La dernière femme (Jean-Paul Enthoven)

 



« La dernière femme » de Jean-Paul Enthoven est un livre hommage à neuf femmes qui l’ont aidé à se construire comme écrivain ou comme homme.

A travers toutes ces femmes se dessinent approximativement le portrait robot de l’idéal féminin de l’auteur fasciné par les femmes libres, indépendantes et généralement issues d’un milieu aisé, intellectuel ou artistique.

Bien sur puisqu’on parle du regard d’un homme sur des femmes, l’aspect séduction tient une place importante, Enthoven étant captivé par le destin de femmes dont la beauté et l’élégance mettaient la plupart des hommes à leur pieds du temps de leur jeunesse avant que ce mystérieux pouvoir ne s’évanouissent au fil des années passées.

Parmi cette galerie de femmes hors du commun on trouve donc un premier portrait de Louise Villmorin, écrivain et poétesse, compagne de Malraux.

Cette femme mondaine insatiable croqueuse d’hommes fréquenta la haute société de la belle époque qu’elle régala de ses bons mots.

Comme beaucoup de femmes belles et egoiste, elle finit sa vie dans une relative solitude.

Colette Peignot poète sous le nome de Laure, eut un destin similaire.

D’un tempérament révolté et de santé fragile, Laure eut une vie instable, de nombreux amants, pratiqua le sado masochisme dans une recherche d’auto aliénation.

Laure inspira quelques personnages féminins de romans de Jean Bernier et de Georges Bataille dont elle fut la compagne.

Nancy Cunard fut un écrivain anglaise antifasciste qui par haine et défi pour sa mère et son milieu de la haute bourgeoise ne fréquenta que des hommes noirs.

Sa vie tumultueuse s’acheva dans les rues de Paris dans une déchéance totale.

Louise Brooks fut une actrice américaine.

D’une grande beauté avec ses cheveux noirs coupés courts et son visage délicat, elle devint une star du cinéma muet dans les années 30.

Enthoven retrace toute sa carrière la comparant aux plus grandes, Marlène Dietrich ou Greta Garbo.

Marie Bonaparte, descendante de la famille de l’empereur, est dépeinte comme une femme frigide recherchant désespérément le plaisir, et ne trouvant de dérivatif que dans sa liaison avec le Docteur Freud et la psychanalyse dont elle devint une éminente spécialiste.

Enthoven décrit ensuite la tumultueuse relation entre Zelda et  Scott Fitzgerald, et l’inspiration que ce dernier en tira pour écrire ses plus belles œuvres.

Françoise Dorléac, actrice étoile filante, sœur de Catherine Deneuve, décédée prématurément en pleine jeunesse a un droit à son hommage de choix tout comme Françoise Sagan, dont le talent, la sensibilité, l’intelligence et la lucidité sont mis en lumière.

Le livre se clôt sur cette mystérieuse dernière femme une mystérieuse italienne prénommé Flaminia rencontrée le jour de l’enterrement d’un ami de fête commun.

Cette dernière rencontre semble la plus ancrée une réalité que l’auteur sait par avance décevante et ne reposer que sur une attraction physique bien fragile.

En conclusion, « La dernière femme » est un livre étrange, dont le principal défaut est de trop souvent se répéter.

L’attirance d’Enthoven pour les intellectuelles de la haute bourgeoisie dont le destin tout tracé déraille par la fautes d’une combinaison de circonstances et de caractères exceptionnels pour finir par sombrer paraît manifeste.

On décèle dans cet ouvrage un fort parfum de mélancolie, l’éternel mélange entre l’Eros et le Thanatos car Enthoven semble réellement hanté par la mémoire de ces femmes qu’il regrette.

L’auteur a semble t il connu la plupart de ses femmes, mais plutôt en spectateur semble t il et pas de manière nécessairement intime, ce qui produit quelque fois un étrange mélange de fantasmes et de réalité.

Ayant des goûts plus simples, je dois avouer ne pas avoir été très sensible à ces portraits de femmes oisives se faisant souvent entretenir par des hommes fortunés pour mener une vie de débauche.

Le style de l’auteur, très ampoulé, souvent en recherche d’une « bonne formule » peut également parfois irriter.

Le seul intérêt de  « La dernière femme » est pour moi celui d’en apprendre davantage sur des destinées de femmes hors du commun des années 30-60, période trop récente pour être abondement étudiée dans les livres d’histoires et trop ancienne pour que beaucoup de gens l’aient vécue.

Une belle phrase emplie de sagesse pour terminer "L’icône murmure : Tu vois c'est le néant qui gagne. Ne t'en soucie plus. Et accepte la supériorité de ce noble ennemi".

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