La Main de Dante (Nick Tosches)

 

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« La Main de Dante » est un roman de l’écrivain américain Nick Tosches connu pour ses biographies et son travail de journaliste dans le monde de la presse rock.

L’histoire tourne autour d’un manuscrit original de la Divine Comédie de Dante, retrouvé par hasard par un prêtre du Vatican.

Rapidement des mafiosi new-yorkais menés par un certain Joe Black décident de le récupérer par tous les moyens afin de le vendre.

Étant parfaitement incompétents dans le domaine historique et littéraire, les mafiosi font appel à un écrivain spécialiste de Dante, Nick Tosches lui même !

Par un artifice amusant, Tosches se trouve donc l’un des héros de son propre roman !

Le récit va donc mener Tosches et la redoutable bande de tueurs new-yorkais de l’Europe aux États-Unis afin de dérober le manuscrit puis de parvenir à l’authentifier en usant de techniques ultra modernes comme la spectrographie ou la datation au carbone 14.

Mais cette trame principale se trouve régulièrement « zappée » par Tosches, qui rend hommage à Dante en reconstituant avec talent, respect et imagination sa vie, de Florence à Venise ou il aurait été initié à la Kabbale par un vieux juif, pour finir par son exil et une vie d’errance dans les îles de la méditerranée à la recherche d’un vieux sage arabe recommandé par le vieux juif kabbaliste.

De manière plus surprenante et décalée, Tosches va jusqu’à introduire ses propres états d’âmes d’écrivain adepte d’un style brutal et sans concession ayant du mal à être reconnu dans le monde trop policé et politiquement correct de l’édition moderne.

Tosches hurle dont sa haine à la face du monde et nous ressort la complainte de l’écrivain maudit...

Il est aussi beaucoup question de religion dans ce livre, et de longs passage sur les révélations de la Kabbale, cette ancienne tradition ésotérique juive basée sur l’étude des nombres, des signes révélant à Dante que la véritable sagesse est dans l’âme, le souffle.

On sent Tosches taraudé par les questions religieuses et rejeter amèrement le religions monothéistes pour regretter l’époque du paganisme.

Le résultat fait donc de « La Main de Dante » un livre touffu, dense, assez lourd à digérer.

Les pages mettant en scène les mafiosi sont écrites dans un style brutal et violent, celles ou l’auteur se livre dans un style également très âpre et revendicatif, tandis que les passages concernant Dante proviennent d’une langue plus mesurée, sophistiquée, truffée d’abondantes métaphores poétiques.

Au final on se retrouve devant une sorte de bouillabaisse littéraire.

Il me paraît fort probable que Tosches ait voulu écrire un livre pour narrer son amour puissant et authentique pour l’œuvre de Dante, considérée comme un chef d’œuvre universel de la littérature, mais qu’il ait cherché ensuite à agrémenter cette œuvre centrale d’une histoire boiteuse de mafieux et de réflexions personnelles complètement en décalage avec le projet original.

Déception donc pour cette œuvre sans nul doute trop ambitieuse.

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