Undisputed attitude (Slayer)

 



En 1996, deux après le recrutement de son nouveau batteur Paul Bostaph, Slayer sort un album de reprises punk intitulé « Undisputed attitude ».

La plupart de groupes repris sur ici sont issus de la scène américaine des années 70/80 et demeurent relativement peu connus du grand public.

« Undisputted attitude » démarre sur les chapeaux de roues à une vitesse hallucinante par un medley de reprises du groupe Verbal abuse « Desintegration/free money »  puis « Verbal abuse/Leeches ».

Slayer aligne quatre titres en moins de trois minutes, étouffant littéralement l’auditeur sous un torrent de bastonnade tout azimut.

Les coups assénés pleuvent pieds, poings, tête coupant le souffle et provoquant un sentiment d’incompréhension ahurie.

Impossible en effet de se caler sur le rythme d’un morceau que déjà le suivant vous saute à la gorge tel un punk en état de manque d'alcool ou de drogue.

L’énergie et la rage sont bien au rendez vous et la folle mêlée continue avec « Abolish government/superficial love » du groupe TSOL (True Sound of Liberty) terriblement cinglant.

Le groupe ressort deux compositions de Jeff Hanneman «  Can’t stand you »  et « Ddam » sortes de missiles chargés de punk hardcore minimaliste survitaminé assez médiocre.

C’est ensuite au tour de Minor Threat d’être passé à la moulinette thrash avec « Guilty of being white » et en à peine plus d’une minute le traitement s’avère plus proche de l’électrochoc de bloc de réanimation que de la caresse veloutée.

Slayer revient ensuite sur Verbal abuse et réalise une reprise intéressante de « I hate you » car un peu plus posée.

C’est d’ailleurs ce morceau qui servira de base au vidéo clip de l’époque, avec tout ce qui insupporte le groupe que ce soient les mères au foyer, les flics ou les puritains.

Réaccéleration haineuse sur « Filler/I don’t want to hear it » de Minor Threat  gavé jusqu’à la gueule de speed.

La reprise de « Spiritual law » de D.I s’avère en revanche beaucoup plus hachée et poussive.

Jusqu’ici le sentiment dominant est celui d’une trop grande énergie mal canalisée produisant un résultat suragressif et brouillon, une sorte de tornade sonore version  punk harcdore dans l’esprit sans concession d’un « Reign in blood » .

Mais la deuxième partie du disque surprend, comme si Slayer avait gardé ses meilleurs cartouches pour la fin.

Les morceaux sont légèrement plus longs, passant le cap des 2 minutes 30,  ce qui permet de poser un semblant de structure tout en gardant le punch phénoménal des premiers éclats.

Plus massif « Mr Freeze » de Dr Know atteint sa cible tout comme « Violent pacification » de D.R.I (Dirty Rotten Imbeciles ), qui après un début supersonique parvient à calmer le jeu pour développer de véritables refrains entraînants.

Etalée sur plus de 3 minutes, la deuxième reprise de D.I, « Richard hung himself » est elle fabuleuse avec encore une fois un superbe break central offrant une variation des plus intéressantes.

Slayer s’attaque ensuite au monument historique du punk-rock, le cultissime « I wanna be your dog » des Stooges repris en « I wanna be your god ».

Le groupe réussit à imposer son style, créant une version originale encore plus malsaine que l’originale.

Pour couronner le tout, l’album se termine par une composition originale, « Gemini » en complet décalage avec l’atmosphère punk-hardcore de l’ensemble.

« Gemini » est un lent morceau sombre et envoûtant doté de passages faussement doucereux introduisant une montée en puissance progressive aboutissant à un déchaînement de violence.

En conclusion, cet album complètement atypique divisa bien entendu les fans du groupe.

La violence de Slayer est encore une fois présente à un niveau quasi inégalé jusqu’alors mais le style pratiqué un punk hardcore minimaliste et frénétique a certainement beaucoup dérouté, laissant les rumeurs quand au  manque d’inspiration musicale du groupe s’installer.

Difficile à digérer dans sa première moitié en raison de ses fulgurances ininterrompues, « Undisputted attitude » finit par se laisser apprivoiser dans sa seconde moitié plus structurée et recèle un coté jouissif qui m’a toujours séduit.

Régressif, abrasif, insensé, outrancier, voilà les adjectifs qui me viennent à l’esprit à l’écoute de ce disque.

Mais en réalité, tellement rebelle et rock n’ roll dans l’esprit qu’il me paraît difficile de ne pas adhérer.

Album idéal pour provoquer une crise cardiaque chez une belle mère indélicate.



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