe, sa compagne May et son père Gisors, ancien professeur et intellectuel marxiste qui s’est retiré de la lutte armée et médite de manière philosophique entre deux rêveries d’opium.
Les autres membres sont Katow, un vétéran de la révolution russe qui a connu la déportation en Sibérie, Hemmelrich ouvrier brisé par sa propre misère et Tchen terroriste chinois hanté par sa fascination du suicide.
A ce groupe on rajoutera le Baron Clappique, ancien marchand d’art français, électron libre, insaisissable excentrique et mythomane noctambule qui joue le rôle d’entremetteur dans la récupération de pistolets pour armer la révolution communistes.
Pas à pas nous suivons les préparatifs de l’insurrection, découvrant chacune des facettes des personnalités des acteurs de ce drame jusqu’à la réalisation de l’acte en lui même et le déchaînement de violence qui s’ensuit.
Mais par un retournement de jeux de pouvoirs, la tentative avorte et les troupes révolutionnaires reprennent le contrôle de la ville, arrêtant et massacrant les insurgés communistes.
La dernière partie du roman consiste donc en la déchéance des héros.
En conclusion j’ai pour ma part été assez peu réceptif à ce roman.
J’avoue avoir été gêné par le contexte historique que je connaissais mal, jugeant de surcroît les événements (une révolte chinoise qui échoue) assez peu passionnants.
Lire aujourd’hui des histoires de communisme relève presque pour moi de la Science fiction tant ses derniers représentants semblent plus tenir des dinosaures de Jurrassic Park que d’une réelle force de progrès promesse d’un monde meilleur.
Peu d’intérêt pour le cadre donc, un peu plus pour le destin individuel des personnages, chacun vivant sa condition humaine à sa manière dans ce contexte d’action politique, avec Gisors en vieux sage contemplatif dispensant ses leçons de sagesse tel un vieux philosophe omniscient et détaché de tout.
Je dois également reconnaître ne pas avoir été franchement séduit par le style de Malraux.
A la lecture de ce livre étant donné le fort parti pris pour les travailleurs opprimés retrouvant leur dignité dans l’idéologie communiste, on pourrait penser Malraux en tant qu’auteur d’extrême gauche mais l’histoire montrera bien évidemment le contraire.
Commentaires
Enregistrer un commentaire