Pensées pour moi-même (Marc Aurèle)

 




La philosophie stoïcienne toujours à l’honneur avec  les « Pensées pour moi-même » de Marc Aurèle, uniques écrits qui nous soient parvenus de l’empereur philosophe.

« Pensées pour moi-même » a été rédigé durant la fin de la vie de l’empereur sur les champs de bataille germaniques en bordure du Danube.

En douze livres, Marc Aurèle développe une philosophie stoïcienne très prononcée, marquée par une acceptation de la fragilité et de la brièveté de l’existence de l’homme qui n’est finalement qu’un maillon dans la gigantesque chaîne de génération et de destruction de matière orchestrée par les dieux.

De ce constat découle une grande humilité, un refus de s’abandonner à la poursuite des  richesses, des honneurs et des plaisirs faciles.

Le sage  doit donc avoir conscience de sa mortalité, affronter sereinement le destin en s’exerçant à vivre dans l’exercice des vertus et être prêt quand le moment sera venu à accepter les coups du sorts que sont l’infortune, la maladie et la mort.

Bien se comporter durant son existence terrestre consiste donc à faire preuve de prudence, justice, tempérance, courage pour se comporter de manière simple, bienveillante à l’égard de son prochain tout en restant insensible aux passions violentes comme l’envie, la colère, la haine ou la défiance.

Le corps et même l’âme par nature périssables sont réduits à des niveaux inférieurs au profit de l’intelligence seule en mesure d’amener l’homme sur la voie de la paix intérieure.

Pour Marc Aurèle, le Monde est un grand Tout en perpétuel mouvement organisé par une volonté divine à laquelle l’homme ne peut se soustraire d’où la nécessité de révérer les Dieux tout en étant capable de venir en aide à ses semblables, de tolérer leur ignorance, et d’essayer de les remettre sur la voie de la raison quand cela est nécessaire.

En conclusion, dans ce recueil d’une grande profondeur on trouve les principes même de la philosophie stoïcienne, à savoir renforcer son âme, l’expurger de ses faiblesses pour se doter d’une cuirasse intérieure permettant de faire face aux éléments perturbateurs de l’existence.

Une critique : « Les pensées pour moi-même » n’ont pas de ligne directrice globale ni de liaisons d’un livre à l’autre et les redites y sont nombreuses.

Mais même si le style de Marc Aurèle est à mes yeux moins magique que celui de Sénèque, certains passages sur le coté éphémère de l’existence confinent au superbe.

J’ai été touché par la lucidité, la simplicité et la sociabilité d’un homme aussi puissant qu’un empereur romain ce qui confère à l’exceptionnel quand on connaît la sanglante histoire de Rome.

J’ai toujours été fasciné par cet empereur modèle qui malgré sa constitution fragile passa prêt des trois quarts de son règne en d’épuisantes campagnes miliaires pour défendre Rome contre les envahisseurs et trouva le temps à ses rares moments perdus pour coucher par écrits ses réflexions profondes.

Mais cette fascination ne m’empêche pas de reconnaître les quelques paradoxes du personnage, notamment la persécution des chrétiens, essentiellement pour préserver l’unité de l’Empire menacée par cette nouvelle religion.

Preuve donc que tout philosophe humaniste qu’il fut, Marc Aurèle a du aussi prendre des décisions politiques aboutissant à des actes d’une grande violence.

Pour moi  ses « pensées pour moi-même » devraient donc s'appeler « Les pensées pour vous autres » tant leur portée universelle peut s'avérer une puissante aide pour tout individu au cours de sa vie.


Commentaires

  1. "La durée de la vie humaine est un point ; la matière, un flux perpétuel ; la sensation, un phénomène obscur ; la réunion des parties du corps, une masse corruptible ; l'âme, un tourbillon ; le sort, une énigme ; la réputation, une chose sans jugement. Pour le dire en somme, du corps, tout est fleuve qui coule ; de l'âme, tout est songe et fumée ; la vie, c'est une guerre, une halte de voyageur ; la renommée posthume, c'est l'oubli. Qu'est-ce donc qui peut nous servir de guide ? Une chose, et une seule, la philosophie."

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