Black gives way to blue (Alice in Chains)

 




Quand en 2002, Layne Staley décède on comprend que privé de son chanteur mythique Alice in Chains est un groupe appartenant à une époque révolue, celle des années 90 et du mouvement Grunge.

Alors comme à chaque fois qu’on se retrouve face à des circonstances supérieures, on fait contre mauvaise fortune bon cœur et on se dit qu’il restera  pour la postérité quelques jolies pépites discographiques qu’on écoutera de temps en temps avec l ‘émotion de la nostalgie.

Pourtant qu’elle ne fut pas ma surprise en 2006 de constater que le deuxième groupe le plus connu de Seattle après un certain Nirvana se reformait avec un nouveau chanteur, le dénommé William Duvall à la faveur de quelques concerts bien sentis.

La bonne entente entre les musiciens donna en 2009 fort logiquement naissance à un nouvel album totalement inespéré, « Black gives way to blue ».

C’est donc avec l’excitation et anxiété du fan que j’ai écouté cette nouvelle galette.

« Black give to blue » renoue avec les pochettes anatomiques issues des livrets de médecine déjà utilisées sur l’album « Alice in Chains » en 1995.
On pourrra y voir le symbole d'une nouvelle vie rythmée par les battements de ce coeur exposé.

« All secrets known » débute avec classe et élégance.

Le son est gigantesque, tempo est lent, les harmonies vocales extraordinaires, on retrouve avec plaisir les atmosphères enivrantes des meilleurs compositions d’Alice in Chains avec cette grâce fragile de grand oiseau blessé.

Plus déroutant est « Check my brain », avec son riff  étrange, sourd et lancinant évoquant le bruit assez déplaisant d’une tondeuse à gazon.

Foncièrement plus métal, « Last of my kind » se montre trop long et empesé pour pleinement séduire.

Mais la magie d’Alice in Chains réapparaît sur « Your decision » première superbe ballade acoustique ou la voix du Duvall se marie à merveille avec le toucher de guitare toujours plein de classe de Jerry Cantrell.

Moyennement réussi, « A looking in view » refait tonner la grosse artillerie métallique à travers une atmosphère rampante écrasante de lourdeur.

Alice in Chains sort ensuite « When the sun rose again » une autre divine ballade ou les harmonies vocales très aériennes se montrent d’une beauté hallucinante.

Lent, envoûtant et déchirant à en pleurer, « Acid bubbles » illumine de toute sa grâce la suite de ce disque avec ses couplets planants contre balancés par de surprenants refrains plus durs.

En comparaison, « Lesson learned » franchement quelconque fait plutôt figure de maillon faible de ce disque.

« Take her out » déroule ensuite sa belle mélodie rock soignée et efficace.

Hypnotiques, gracieux et magiques, « Private hell » et « Black give way to blue »  renouent avec les  joyaux de l’ère Staley avec de splendides mélodies de guitares et de grandioses harmonies vocales.

En résumé, si globalement « Black give to blue » est plutôt inégal et n’atteint pas le degré d’émotion et de classe que pouvait générer Alice in Chains dans les années 90, il contient d’excellents passages tout en subtilité et en grâce qui évoquent subrepticement la gloire passée du groupe.

Sans être aussi émouvant et torturé que Staley, William Duvall se montre un excellent chanteur.

Inscrit dans son époque, « Black give to blue » fera passer un très bon moment principalement à cause de ses ballades de grande qualité, pareilles à de purs rayons de soleil crevant timidement un ciel triste chargé de lourds nuages gris.

On saluera donc cet album faisant figure de renaissance pour un groupe maudit et convalescent sortant de plusieurs années d’enfer.


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