Le tigre blanc (Ramin Bahrani)

 



Sorti en 2021 sur Netflix, « Le tigre blanc » est une adaptation du roman à succès d'Aravind Adiga par Ramin Bahrani.

Balram Hawai (Adarsh Gourav) a eu la malchance de naitre à Laxmangarh un village misérable du nord de l'Inde et connait les affres du sous-développement le plus rude : pauvreté, saleté endémique et absence totale de pouvoirs publics, qui aboutit à la mort de son père modeste chauffeur de vélo frappé de plein fouet par la tuberculose.

Malgré de réelles capacités intellectuelles qui lui permettent de se distinguer en lecture à l'école, Balram est contraint de rester pour payer les dettes absurdes aux riches milices qui ont mis le village sous leur coupe.


Désireux néanmoins d'évoluer, il saisit sa chance et parvient à convaincre sa grand-mère matriarche (Kamlesh Gill) de partir pour devenir chauffeur de « La Cigogne » (Mahesh Manjrekar) le maitre du village qui vit dans la grande ville de Dhanbad.

Sur place, son culot paye et il parvient à convaincre cette riche famille de politiciens de lui donner la place de second chauffeur.

Il mène donc une vie de domestique servile, à peine mieux traité qu'un chien mais reçoit la sympathie d'Ashok (Rajkummar Rao) et sa femme Pinky (Priyanka Chopra Jonas), tous deux élevés aux États-Unis et plus réceptifs aux systèmes égalitaires.

Un soir pourtant, tout bascule, Pinky éméchée percute un garçon en pleine nuit et par peur d'un procès, Balram est forcé de signer une déclaration l'obligeant à reconnaître les faits.

Le gentil domestique commence alors à nourrir des projets de révolte, mais sait que dans ce cas, « La Cigogne » fera massacrer toute sa famille au village.

Le départ de Pinky est un électrochoc pour Ashok qui sombre dans la dépression et l'alcool.

Balram commence à s'endurcir, apprend le vice de son métier pour l'arnaquer, faire des fausses factures, revendre de l'essence, conduire d'autres personnes, afin de prospérer.

Une nuit il prend finalement son destin en main et assassine Ashok pour lui dérober l'argent de la corruption.

Il prend alors la fuite et faisant fructifier son capital, devient un chef d'entreprise à succès du Bangalore.

Passé du coté des « patrons » à gros ventre, Balram n'en traite pas moins avec humanité ses employés.

En conclusion, « Le tigre blanc » est une œuvre calquée sur le livre et délivre un message choc permettant de comprendre les rouages internes du fonctionnement de la société indienne, complexe, inégalitaire et d'une brutalité implacable pour l'écrasante majorité des « intouchables » marqués de générations en générations par le sceau de l'infamie.

Par son parcours, Balram qu'on compare à un être d'exception, « tigre blanc », trouve en lui les ressources pour briser les barreaux de la société et s'arrache la misère la plus terrible.

Il s'élève par le crime, non par choix mais parce que c'est la seule possibilité qui lui reste. Mais au lieu de devenir un gangster, il réinvestit son argent pour développer un commerce honnête.

Sur l'écran, « Le tigre blanc » reste un coup de poing en pleine face, montrant le combat d'une certaine partie de la population pour créer une sorte de classe moyenne, aujourd'hui bien peu développée dans le second pays le plus peuplé au monde, super-puissance économique et militaire.


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